Un tic assez transversal, qui affecte tous nos politiques de droite à gauche et inversement :
Question d’un quidam, la plupart du temps un journaleux : « Et concernant la déclaration de M. X ? » – « Que pensez-vous des propositions de M. Y ? » – « Quel est votre point de vue sur la position de M. Z ? » (messieurs / mesdames X, Y, Z faisant partie des « amis politiques », en d’autres termes ils sont du même bord) …
Réponse : « M. X a été très clair : blahblahblah paraphrase baveuse des termes de M. X … » ; « la position de M. Y est très claire blahblahblah redite sur le même topo… » ; « C’est un point de vue très clair reblahblahblah et je t’en remets une couche … ».
Donc c’est très clair ? (« clair » ne suffit pas, il faut du « très clair », ne mégotons pas) … peut-être, mais pourquoi ce besoin de le dire ? la question serait-elle stupide ? le journaleux est-il débile, aurait-il pu faire l’effort de comprendre par lui-même au lieu de réclamer une paraphrase ? (pauvre pomme, pense le politique, comment peux-tu ne pas comprendre cette lumineuse pensée ?) ; ou serait-ce que la suspicion de non-clarté serait justifiée ?
Clair ou pas, tout le monde s’en fout : il s’agit en général d’une question inutile, prévisible et du style « je te sers la soupe » ; question qui déclenche le fameux « très clair » : un tic verbal. Nos politiques sont des « pros » de la communication, et en connaissent toutes les ficelles usées ; il s’agit de cogiter pendant 2 à 3 secondes, le temps de trouver une formule potable, tout en meublant le vide du discours. On tient là une bonne alternative à « heuuuu », « hmmmm », « ehhh biennn … », « grmgrmblbl … ».
Avouez que « M. X a été très clair », c’est plus classe que « grmgrmblbl … » ; reste à savoir si la paraphrase qui suit est aussi claire que l’original ! Mais alors fallait pas poser la question.