Eh non, dans le métro, Tati – « mon oncle » – sur son Solex avec sa gabardine et sa pipe, n’a plus sa pipe, nom d’une pipe (censuré) ! C’est une affiche dans le métro pour une expo « Jacques Tati », une photo extraite de « Mon oncle », mais châtrée. « Ceci n’est pas une pipe », suivant la célèbre formule, c’est devenu un moulinet de plastique jaune.
Dernièrement je feuilletais un « spécial Prévert » : sur quasiment toutes les photos, le père Prévert tirait sur sa clope, ou la laissait pendouiller à sa lèvre. Alors allons-y, hop, Prévert, un caviardage sur les lèvres, gommons les clopes : un peu de correction, M. Prévert.
Brassens sur ses pochettes de disques, avec sa pipe… idem Tati, Georges, tss tss, pas convenable.
Gainsbourg et ses clopes. Non mais, quel malotru ! Plus de cigarettes, M. Gainsbourg.
Ferré : « Quand je fumerai autre chose que des Celtique« . Revoyez votre copie, M. Ferré. De la correction, enfin… je ne sais pas, moi… « Quand je tisserai autre chose que du batik« , par exemple.
Bientôt, après les films colorisés – « La traversée de Paris » avec du jambon rose dans la valise – nous aurons droit aux films dénicotinisés : Humpfrey Bogart dans « Le faucon maltais« , Piccoli dans « Le Mépris« , Ventura dans « Classe tous risques« … sans clopes et sans fumée. Faut que tout ça soit « correct en ordre ».
( On a bien gommé Trotsky de la photo où Lénine harangue la foule du haut de la tribune, alors, hein, une pipe… )
Et je vous pose la question : où s’arrêteront les fadas des ciseaux ? à quel niveau de connerie descendra-t-on ? quelle veulerie barbare nous guette ?