Une brève du Monde intitulée « Le poisson, c’est du luxe » nous alerte sur ce problème simple de la consommation quotidienne des Français : soit s’en tenir au maquereau, au hareng, à la plie, au tacaud, à la rigueur au merlan (mais c’est déjà cher !) soit aller voir le rayon « viande hachée » du Super-Molloprix voisin, ayant constaté que pour le reste c’est déraisonnable : les soles à 30-35 euros, le thon itou, le cabillaud à la coupe à 22-24 (28 au marché de Neuilly, ne nous gênons pas, ils sont riches) et je passe sous silence les St Jacques, la lotte, le St Pierre, c’est du caviar !!
Ceci pour illustrer trois constats concernant nos soucis d’approvisionnement, dûs essentiellement aux prix, pas à la rareté :
– Le prix est calculé en fonction de ce que vous êtes prêts à payer, pas selon une saine équation {prix de revient + marge = prix de vente} : la sole est plus chère à Neuilly qu’à Paris-Bd Blanqui, parce qu’à Neuilly on est plus riche. Et Paris Bd Blanqui, c’est plus cher qu’à Poitiers, parce que les Parisiens sont plus riches. Le prix de revient là-dedans ? aucun rapport. Conclusion, allez acheter votre poisson chez les pauvres !
– deuxième casserole que traîne notre distribution : l’opacité. Essayez de savoir les prix de vente en gros de la bouffe : pas moyen. Exemple, sur le site web de la criée de Roscoff, tout beau tout neuf, il vous faut un compte et un mot de passe pour entrer voir… Les mercuriales du marché de la viande sont un poil plus transparentes, d’accord. Mais la règle, c’est Motus !
– troisième boulet aux pieds : c’est opaque parce qu’on n’a pas besoin de savoir que le Kg de sole rendu sur le camion du mareyeur de Fécamp, Boulogne, Concarneau… s’est négocié à 7-8 euros, et que pour deux-trois intermédiaires maxi (le mareyeur de Rungis ou du MIN de Nantes, et votre détaillant) qui ont trimballé, stocké puis mis en scène le produit, ça devient 30 euros. Messieurs les intermédiaires se sucrent de manière indécente, les détaillants ne s’oublient évidemment pas – c’est humain, pas vrai – mais le gus qui est allé pêcher le poisson – le seul qui a vraiment pris des risques – et le dernier acheteur se font aligner.
En résumé : si vous voulez manger de la sole pas chère, allez la pêcher vous-même, ou trouvez un pêcheur qui revient avec ses casiers et peut vous en fourguer au noir « au cul du bateau » : simple, non ?
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PS – Le petit gastronome illustré : la sole et la lolotte, la raie, d’accord y a pas d’arêtes, mais ça ne vaudra jamais un rouget bien frais, le roi des pois’cailles (pub’ gratuite). Et les meilleurs poissons pour la santé, ce sont les poissons gras ! donc sardines, maquereaux, harengs, anchois, ad libitum, et ils ne sont jamais issus d’élevage (c’est pas rentable… tant mieux !), et ce sont les moins chers, ça tombe bien. Le saumon, bof, goûtez une fois à du « sauvage », vous apprécierez la différence.
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