Passage en force

Réforme des régimes « spéciaux » de retraite : aïe aïe aïe mister Juppé s’y est cassé la gueule. Mais douze ans ont passé depuis, et je vais vous dire (vous écrire, soyons précis) une bonne chose : on en a ras la casquette des régimes spéciaux, car ils sont spécialement injustes et pour tout dire dégueulasses, n’ayons pas peur des mots.

Que des gus se prélassent dès 55 balais après une vie professionnelle somme toute pas plus fatigante que les voisins, voire plus peinarde (la sécurité de l’emploi, ça compte pas mal aussi) alors que les autres triment encore 10 ans, et que ces autres financent ces faveurs « spéciales », c’est pas supportable dans un pays qui parle d’ Egalité.

Que monsieur Chérèque, grand manitou de la CFDT, prévienne que ça va saigner en cas de passage en force, c’est symptomatique : il veut bien que ça passe (il est somme toute moins braque que monsieur CGT), mais attention, dit-il, allez-y mollo, en douceur.

C’est vrai : on touche là le noeud, la corde sensible, le tréfonds du pouvoir syndical : les fonctionnaires et leurs régimes spéciaux. Allez ouvrez les fenêtres, ça sent le moisi, les vieux fromages là-dedans. De la clarté, et enfin, si possible, un peu d’égalité entre Français. Amen.

Guy Moquet et les Pumas

La tête couverte de cendres, je m’adresse à ce journal plein d’affliction : la France a perdu contre l’Argentine 9-17 ! Bouuuuhhhhh je pleure. C’est deuil national aujourd’hui…

Mais quand vous aurez lu ceci, vous comprendrez qu’il y a quelque chose de carrément fada dans la façon dont nos glorieux rugbymen abordent leurs matches. Hier avant le coup d’envoi on leur a lu la lettre de Guy Moquet !! rien que ça. Ambiance… « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir ! Ce que je vous demande, toi, en particulier ma petite maman, c’est d’être courageuse. Je le suis et je veux l’être autant que ceux qui sont passés avant moi. Certes, j’aurais voulu vivre. Mais … » et donc ils sont morts !! logique. Ils sont tombés sous les ballons des Pumas.

Il me souvient par ailleurs avoir vu à la télé un reportage dans les vestiaires de l’équipe de France de rugby : M. Laporte y haranguait ses ouailles pour les mettre en condition avant un match « des 6 nations ». Ce n’était pas du Guy Moquet, c’était des appels à la haine, et je ne blague pas ! Certes c’était en l’occurence une équipe Britannique qui devait se faire mettre en pâté, mais cela n’excuse pas cette harangue haineuse et xénophobe .
De tout ceci, retenons deux choses :

1) C’est du sport, c’est-à-dire un jeu ; le jeu c’est supposé être agréable et joyeux. Ces « jeux » tristes façon Guy Moquet, ou haineux façon « tuez les tous » ce n’est pas du jeu, c’est la guerre, et il n’y a rien de plus con que la guerre, Prévert est d’accord avec moi. Ce n’est pas  » la France qui a perdu contre … » c’est  » l’équipe de France de rugby qui a perdu contre… » : nuance.

2) que le meilleur gagne, qu’on voie du beau jeu, quelles que soient les équipes, et si je peux me permettre une suggestion : pour la mise en condition dans les vestiaires, passez-leur quelques tubes de Trénet, du genre « Y a d’la joie » : c’est meilleur pour le moral.

Pub'algie

Des fois que la pub’ vous paraîtrait envahissante – impression fausse, sûrement, on n’en a pas encore dans les cages d’escalier et sur les poubelles d’immeubles, mais ça viendra, ça viendra – vous allez pouvoir en bouffer encore plus si vous utilisez les transports ferroviaires : gros marché en vue pour Decaux, ClearChannel, etc. Donc dans les gares (bof, c’est déjà le cas), mais aussi sur les voies, vous allez voir défiler des panneaux-pu des panneaux-bli des panneaux-publi des panneaux publicitaires, jusqu’à la nausée, j’espère. Laissez-vous bercer par le Corail Theoz ou le TER du coin, jetez un regard rêveur par la fenêtre du compartiment, et voyez comme c’est beau, « casse les prix », « y a bon », « allez tous chez… ».

Il y avait ça dans le métro de ma jeunesse (les rames vertes, beige pour la Première), les poinçonneurs, les portillons automatiques) : dans l’obscurité des boyaux défilaient les célèbres « Dubo Dubon Dubonnet », faiblement éclairés par le passage des rames grinçantes. Mais c’était un rythme, un jeu, une attente, et je n’ai pas dû boire plus de deux Dubonnet dans ma vie.
Problème : la vitesse empêchant de lire correctement les textes normalement libellés, il va falloir étirer les lettres, et ce d’autant plus que le train ira vite : là où un panneau immobile ne vous bouffe que 4 mètres de large de votre vue sur la vallée de l’Epte, il faut au moins 12 mètres de large pour les panneaux au droit de portions à grande vitesse ! Adios la vue sur la vallée de l’Epte. Ou bien alors, comme pour les parachutes, il faudra faire des trous-trous dans les panneaux pour vous permettre de voir ce qu’il y a derrière. Vue pointillée, voire pointilliste sur la vallée de l’Epte, merci la SNCF.

Restera à attribuer les espaces non envahis par la pub’ à des annonceurs, pour que vous sachiez à qui vous devez ce moment de tranquillité sans pub’ ! « Ce moment de non-pub’ vous est offert par Schmurz, le leader européen du matelas isopotentiel à nappe de détente alvéolée ». Merci, Schmurz !

Jumeaux rétro

La Pologne – en l’espèce, les deux jumeaux qui trustent les postes de premier plan là-bas – regrette vivement le bon temps où la peine de mort était encore en vigueur en Europe… ce temps béni où Casque d’Or pouvait, à l’aube, voir « raccourcir » son Manda. Frissons d’excitation salace dans la foule.
Et ces deux vieux cathos rondouillards ont d’autres convictions bien rétro ; bien entendu ils se cramponnent à l’interdiction de l’avortement thérapeutique, pas près d’être voté en Pologne. Mais quelle incohérence ! la mort d’un côté, la vie quelle qu’elle soit de l’autre ? Comprenne qui pourra.

Je persiste pour ma part à penser que mettre à mort un homme (une femme, chabadabada) « statutairement », « légalement » est une barbarie. L’Europe est au clair là-dessus ; d’autres démocraties tout aussi modernes (Japon, USA…) ont encore du pain sur la planche !

Virgule nonante-neuf

Je lis ce matin sur le Fig’net un entrefilet concernant les baisses de prix des « Iphones » de chez LaPomme : premio, les gogos qui se sont précipités pour acheter le bidule en question sont cocus, il eût suffi d’attendre un peu (ce qui confirme ce que mon père disait : quand tu vois tout le monde se précipiter à droite, file à gauche). Bref ils en sont de 200 dollars, et tout ça pour avoir un autre mobile qui fait le même taf que les copains.
Mais, deuxio, et c’est là le propos de ce billet : vous constaterez que tous les prix de chez LaPomme sont des multiples de cent moins un. Par exemple 299, 399, 499, 599… voilà des gens qui sont moins avisés que nos épiciers, nos vendeurs d’électroménager, meubles, quincaillerie… ils nous auraient proposé des 299,99 ou des 499,99 – ce qui, notons-le bien, nous aurait privés de 0,99 unités monétaires. Pas cher, LaPomme !!
Il n’est un secret pour personne que ces prix en 99999 sont dûs à la vieille recette éculée qui veut faire croire qu’on paye, par exemple, « quatre-cents et quelque » quand le prix s’affiche à 499, alors qu’on va payer cinq-cents moins un pouyème ; juste de quoi acheter une bricole à 0,99, ensuite de quoi il nous restera 0,01, juste de quoi shooter dedans sauf que la pièce est trop petite.

C’est dire le mépris dans lequel les experts de la vente tiennent les acheteurs. C’est aussi constater que les prix ne sont que de très loin liés aux coûts réels : la seule vraie question qui hante les marketeux, c’est « combien sont-ils prêts à payer (sous-entendu : ces cons-là?« 

Histoires de bouffe

On est de nouveau « sur » Paris, et pour un bout de temps.

Pourquoi « sur » ?? « à » est incontestablement plus approprié. mais ça se dit, c’est bien, ça le fait, « sur »…

Hier soir donc, resto dans une rue passante, circulante, flânante du quartier Montparnasse, restos, théatres et sex-shops – il n’existe pas de dénomination française (boutiques de cul ? eros-boutiques ? fesse-boutiques ?) pour ces commerces –> donc c’est un concept purement anglo-américain, pas de notre cul-ture !!!

Patron calin, aux petits soins, blagueur, complice… on n’était pas plus de 6 ou 7 clients. Plus tard, plein de monde, jusqu’à des 22 heures et plus, service interminable, plats à peine chauds, communs, indifférenciés, de la ragougnasse de porc ou de chevreau avec du riz et des fayots sans aucun intérêt : de la bouffe.

Entretemps, déménagement pour une table à l’abri des clopeurs, car les clopeurs sont entrés en action, et la belle salle est pour eux ; les non-fumeurs ont droit à l’arrière-salle.

On n’a pris qu’un apéro et quelques amuse-gueules, un plat, un pichet d’un demi-litre de Chinon pour quatre, pas de cafés, pas de dessert : 27 euros par tête de pipe. On a mangé très médiocrement, et dans des conditions très ordinaires, voire désagréables.

Bref, je vous pose la question : d’accord on est à Paris, petites femmes, le fameux métro, les grands magasins, la Tour Eiffel.. mais est-ce une raison pour se faire escroquer comme ça, et en plus trouver ça chouette ?

PS : Dans l’addition figurait 1 litre d’eau minérale en provenance de la région de St Etienne, de marque fort connue : 7 euros, alors que mon super-marché voisin me fait le litre et-quart ou et-demi à 2 euros maxi. Un euro soixante-quinze le « demi » d’eau minérale. Elle doit être livrée par Chronopost, ma parole.

Rectificatif

Il appert (voir le Monde) que l’histoire du sénateur américain pris dans une affaire de fesse « gay » – voir mon billet du 30 août « Sénateurs donc asexués » a une dimension que je ne soupçonnais pas : ce sénateur était un des plus actifs anti-homos de la bande, à l’initiative de lois z’homophobes…

Il a donc démissionné, et c’est bien fait, et je rectifie là mon propos : ces salopards qui font du prêchi-prêcha d’un côté, mais font pour eux-mêmes tout l’inverse de ce qu’ils professent ne méritent que le mépris. Un homme poltique doit au minimum montrer un peu de cohérence.
Exemple courant chez nous, dans un registre moins grave mais assez faux-cul aussi : ceux qui font mettre des radars partout, « pas de passe-droits », répression des « assassins de la route »… et qui disent à leur chauffeur de foncer : c’et du kif. Que du mépris.