Un article du dimanche d’un de ces journaux lisibles sur la Toile : « Slow food à Seoul« . On y apprend que « C’est au hasard des échoppes, qui apparaissent et disparaissent sur les trottoirs, qu’on découvre les délices de la street-food coréenne ». Bon, je comprends, certes, la bouffe lente (*) ce n’est pas vendeur, pas mode – on dit tendance, je sais, mais mode me plaît, ça me fait irrésistiblement saliver, je pense au boeuf du même métal – et en Rosbif c’est évidemment bien mieux : « Slô’oufoude », ça le fait, ça dénote tout de suite quelqu’un de bien plus averti que bouffe lente, ou bouffe douce, ou bouffe peinarde, ou repas paisible, ou… on a du choix pourtant. Personnellement, s’il faut absolument trouver un substantif pour désigner le fait de manger sans se presser, en savourant, je vote pour la « pépère bouffe« .
Qui plus est, « ils » ont créé tout un ensemble de mots tous plus franglais les uns que les autres pour parler de la bouffe, notre pays étant nul à table, comparé aux Anglo-saxons, les rois du blanc-mange, du hamburger et du pudding à la graisse de boeuf : le « fooding », les frères ennemis « slow food » et « fast food« , le terrible et angoissant « World food« , et comme vous avez pu le lire, la « street food », qui est incomparablement plus goûteuse que les restos de rue.
Vous noterez que la bouffe à vitesse normale – qui comprend les sous-catégories petite bouffe et grande bouffe – n’est pas traduite, elle peut rester française et n’intéresse pas les journalistes chics et frangli-chiants. Personnellement, ringard de chez Ringard, je ne ralentis ni n’accélère, je m’entête à manger à vitesse normale, je ne vois pas pourquoi je me presserais ou laisserais refroidir.
Ah, si ce pauvre Marco Ferreri avait sorti un film intitulé « The big food » avec George Clounet, Brade Pitte, Tomme Crouze, là oui, on ne dit pas, mais « La grande bouffe« , c’est nul !
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(*)la lente bouffe ? eh oui certes, il faut bien qu’elle bouffe, vite ou pas, la lente, pour devenir pou.