Il te souvient certainement, lecteur navré de mon silence, que Nanni Moretti avait commis en son temps un opus filmique délicieux, à mettre sans hésiter sur les rayons de sa filmothèque perso : « Caro diario » – cher journal…
Me retrouvant devant ma page blanche – l’écrivant, elle ne l’est plus, paradoxe bien connu (*) -, je ne résiste pas au calembour du « carreau diario », tant la faïence 20×25, la terre cuite hexagonale, le listel portugais m’habitent.
Ce ne sont pourtant pas les céramiques qui me réduisent au silence bloguin, me baillonnent, tuent ma plume… mais la localisation du lieu d’où je cause, le Milieu de Nullepart, ravitaillé par les corbacks, loin, très loin de la Toile. Et comment communiquer, hein ? par signaux de fumette ? car les céramiques, ça se maîtrise, mais oui, pas si dur… mais un lien vers la Toile, alors là, on peut crever. Et personne pour me tendre la main (**).
Tiens, les mobiles aussi : en montant sur l’appui de la fenêtre de la chambre Ouest, au premier étage, par temps clair, on arrive à capter 2/5 de signal Orange, on parvient – dangereusement – à téléphoner ; quant à Bouygues et SFR, alors là, je ne sais pas, il faudrait avoir 3 abonnements, un pour chaque trou de réseau cellulaire.
Mais z’à part ça, tout va bien. Le pétrole est moins cher, paraît-il. Le baril, s’entend. A la pompe, alors là… déjà que c’est compté en millièmes d’euro, on va bien nous ristourner 3 millièmes d’ici la prochaine hausse. Radieuse perspective. J’en salive d’avance.
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(*) Thème classique de pont-aux-ânes philosophique : dans les documents officiels, au haut des pages presque blanches : « cette page est volontairement blanche ». Vous mettrez en évidence le caractère contradictoire de cette assertion.
(**) C’est Rimbaldien ! ma parole, on dirait du Rimbaud. tenez, je cite : » Moi ! moi qui me suis dit mage ou ange, dispensé de toute morale, je suis rendu au sol, avec un devoir à chercher et la réalité à étreindre ! » : Je suis rendu au sol… c’est fort, non ? sols de terre cuite…