Le Monde en sa livraison du soir me sussure que « Les Français vont moins au restaurant ». Et si je me réfère à ma propre pratique, c’est vrai de vrai. Je ne vais au restaurant qu’à titre utilitaire, quasiment jamais pour le plaisir. Donc si je suis en déplacement et que j’ai faim, ou si mon frigo est vide de chez Vide et qu’il est trop tard, et puis c’est tout. Et je cherche un truc à 10-12 balles (en euros, les balles, depuis 2002), un plat et un verre de bière, quelque chose comme ça… me disant que je mangerai mieux la prochaine fois. Et c’est exact, je mange mieux la fois suivante.
Pourquoi cette évolution funeste ? parce que le resto c’est incertain, cher, on n’en a pas souvent pour son argent, c’est rarement diététique – passer un aprèm’ à faire descendre le tartare de saumon aux frites, c’est ennuyeux – et c’est de plus en plus de la bouffe d’assemblage vite bâclée, la garniture passe-partout, sortie d’un gros sac surgelé, qui accompagne le pavé au poivre aussi bien – aussi mal – que les calamars à la romaine. Avec de la sauce de chez Metro, en pots de 5 litres… un tour de micro-ondes, et allez, on enlève !! Tout ça donne des plats médiocres, quelconques, voire mauvais, et servis à l’assiette, pour finir de vous déprimer, des fois que vous auriez l’idée saugrenue d’en reprendre.
Bref, pour résumer, pourquoi aller ailleurs si j’ai ce qu’il faut pour me faire à bouffer ? moi aussi je sais griller un faux-filet et y balancer une giclée de sauce poivre industrielle, ouvrir un sachet de petits pois surgelés que je réchauffe avec une noix de beurre.
Quant aux boissons, à part la carafe d’eau gratoche du robinet – merci le législateur – elles finissent de vous saler la note : la culbute par fois 3 et plus, le muscadet de 4 euros à 14-15, tout ça pour avoir rafraîchi et débouché la bouteille ! D’ailleurs le pinard, « pour votre sécurité », on en boit de moins en moins, un verre, voire deux, et basta, sinon la maréchaussée, les points du permis, les prunes méchantes…
C’est pas gai, hein ? c’est pas gai. Et les restaurateurs non plus.