Un superbe article du « Monde » de chez nous, façon « Une tranche de vie » bien saignante, nous raconte les soucis de fric au quotidien, d’une famille « médiane » qui engrange autour de 3.100 euros par mois.
Madame a un boulot d’appoint, et c’est Monsieur qui assure la matérielle, comme on dit. Je cite : « Car Bénédicte B. considère que le premier emploi du ménage, celui du « bread-winner« , comme disent les sociologues, est celui de son mari. »
Comme disent les sociologues ? sociologues qui parlent un Anglais de m… ! Bread-winner, c’est l'(heureux) gagnant du pain à la loterie. Le vainqueur du pain, en somme. Gagner son pain, c’est « earn one’s daily bread« . « Bread-earner« , à la rigueur… mais les Rosbifs ne mangent pratiquement pas de pain.
De toutes façons, je ne vois pas pourquoi les sociologues français ont besoin de jargonner aussi lamentablement en Rosbif, à propos de boulot principal et de boulot d’appoint. Par ailleurs ces sociologues sont fort mal renseignés, la part de l’alimentation dans le budget des ménages étant en moyenne de l’ordre de 14 % ! S’agissant des postes budgétaires principaux des ménages, le logement vient largement avant le pain.
Bref : des mots creux et mal-t-à propos. La distinguée bread-winneuse qui a commis cet article a sans doute voulu faire chicos ?
Sociologues… bread winner… n’importe quoi !
bread-winner : the member of a household who earns all or most of the income dixit wikipedia
traduction : soutien de famille (collins)
vieux mot 1771 dixit webster
moi je ne connais pas l’anglais (je ne suis qu’une employée de bureau) mais je vérifie
un certain Frank Parsons a fondé le breadwinner’s institute et la sociologie du travail parle assez couramment des bread winner. de nos jours c’est plutot pour dire que les breadwinners ne sont pas tous « male « mais « female « aussi
Et mon dico à moi, le Larousse épais et circonstancié, que j’avais consulté, traduit « breadwinner = soutien de famille », c’est à dire le substitut du père si celui-ci est défaillant.
On n’est pas dans ce cas de figure.
Ceci dit (Bel Abbès), j’aurais dû aller voir le web également. Dont acte, et les sociologues anglophones (on n’est pas non plus dans ce cas de figure) voudront bien corriger d’eux-mêmes mes propos mal pesés. Quant aux journalistes francophones, s’ils se cassaient un peu le baigneur à trouver des expressions de par chez nous, on apprécierait.
Allez, les créatifs francophones : le « gagne-pain en chef » ? on est dans la même miche, là.