Libé (ration quotidienne) fait mousser les vieilles casseroles : débat daté, querelle d’anciens combattants, « j’y étais, moi monsieur », il trouve intéressant de prolonger une polémique à propos du supposé, possible, éventuel passé d’extrême-droite d’un actuel membre du gouvernement – M. Hervé Novelli, qui doit bosser comme sous-ministre au service du commerce, de l’artisanat, des PME, du tourisme et de quelques autres bricoles.
Donc, un reportage de France 3-Orléans a eu l’idée étonnante de remonter à la surface le passé militant de M. Novelli, du temps où il était jeune et membre du Front National… c’était dans les années 1973, par là. Libé cite le site (ce n’est pas un site Scyte) mediapart, qui dit prouver, vieux document jauni à l’appui, qu’effectivement, M. Novelli y était, au FN, et se déclarait « ancien militant d’Occident ».
Tout d’abord, on peut se demander pourquoi ressortir ces vieilles lunes ? quelle mouche a donc piqué France 3-Orléans ? pourquoi brandir sous notre nez un scoop de 35 ans d’âge ? on se demande donc combien de crypto-trotskystes, ou pas crypto, sont salariés de France 3 ? et que vient faire Libé dans cette mauvaise vieille querelle ? Serge July est toujours là, et rame pour la Gauche Prolétarienne ?
Ensuite, M. Novelli est loin d’être seul dans son cas. Il pourrait facilement exciper du fait que moult parlementaires actuels, anciens ministres ou pas, ont été des militants extrêmes, à droite des Madelin, Longuet, à gauche des Jospin, Dray, Weber… et que cela ne fait pas d’eux, actuellement, de dangereux extrêmistes. Ils ne se saluent peut-être pas chaleureusement d’un bord à l’autre, certes, mais ils se comportent en démocrates raisonnables, du moins en apparence.
Enfin, on est atterré de constater que M. Novelli se défend comme un manche, qu’il n’assume pas, mais du tout, d’avoir été jeune et de droite – très à droite. « Et alors ? bande de neus-neus », pourrait-il dire, « on n’a pas le droit d’avoir été jeune ? d’avoir eu des emballements peu clairvoyants ? des choix trop radicaux ? n’est-ce pas le propre de la jeunesse d’être entière, bouillonnante, sans nuance ? nos parents n’étaient-ils pas, au temps de notre adolescence boutonneuse, des vieux cons ?
Eh oui, quand on a été jeune et sans nuance, et, pire, 😉 de gauche, on a pu professer que nos « vieux » étaient des vieux cons. Je n’ai en revanche aucune capacité à préjuger des sentiments nourris à l’égard de leurs « vieux » par des jeunes, mais politiquement très à droite, quand l’ordre, la discipline, les Valeurs (avec une majuscule) sont des refrains plus en vogue que l’internationalisme et la justice sociale. Ont-ils osé penser ça, dans leur jeunesse sans nuance ? que leurs glorieux aînés étaient des vieux cons ?
On rejoint ainsi le débat, via chansons interposées, entre Brel et Brassens… à ma gauche, « Les bourgeois, c’est comme des cochons » ; à ma droite, « Qu’on ait 20 ans, qu’on soit grand-père / Quand on est con, on est con ». Ou vice-versa.