Sur le Figues-haro du jour, tout frais tout neuf, une accroche qui vaut bien un clic de mulot : « Le licenciement des fonctionnaires sera bien moins brutal » – selon monsieur [le ministre du budget] Eric Woerth. Voyons voir, voyons voir… et sur quoi tombe-t-on, le mulot actionné (*) ? sur une photo dudit ministre Woerth debout dans son bureau, avec derrière lui, en toile de fond, en quelque sorte, sa bibliothèque. Bon, il y a bien une télé dans un coin, pour les matchs de foot, un tableau ovale pour faire jouli, le portrait officiel du Président dans un coin au fond, un bordel de papiers sur son bureau pour montrer que le ministre est débordé, mais ! mais la bibliothèque, alors la bibliothèque, hein, regardez-moi ça ! Douze mètres cinquante de Pleiade, au bas mot.
( Pour des raisons évidentes j’ai ici « flouté » le visage du ministre, afin qu’il puisse travailler incognito)
Moi je vous le dis comme je le pense : c’est rassurant de savoir que nos ministres ont la capacité intellectuelle de lire La Pleiade, en papier bible, comme chacun sait, avec des fils marque-pages en tissu de couleur comme les bréviaires des vicaires d’avant-hier.
C’est rassurant, mais d’un autre point de vue, comment un ministre débordé (voir le bordel sur son bureau) trouve-t-il le temps de bouquiner les volumes de La Pleiade ? serait-ce de la mise en scène ? du vent ? comme ces expos de meubles-bibliothèques où de faux dos de bouquins en plastoc sont alignés serré (**) sur les rayonnages ? la culture du polystyrène ? la République du paraître ? terrible interrogation.
Et, tenez, un dernier mot : quand on pense que tous ces textes de Pleiade sont disponibles en éditions de poche, brochés pleine colle et pour bien moins cher, on se dit que pour un ministre du Budget, hein… l’économie ménagère, alors là… pfff…
Tibert
(*) Un ablatif absolu de la plus belle eau ! La Guerre des Gaules, du regretté César, n’en a guère de plus beaux à proposer. Tiens, celui-là est potable : « et pace facta, constituit cohortes... »
(**) « serré », si si, pas « serrés ». Y a pas faute. Avec « serrés » non plus y a pas faute. Soit, mais « serré », ça serre mieux.