Nous fûmes (non je ne fume pas, nous fûmes) un temps en Suède, dont le Sud ressemble, climatiquement et paysagiquement à la Bretagne Nord : le matin il fait beau jusqu’à 9h30, après c’est le n’importe quoi, et notamment le vent et la pluie. Et le froid, par la même occasion.
Mais là n’est pas mon propos ; je traite là de cinéma. Ayant quelque peu écumé les villes moyennes du sud de la Suède, nous avons constaté que les cinémas passent en ce moment deux films ; pas trois, deux :
– Sex and the city (en français, « Sex and the city »)
– The incredible Hulk (en français, « l’incroyable Hulk »)
Et rien d’autre. On peut crever la gueule ouverte, l’usine Hollywood, le rouleau-compresseur amerloc, l’égalisateur culturel est en route et nous écrabouillera tous.
Un article du Monde de ce soir jette un regard effrayé sur la chose : les petits cinoches qui programment des trucs intelligents, pas toujours réussis, rarement populaires, mais en tous cas pas sortis du moule Hollywoodien, et souvent chouettes, les petits cinoches vont tous crever, parce que la télé et les DVD d’une part, les cinés façon « Sex and the City » vont aplatir tout ça.
J’ai vu dernièrement « Lemon tree » – « Les citronniers », beau film israélo-palestinien au ciné Art Et Essai de chez moi ; on était bien 12 dans la salle. Eh bien les Suédois de Scanie n’y auront pas droit; tout simplement parce qu’en matière de cinoche c’est menu unique, et qu’ils vont bouffer leur dose obligatoire de Sex and the City.
Au secours donc, les borborygmes de mon titre ne traduisent ici que ma détresse : planquons urgemment nos Visconti, nos Godard, nos Hawks, nos Renoir derrière nos piles de maillots de corps dans nos armoires, et regardons-les en cachette, au nez et à la barbe de nos grands égalisateurs culturels. Farenheit 451 n’est pas si loin ; ça ne traitait que de livres, mais qui lit désormais ? De nos jours c’est Farenheit 451 sur les films, avec une pincée du Meilleur des Mondes, un zeste de lénifiant et une grosse rasade de Pensée Unique.