La rencontre est fréquente, de ces gosses (des bébés, mais aussi des gamins/gamines de 2,3,4 ans), la bouche bouchée par une tétine. Ces tétines, vous savez, de couleurs acidulées, pourvues d’un anneau pour qu’on puisse, en tirant fermement sur ledit anneau, déboucher le cher petit – par exemple pour le faire manger… Il est vrai qu’ainsi on se procure des instants de quiétude, le bambino ne peut pas vocaliser, s’exprimer, beugler, pleurer, pleurnicher, réclamer un bonbon, une suçette, il l’a déjà ! C’est infect du point de vue éducatif, c’est « suce et fous-moi la paix ! ».
Je lis dans le Monde de ce jour qu’on consomme 600.000 tonnes de gomme à mâcher par an : je comprends mieux ainsi ces trottoirs, ces halls de gares, d’aéroports, ces sols d’espaces publics constellés de « pastilles » blanchâtres et bien collées. Evidemment, il manque dans le mode d’emploi de ces tablettes à machouiller un avertissement concernant l’élimination des déchets : de même que le cow-boy Barlromo vous avertit que « Fumer tue« , les fabricants de gomme à mâcher devraient apposer sur leurs paquets de gros messages du style « la pâte à mâcher colle 5 ans« , ou je ne sais quel slogan percutant et persuasif, pour que les machouilleurs et ruminants pensent à balancer leurs déjections buccales à la poubelle plutôt que dans la rue.
Encore la gomme à mâcher est-elle une tétine bien insuffisante pour certains. Il y en a qui fument en machouillant, j’en ai vus, et même des qui se collent des écouteurs dans les oreilles, un clope au bec, et une gomme à mâcher entre les dents pour faire bonne mesure. Bien occupés, quoi, bien pleins : prière de ne pas déranger.