Le solstice approche, solstice d’été bien entendu. Et chaque année qui m’est donnée me restitue cette fringale de lumière tôt-matinale, de jour-se-lève frais, de silence lumineux, après l’aubade des oiseaux invitant, justement, l’aube à paraître sans plus tarder.
Il est vrai que depuis de nombreuses années, et pour d’obscures raisons d’économie d’énergies, les petits matins – rosée dans l’herbe et brume sur les prés – ne se découvrent au regard que sur le coup de six heures. Matinal du matin, je souffre de cette heure qui m’est volée, qui condamne mes premiers moments quotidiens à l’obscurité – mais que dire de la masse de mes congénères, englués sous la couette, aveugles à ces moments magiques, abonnés au lever le plus tard possible ? La vie est brève, pourtant, et le sommeil n’est pas la vie.
Et approche ce solstice, que des amuseurs publics ont maquillé en foire de la musique… je leur laisse le soir, sûr qu’ils me laisseront l’aurore. Connaissent-ils comme moi, tous ces tardifs, cet annuel pince-coeur qui me vient aux deux-tiers de Juin, conscient que désormais et de nouveau l’ombre gagne chaque jour un peu sur la lumière ; trop tôt, bien trop tôt, on n’aura pas eu le temps de savourer le silence, la paix et la lumière du matin.