Le Monde d’hier soir nous en dit beaucoup, et en détail, sur les indignes conditions de passage au « dépôt », à Paris. Quand la police a mis la main sur vous, pour X raison, quand vous allez en garde à vue, bref, « au trou », il faut passer au « dépôt ». Promiscuité avec d’improbables êtres humains, fouille au corps : à poil, vérification de la vacuité d’un éventuel vagin, et d’un obligatoire anus, le tout parfois plusieurs fois de suite, des fois que… « En fonction de son statut juridique, une personne peut être fouillée de une à cinq fois au cours de la même journée« . On conçoit aisément la galère que c’est… les réactions des lecteurs vont toutes dans le même sens : « c’est dégradant », « c’est inadmissible ». On les comprend.
Mais je pose la question : à quoi bon vous mettre au trou, si c’est pour vous installer dans une chambrette pimpante, calme et lumineuse, avec un bon lit, des bouquins, la télé, des fleurs sur la table, un petit apéritif d’accueil ? vous allez craquer, dans ces conditions ? vous allez pleurer, appeler maman, votre avocat, crier votre innocence, rester abattu dans votre coin et compter les cafards ?
Les procédures et le cadre « inhumains », « dégradants » du dépôt ont une logique, logique simple, élémentaire, logique dont j’ai pu approcher la teneur, l’essence, lors de mon service militaire, à travers l’absurdité d’un tas de rituels humiliants ou absurdes : on n’est pas grand-chose, on est tout petit, et à leur botte. A leur botte. Mettons nous bien ça dans la tête.