Mon defunt pere avait deux maximes a la bouche, qu’il ressortait assez souvent :
– la premiere consistait a citer Pascal (Blaise, l’inventeur du limacon avec une cedille) a propos du malheur de l’homme ayant son origine dans son incapacite a rester seul et tranquille chez lui.
– la deuxieme recommandait, lorsqu’on voyait tout le monde se ruer dans une direction, de se diriger resolument a l’oppose.
Ces deux recommandations sont sages, et certes bien des voyages pour rien, des week-ends mornes se terminant invariablement par la queue au peage de St Arnoux en Yvelines, des files d’attente pour se faire dedicacer le dernier Nothomb, des desillusions sur le tome 27 d’Haripoteur, helas etrangement semblable aux precedents, des cohues penibles sur les planches de Deauville, des emeutes pour tenter d’apercevoir un bout de l’oreille du dernier pipeule qui se re-re-marie seraient evites, pour le plus grand benefice de la planete et des gaz a effet de serre.
Mais ces deux preceptes sont helas contradictoires, et de suivre l’un contraint a violer l’autre. Soit, voyant les hordes hurlantes se ruer sur les vitrines le premier jour des soldes, je decide de rester tranquille chez moi, soit je pars acheter resolument des articles dans un magasin qui ne solde rien, ainsi assure de ne pas me faire pietiner. Angoissante incertitude, d’autant plus que se profile, derriere le raz-de-maree Haripoteur, la deferlante du dernier « iMachin » de chez Apple, dont tout le monde va croire indispensable l’achat hic et nunc, dusse-t-on se faire laminer et tailler en pieces.