… ou distribution, en français traditionnel. Casting (anglais : distribution) : l’attribution des rôles dans une pièce, un film, une représentation quelconque, une structure d’entreprise, sociale… important, l’attribution des rôles.
Tenez, hier je revoyais, l’ayant emprunté à la médiathèque du coin, « La moustache », un film bien fait mais peu crédible ; je l’avais vu il y a une paire d’années, puis lu récemment le livre éponyme – bien meilleur, car logique, fort, construit, quand la fin du film dérape en scénario absurde, en eau de boudin, sans queue ni tête. « La moustache », donc : ma louloute critiquait le rôle féminin principal, jugeant madame Devos, Emmanuelle, irritante et peu crédible. Mais imaginez que le casting lui ait attribué le rôle de monsieur Lindon, Vincent, lequel se rase la moustache au début du film – comme dans le bouquin.
Vous vous récriez non mais ça va pas, c’est un rôle de mec, n’importe quoi… poussons le bouchon moins loin : dans « Le chat », bonne production de monsieur Granier-Deferre, où le vieux couple de retraités Gabin-Signoret se tire la gueule pendant une heure trente, mettez, tenez, monsieur Clavier, Christian, à la place de Jean Gabin, ou madame Bouquet, Carole, dans la peau de Simone Signoret : ça ne passe pas, c’est nul, coco, trouve-moi autre chose.
Bon, pourquoi je vous dis tout ça ? hein ? vous me voyez venir ? encore le PS qui se trouve scandalisé, c’est fou ce que le PS se scandalise facilement, une vraie rosière ! Tenez, monsieur Longuet, sénateur et plein d’autres emplois, de droite sans aucun doute, à propos du remplacement de monsieur Schweitzer, Louis (*), à la tête de la Haute Autorité de Lutte Contre l’Exclusion et les Discriminations (HALDE), se fend d’un avis négatif sur le casting prévu – on pressent monsieur Boutih, Malek, né dans les années 60 à Levallois-Perret, et huile au PS.
Pour monsieur Longuet, monsieur Boutih ne fait pas partie du corps français traditionnel… y a-t-il d’ailleurs un corps français traditionnel ? expression floue, vieillote, rejetante, mal embouchée. On use généralement d’une autre expression, « français de souche« . Souche, vieille souche, forcément ! racines, enracinement, longue histoire, nombreuses générations, généalogie… bref, reformulons plus précisément, plus juste : monsieur Longuet aurait pu nous dire que la nomination de monsieur Boutih à la tête de la Halde serait une erreur de casting, de distribution. On n’en est pas à parler de madame Devos arborant une moustache – là c’est carrément de la provoc’ – mais de monsieur Clavier s’essayant à jouer les vieux retraités désabusés… monsieur Lucchini en catcheur inculte… voyez ? il peut le faire, il peut le faire, soit ! mais bon…
Tibert
(*) « Schweitzer, c’est parfait ! Un vieux protestant, parfait ! La vieille bourgeoisie protestante, parfait ! […] parce que il vaut mieux que ce soit le corps français traditionnel qui se sente responsable de l’accueil de tous nos compatriotes. »