Savoir, un petit peu

On l’entend souvent, beaucoup, c’est rengaine, au téléphone notamment, mais aussi en face à face. On l’utilise certes moins que la trilogie Merde-Putain-Féchier, ou toute permutation de ces trois termes – il faudra qu’un jour nous nous penchions ensemble, chère lectrice, cher lecteur, chère internaute, cher internaute, sur le sujet des trios obligés – mais on l’entend, et pas plus tard encore que ce matin : « Allo X ? c’est moi (ah bon !)… je t’appelle, je voudrais un petit peu savoir… » ; ou « je voudrais un petit peu vous demander… ». Savoir, un petit peu… vaste programme.

D’abord, ça ne veut rien dire. On sait, ou on ne sait pas. Et puis tant qu’à savoir, quel manque d’ambition, cet « un petit peu » ! pourquoi ne voudrait-on pas savoir beaucoup ? tout, puisqu’on y est, et allez hop , soyons fous. « Je voudrais tout savoir sur… ». Ca aurait une autre gueule.

Cet « un petit peu » c’est « excusez-moi mais… », « pardonnez cette indiscrétion mais… », « vous allez me trouver intrusif mais… ». Donc, on en demande juste « un petit peu », ce sera indolore, ça ne devrait pas prêter à conséquence. On a bien conscience qu’on en demande beaucoup, avec un petit peu.

On peut se demander d’ailleurs si la locution belge « une fois » n’est pas leur « un petit peu ». « Je voudrais savoir, une fois… ». Une fois, pas plus, hein. N’y revenez pas.

Un petit peu… c’est ça… voilà voilà !

Tibert

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