Le Monde, mal renseigné par l’institut de sondages Monster (tout un programme, l’institut Monster…) se trompe complètement, se fourre le doigt dans l’oeil jusqu’à l’omoplate : il prétend que le stress du lundi empêche plus de 50 % des salariés de bien dormir la nuit précédente.
Je m’inscris en faux contre cette assertion ; objection, votre Honneur ; c’est rien que des conneries. Pour l’avoir vécu moult fois, je puis affirmer que ce qui tue la nuit du dimanche au lundi, ce n’est fichtre pas le stress du lundi ; non ! c’est le blues du dimanche.
Du dimanche soir, soyons précis. Quand en automne on est de retour de balade, que le soir et la fraîche tombent déjà ; quand en été on rentre la table de jardin, et qu’on s’attarde les yeux au ciel sur le vol zigzaguant et les piaillements des martinets, bientôt relayés par la danse erratique des chauve-souris ; quand en janvier on a passé la journée du dimanche à contempler le rideau de pluie brouillé par les rafales de vent, et que c’est déjà l’heure vespérale, une journée de foutue… on prend le blues, on se sent mauvais, lourd, abandonné, poète.
Le lendemain ? lendemain laborieux et pesant, rituelles réunions du lundi, pause-café « qu’es’ t’as fait hier ? », soleil radieux – chacun a pu constater qu’il fait toujours beau le lundi qui suit un dimanche pluvieux, rien que pour emmerder le salarié… mais le lendemain n’explique pas le bleu, le spleen, le blues, le cafard du dimanche soir.
Non, si plus d’un salarié sur deux dort mal le dimanche soir, c’est la faute au blues du soir qui passe mal, pas du lendemain qui s’annonce. Où suis-je ? où vais-je, où cours-je ? A quoi sers-je, Serge ?
Mais…
Le lendemain , elle était souriante,
A sa fenêtre, chacun pouvait la voir
Qui arrosait ses p’tites plantes grimpantes
Avec de l’eau de son arro-sesoir.