Les journaux du petit jour bavent – trop – sur les sabotages dont sont victimes la SNCF et ses trains, et nous avec par la même occasion, passagers otages d’épaves métalliques sans jus, abandonnées au long de voies inertes… les locos vapeur de mon enfance n’avaient pas ces langueurs ; crachotant et vomissant leurs escarbilles, elles traçaient leur sillage, en dépit de toute absence de caténaire.
Ils bavent trop, ces canards, donnant finement la recette pour emmerder le voyageur et son transporteur : être toute une équipe disséminée sur le territoire, connaître les horaires de coupure de courant sur les caténaires la nuit, connaître idem les horaires de passage des trains « ouvreurs », savoir comment bousiller un pantographe à 7 m. de haut, toucher sa bille en matière de soudure de fer à béton, bref tout sauf le petit bidouilleur du dimanche.
Et ce qui me scie, cher lecteur, c’est, non pas de découvrir qu’il existe des saboteurs – AZF en son temps, mais d’autres aussi, et les malfaisants ne manquent pas – mais de constater l’étalage d’informations qui devraient être gardées jalousement, aux fins d’enquête… alors qu’on nous expose gracieusement les armes du crime, et en technicolor.
De constater aussi que les lecteurs donnent, à travers leurs réactions aux articles, un festival de n’importe quoi : ce sont les syndicats (SUD-Rail et la CGT avec un coupe-caténaire entre les dents) ; c’est la Gauche qui veut déstabiliser Sarko ; avec toutes ces grèves (certes !) ce n’est pas étonnant ; ce sont tous des fainéants ; c’est un montage pour cacher le mauvais état du réseau, etc. C’est un feu d’artifice d’âneries.
Voilà, à travers ces évènements, un éclairage intéressant sur l’image de notre SNCF dans le pays : pas jolie jolie, c’est clair, et terriblement polémique ; c’est un sujet qui ne laisse pas indifférent.
Mais une question s’impose : pourquoi ces attaques concertées, en règle, sur les trains ? oui, quel est le mobile ? on ne nous parle pas de demande de rançon… alors ? simplement faire ch… les voyageurs ? c’est très réussi, mais certains syndicats y arrivent assez bien, et le plus légalement du monde.