On nous apprend dans les Pages Pinard du Figaro que le Champagne, victime de son succès, cherche urgemment de nouvelles zones pour y étendre l’appellation. Il est vrai que même les Indiens nous en achètent, on en a vendu 330 millions de cols l’an dernier, la demande est forte… petit calcul, 330.000.000 / 35.000 = 9.428 ; une bouteille faisant au moins 3/4 de litre (eh, les magnums, hein !), ça donne au moins 7.070 litres, soit 70 hectolitres à l’hectare.
Bon, on sait, ce qui se vend ne correspond pas pile-poil à ce qui se produit, il y a les stocks, la rotation, le séjour en cave, les assemblages… mais pas de miracle, si le flux est régulier, ça fait 70 hectoltres / Ha : beaucoup, quand on sait que les AOC sérieuses se limitent autour des 50 Hl/Ha, voire moins. Et puis, soyons sérieux, les Champagnes de l’Aisne, de l’Aube, ce n’est plus la Champagne, même si les méthodes de vinification sont bien codifiées et homogènes.
Bon, soit, mais c’est pas tout ça : le terrain à blé qui va devenir du terrain à Champagne, ça fait 350 fois plus cher le mètre carré : pas mal, non ? ça mérite de réfléchir. Moi je propose d’étendre l’appellation au Bassin Parisien, d’ailleurs on est tout près, en TGV-Est, maintenant. On fera du Champagne à Montmartre, ce sera du dernier chic.
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Plus sérieusement, si les Crémants de Loire, Bourgogne, Alsace, Clairette de Die, Blanquette de Limoux… faisaient un effort rigoureux sur la qualité, mais aussi sur la communication, sur la commercialisation, on aurait peut-être envie de péter un col de Mousseux bien fait au lieu d’un Champagne improbable produit aux confins de la Lorraine ou de Pontaut-Combault ?
le fait est qu’un bon crémant vaut largement un petit champagne