La Commission Européenne à Bruxelles, une fois, ayant pour nos grands amis étasuniens les yeux de Chimène pour Rodrigue, ou de Réaumur pour Sébastopol, et désirant tellement leur faire plaisir, veut rouvrir un vieux robinet rouillé depuis 1997.
Il s’agit d’autoriser à nouveau l’importation des délicieux poulets de batterie produits là-bas de l’autre côté de l’Atlantique Nord et « lavés » préventivement à l’aide d’une solution bactéricide. Là-bas, on juge plus simple de tuer les microbes sur les carcasses, une fois les poulets abattus, que de se casser la tête à les élever sainement. Donc, on désinfecte la viande morte à l’aide d’un appétissant mélange, je cite : dioxide de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique, acides peroxydés. Miam !!
Bien évidemment, le protocole de consommation de ces délicieux poulets stipulera qu’il faut abondamment les rincer avant de les apprêter. C’est bien normal. Et bien évidemment les étiquettes seront on ne peut plus claires : « ACHTUNG !! ACHTUNG !! U.S. FOOD ( CHICKEN) MUST BE WASHED PREVIOUSLY – DO NOT SWALLOW etc… ta zoa trekei e pluribus unum bzzz bzzzzz Service consommateurs – BP 69696 Nanterre Cedex – Tél. 08.nn.pp.xx.zz – 0,32 ct d’euro la minute ».
Tous les sachants sachant sacher, anglophones aguerris, chimistes chevronnés, pourront ainsi constater de visu qu’il s’agit de daube, quand les poulets ainsi identifiés se pavaneront sur les étals des volaillers, sur les gondoles des grandes surfaces… donc pas de soucis, pas vrai, sauf que, sauf que…
Sauf que dans les marmites et les faitouts de nos cantoches, restaurants d’entreprises, les barquettes plastoc des néfastes-foudes, sur les demi-baguettes des sandwicheries, grands distributeurs de chicken wings, poulet-mayo, chicken Brest, neuguettses, Quentuqui Fraïd Poulet, et bien entendu sur toutes les tables des restos peu éthiques, qui n’ont strictement rien à cirer de la qualité de leurs produits, pourvu que ce soit bon marché… rien ne nous indiquera l’origine de ces poulets.
Il est question d’une autorisation « expérimentale » de 2 ans. Je suggère que les cuistots de la Commission, à Bruxelles, deux fois, soient astreints durant cette période probatoire à servir systématiquement cette ragougnasse aux fonctionnaires européens, initiateurs de cette ouverture au yankee chloré poulet. Bon appétit, messieurs !
L’association de consommateurs CLCV a mis en place un sondage « Pour ou contre le poulet chloré » sur le site http://www.lepointsurlatable.fr
Vous pouvez y exprimer votre opinion de consommateur responsable.