En guise d'épitaphe pour une Vinothèque

Vous l’avez sûrement remarqué vous aussi : quand un chanteur anglophone – voire allemand, italien… mais c’est vachement plus rare – pousse la chansonnette  à l’écran, que ce soit le petit 81 cm (32 pouces pour les irréductibles qui comptent avec leurs doigts) de la télé ou celui du cinoche, il n’y a JAMAIS de sous-titres. On comprend aisément que la chanson ne soit pas doublée, c’est trop dur ; donc en V.O., ça le fait mieux, soit, mais pourquoi nous prive-t-on systématiquement de la traduction, puisqu’il y a un texte, ou un semblant de ? tenez, par exemple, Marilyn Monroe dans « River of no return » : pas de sous-titres. Idem dans Casablanca Play it again, Sam, « As time goes by »… sans traduction ! A vous de vous débrouiller si vous souhaitez comprendre de quoi il retourne, foncer sur la Toile pour y chercher a posteriori les paroles, embaucher un traducteur assermenté…

Je me faisais cette réflexion en regardant sur le petit écran 33 cm de mon ordinateur un clip musical montrant Mick Jagger et Amy Winehouse sur scène, tous deux armés d’un micro HF, tous deux glapissant des paroles totalement incompréhensibles, du fait du bruit ambiant, de la nécessité de se dandiner en rythme qui ne facilite pas l’élocution, et des ahannements du percussionniste à qui on n’a jamais expliqué que les baguettes ne servent pas  à cogner, mais à produire des sons. Le titre de la chanson était « Ain’t to proud to beg« , que je ne puis traduire, sauf si « to » est là pour « too » : eh bien, je ne suis pas fier de mon anglais, je n’ai rien compris.

(Bon, je suis allé voir sur la Toile, histoire de ne pas crever ignare, et ma foi, le refrain est d’une grande beauté, très très poétique, jugez-en :

Ain’t too proud to beg, sweet darlin
Please don’t leave me girl, don’t you go
Ain’t to proud to plead, baby, baby
Please don’t leave me, girl, don’t you go
.

Par chez nous, ça donnerait quelque chose comme « Ne me quitte pas ma douce louloute, mon bébé, ouawouawoua, ouawouawoua,  je ne suis pas d’humeur à te supplier, à plaider ma cause, ne t’en va pas« . C’est fort, non ?  )

Bref, je vous le dis bien honnêtement, je n’irai pas séance tenante m’acheter le dernier CD d’Amy Winehouse, le commander sur la Toile, l’emprunter à  la médiathèque de Bourmoil-sur-Durolle. Que certains l’encensent posthumement, comme on balance l’encensoir sur le cercueil, d’accord, ça ne mange pas de pain. Que le chroniqueur du Monde déraille et s’excite sur cette artiste « rimbaldienne », rien que ça, je comprends moins. L’Arthur, c’était lui aussi la dérive, toutes amarres larguées, le dérèglement de tous les sens, certes… PLUS le talent. Ne confondons pas.

Tibert

Air Four One

On a rallumé le chauffage ! Pas le vrai, quand même, la chaudière et le toutim, non, le poële à granulés, celui qui se nourrit aux croquettes Klebs-Kejèm. Faut dire, ça caille un max par chez nous, en ce moment : on a eu l’été en Avril, on a l’automne en Juillet, va falloir avancer la date du Beaujolais nouveau, des châtaignes, la Toussaint au 15 Août, on va monter les pneus Hiver le prochain houikinde. La faute au réchauffement climatique, évidemment, ça va de soie, comme on dit à Lyon.

Non mais à part ça je voulais pas encore bavasser sur le temps qu’y fait, non… tiens, je vois et j’entends, et je lis, et ma foi ça m’interpelle parfois quelque part. Je vous livre donc mes réactions – je vous les délivre pas, alors là, vous m’aurez pas là-dessus.

Première question : je suis sans doute débile, mais pourquoi monsieur Kadhafi, le lider maximo de la Lybie se fait-il sévèrement avoiner par l’OTAN, bombardements chirurgicaux, tirs ciblés… pendant que monsieur El Assad en Syrie donne tranquillement à canarder à mort les manifs qui lui sont hostiles ? D’accord, l’un est colonel auto-proclamé , met des gandouras, des lunettes noires, et vit volontiers sous une canadienne lybienne, ce qui est peu crédible, tandis que l’autre est médecin ophtalmologiste en costard-cravate – à mon avis il ne doit plus pratiquer des masses, sauf peut-être les manifestants blessés aux yeux – et ça en jette tout de même nettement plus. Mais je pose nonobstant et mordicus ma question, je m’obstine : pourquoi cette différence de traitement « de faveur » ? si vous avez des réponses… Israël…le Golan… la Russie… la Chine… l’Iran… le Liban… le pétrole… j’ai bon, là ?

Deuxièmo : je lis dans un quotidien réputé très très sérieux – dans le temps il n’y avait ni photo ni dessin en Une, austère  objectivité et ennuyeuse distance, telle était sa devise – ce titre : « Les deux fours à 75.000 euros d’Air Sarko One« . Notez bien, pas de guillemets, pas de smiley dans le texte, non : Air Sarko One, sans guillemets ni smileys, c’est donc, nous l’apprenons dans l’article en question, le nom de l’avion de la Présidence de la République française. Le journaleux qui a commis ce texte n’apprécie sans doute pas monsieur Sarkozy ; on perçoit aisément son hostilité, et c’est son droit !  et je vais vous dire, moi aussi ça me gonfle, ces dépenses pharaoniques sur notre dos. Mais il le hait, et il l’écrit, et l’article est mensonger – des fours autres que pour  réchauffer, on en trouve dans les classes Affaires et Premières des longs-courriers de ligne – et ce titre est racoleur, putassier, une insulte – aux lecteurs, qu’on prend pour des gogos. Tant qu’on y est, pourquoi pas Air Nabot One ? Ce n’est pas du journalisme, c’est une agression ad hominem.

Tibert

Logement, saison III – Rue de Rivoli (de service)

Chers auditeurs, au cours de nos veillées à thème « urbanisme et galettes de blé noir », nous avons papoté – moi surtout, vous je sais pas – sur les lamentations des Parigots, prisonniers d’un Haussmannisme figé et maintenant bloquant et mortifère (saison 1) ; constaté que le maillage du territoire est débile et indigne de gens supposés intelligents, coincé sur son schéma parigo-centriste coûteux, injuste, contre-productif (saison 2) ; voyons voir à pointer du doigt une autre ânerie bien de chez nous, le « paraître » au détriment du « vivre ».

J’étais hier à Paris, avenue Victoria juste sur le flanc Nord du théâtre du Châtelet, visitant un su-per-be immeuble Haussmann pur beurre, parquets-moulures-cheminées…parquets délabrés, et le reste à l’avenant. Une entreprise y réhabilite une « courette » : euphémisme pour un puits étriqué, noirâtre, nauséabond, en piteux état. En revanche, je me répète, la façade, alors là, ma-gni-fi-que ! l’ennui, c’est que les cuisines, les sanitaires, les couloirs… donnent sur la courette ! Evidemment, de l’extérieur, « ça en jette », mais il faut y vivre, ma brave dame…

Je me suis par ailleurs baguenaudé à Montréal, non pas dans le Gers, mais au Québec : chaque avenue a son double « de service ». Ainsi l’artisan qui répare un chauffe-eau (mais à Paris les chauffe-eau ne sont jamais réparables, on les change d’office), le camion-poubelle, le livreur de chez YUPS… passent et garent là, laissant l’avenue libre pour y lécher les vitrines, magasiner, circuler, trottiner. C’est un schéma classique dans les pays neufs, et où il y a de la place. Mais à Paris, Lille, Lyon etc… le livreur « je travaille moi monsieur » met ses feux de détresse et plante son véhicule au milieu de la chaussée : quoi faire d’autre ? il n’a pas d’alternative.

La place ? il y en a. Quand les sièges sociaux des grosses boîtes se décideront – se résigneront, pour leurs dirigeants (*) – à s’installer là où l’on peut enfin fonctionner, vivre, circuler, respirer. Quand on admettra enfin les outils de télétravail comme des outils de travail.

Allez, du balai, Haussmann de façades et immeubles cacochymes ! de l’air, des voies de service pour le côté pratique, des immeubles de notre époque – avec des plafonds d’au moins 2,70 m – les sièges sociaux « au cul des usines », et tout le monde vivra mieux.

Tibert

(*) Le Fouquet’s va leur manquer, c’est là le vrai problème ! essayez de priver les PDG ‘s et leurs z’épouses des vitrines de l’avenue Montaigne, des petits restos du XVème… trop dur !

Tibert

Bonne adresse, chaudement recommandable

Aujourd’hui je me contenterai de faire la courte-échelle à un collègue. Pas le temps, pas envie de paraphraser, de réchauffer la sauce à ma façon : le blog dont je vous refile le lien ici vous le dira clairement et tout seul, comme  un grand.

De quoi s’agite-t-il ? il s’agit de ces guides touristiques « en ligne » que je consulte, tu consultes, nous consultons tous avec naïveté, prenant comme vérité du vécu les commentaires « sur le vif » qui accompagnent les listes d’hôtels, restos, bistrots, sites, etc. Moi-même, récemment, ai longuement cherché sur http://www.tripes-à-viseur LA bonne adresse à Bali, Nouméa, Biarritz… forcément, l’hôtel dont tous chantent les louanges, propre calme du cachet et pas cher avec ça, allons-y ma poule, je réserve tout de suite !

B-I-D-O-N !! que du bidon. Si ça se trouve les gars qui balancent leurs notations en rafales par paquets de 50 n’ont jamais tourné le coin de leur rue… et ils poussent le vice jusqu’à imiter les fautes de syntaxe et d’orthographe de vrais touristes ! comment démêler le vrai du faux ?

Tenez, c’est révoltant, il faut qu’on boycotte les sites du genre tripes-à-viseur. Téléphonez-moi, plutôt, je vous dirai où j’ai récemment fait une bonne petite bouffe, ou dormi au calme dans une auberge accueillante et pas ruineuse.  Et, tenez, pas con, si on créait un site internet pour partager nos bonnes adresses ?

Tibert

Frangliche vroom vroom

Je lis ça dans le tas de rubriques « bagnoles etc » d’un quotidien national connu et largement diffusé – un quotidien bien morose, ce lundi matin : « Aussi spectaculaire à regarder qu’à piloter ou à entendre, la dernière née de la firme de Bologne délivre son lot de sensations. »

Bien évidemment vous allez vous demander de quel engin il peut s’agir ? devinette, donc, mais les dés sont pipés puisqu’on sait déjà qu’il s’agit d’une rubrique « bagnoles etc »… eh oui, la bête a un aspect spectaculaire, s’accompagne d’un bruit remarquable, et se « pilote », ne pas confondre conduite et pilotage. Mais on vous donne une précieuse information : c’est une production de « la firme de Bologne ». Vous pouvez donc aussi sec vous brancher sur l’annuaire des entreprises italiennes, y chercher la firme de Bologne… ah zut, il y en a quelques dizaines de pages ! ce n’est qu’UNE firme de Bologne, charmante bourgade d’environ un million d’habitants. Imprécision, à-peu-près, donc, mais les journaleux sont habitués à ces figures de style – tenez, « la firme de Cupertino », ça veut dire « Apple », la marque à la pomme mordue, c’est pour éviter de se répéter… mais savez-vous combien de firmes ont leur siège social à Cupertino (Californie) ? au moins 6, dont Apple, certes… Apple, UNE firme de Cupertino.

Oui, je pinaille, je sais… bon, la firme de Bologne dont il s’agit ici, allez, je vais vous le dire, c’est Ducati, fabrique de motos (*). D’où le bruit remarquable, vous le comprendrez aisément, il faut qu’un motard aux commandes d’un tel engin fasse se retourner les gens sur son passage sonore, et les morts dans les cimetières, sinon à quoi ça sert qu’il ait acheté ce truc stratosphérique, ce piège à permis ? et puis, la Ducati Diavel, c’est son joli nom – Diavel, le diable, donc, délivre son lot de sensations, c’est du moins le journaleux qui l’écrit.

Et donc, on le délivre, ce lot de sensations ! de quelle prison, de quelle sombre geôle a-t-il fallu l’extraire ? car c’est du pur frangliche, du Rosbif habillé bleu-blanc-rouge, deliver : livrer, fournir. Donc, cette moto fournit son lot de sensations ; ou bien elle le distille, l’offre, le fait goûter ou apprécier, l’apporte, s’en accompagne… chez nous, quand on livre, c’est une livraison ; quand on délivre, c’est une délivrance. Et free delivery, ce n’est pas la délivrance vers la liberté, c’est la livraison gratoche, profitez-en.

Allez, je vous délivre ; c’est assez (dit la baleine), c’est la récré.

Tibert

(*) Notez qu’on trouve aussi, à Bologne, les sièges sociaux de Lamborghini, de Maserati, autres monstres spectaculaires et qui se pilotent.

Aïe à 2 drimes, euh gaïne !

Je lis ça, au petit matin de la gueule de bois d’après les flonflons de la Fête Nat’, et c’est beau : « J’ai rêvé que nous puissions remplacer ce défilé [militaire] par un défilé citoyen où nous verrions les enfants des écoles, où nous verrions les étudiants, où nous verrions aussi les seniors défiler dans le bonheur d’être ensemble, de fêter les valeurs qui nous réunissent ». C’est joli, non ? c’est du Joly, Eva pour ses groupies d’EELV, les écolos rangés derrière la bannière à lunettes rondes et fushia au bout du nez.

Je lis ça, et sur ce point au moins je suis complètement d’accord avec madame Eva, sauf que moi je n’en ai pas rêvé, pas eu besoin, du moins, de me prendre pour un avatar de Martin Luther King ; d’autre part, autre bémol, si « séniors » relève du vocabulaire latin, c’est en fait du Politiquement-Correct anglo-machin pur jus, pour ne pas dire « vieux », l’épouvantable et repoussant « vieux ». Pourtant, « où nous verrions aussi les vieux défiler…« , ça le ferait tout aussi bien, non ? allez, édulcorons, « les anciens« , si vous y tenez.

Mais bon, oui, sur le fond,  on en a marre nous aussi, non-EELV, ou à peine, de voir les militaires confisquer la fête nationale, et marre itou d’entendre des paroles historiques, certes, mais horriblement datées et sanguinaires sur la musique de notre Marseillaise. Qu’un rouget de l’île moderne et inspiré nous abreuve de ses couplets apaisés, c’est tout ce que je nous souhaite.

Ah oui, tiens, autre chose : on a amplement pris connaissance,  à la télé, ces derniers jours, des désordres occasionnés dans les aéroports parisiens et marseillais par un « arrêt de travail d’une certaine catégorie de personnels » d’Air Algérie. En d’autres termes, c’était la merde ! eh bien, je suis allé voir, une fois, sur les sites du genre Le BilletLeMoinsCher.com, ou VoyagezPasCon.fr, les vols Paris-Alger, par exemple, au hasard… vous me croirez si vous voulez, mais il y a 9 compagnies qui assurent des vols Paris-Alger ; pas qu’Air Algérie ! Iberia, Lufthansa, Air France (Alitalia, c’est pareil), Aigle Azur, tout ça. Alors, les gars, un conseil : un clic du mulot sur VoyagezMoinsCons.org, et faites jouer la concurrence.

Tibert

Oh la belle bleue !

Les feux d’artifices sont à l’eau cette année et c’est très bien ainsi. On a pleuré pour qu’il pleuve ? on a fait des processions, curé en robe blanche, et bêlé des chants pour les grenouilles et les escargots ? très bien, ça a fonctionné du feu de dieu, il pleut comme demandé, de quoi vous plaignez-vous (…Jean-Gilles mon gendre, de quoi vous plaignez-vous, etc etc…) ?

Donc, disais-je, les feux d’artifices du 13 juillet sont à l’eau, oooooh, MAIS la récolte de maïs est sauvée, aaaaaaaah !

Et alors, où ça la belle bleue ? eh bien, chers-z-auditeurs, l’équipe de France de foot féminine ! en bleu, et gaillarde, et conquérante, et bien en jambes ! elle a chuté, certes, contre sa consoeur des USA, mais en demi-finale du mundial, rien que ça. Et, tenez-vous bien, le match était retransmis à la télé, oh certes pas sur TF1 ou la 2, et sans les commentaires des super-vedettes de la commentation, mais sur Direct 8, pour celles-et-ceux qui s’y intéressaient. Et ma foi, c’était plaisant, débridé, et assez fair-play, ce qui nous change des pugilats crispés des matches masculins. Faut dire, il y avait sûrement moins de fric en jeu.

Le résultat ? vous le lirez, si ça vous dit, dans votre canard habituel, s’il daigne traiter le sujet. Mais concluons sur cette affaire : premio, les filles savent jouer au foot, mais oui, et apparemment elles n’ont pas encore pris la grosse tête, pas fait une manif dans un autocar, pas rédigé un pamphlet lamentable contre leur entraîneur. Deuxio, ça intéresse beaucoup moins les supporters bière-foulards-vuvuzelas-beuglantes, et donc les journaleux, et les télés, et les sponsors, etc. Pourquoi? probablement parce qu’elles n’ont pas de roustons, je ne vois que cette explication. Troisio, on ose espérer que, boudant le spectacle de cette demi-finale un mercredi vers 18 heures, les innombrables sportifs mâles habitués des packs de Kro et des « à poil l’arbitre » auront enfilé un short pour un petit jogging. C’est ça, le sport.

Tibert

L'argent des Auvergnats (bis)

Monsieur Delanoé –  pas le parolier de Gilbert Bécaud, non ; le maire actuel de Paris – a lui aussi, y a pas de raison, des idées en matière d’économie. Des idées originales ? s’agissant de soutirer encore un peu plus d’argent des poches des Françaises-et-des-Français,  la classe politique a toujours plein d’idées, mais qui se ramènent, grosso modo, à deux variantes : augmenter les impôts actuels, ou en créer de nouveaux. Là où la créativité se débride, c’est sur la dénomination : et que je te sors de la CSG déductible et non-déductible (celle où l’on est taxé sur l’impôt qu’on a versé, eh oui, ils connaissent la récursivité, au Ministère des Impôts – le RDS, l’ISF, l’IRPP, le… bref, des sigles qui sonnent bien, inventifs, beaux.

Et comme monsieur Delanoé est de gauche, il propose un impôt sur les hauts revenus (question de bon sens : les pauvres, il n’y a guère de jus à tirer) « exceptionnel et limité dans le temps » (tu parles, Charles ! ). Notez bien que « haut revenu » c’est extrêmement vague : selon que vous êtes juché sur un tabouret, un escabeau, ou les pieds dans un trou, la perspective n’est pas la même. Mais enfin, il s’agit, on l’aura deviné ou lu dans le lien internet que je vous ai obligeamment fourni, de désendetter le pays grâce à cette ponction « exceptionnelle et limitée dans le temps« .

J’ai, moi, une autre suggestion : si, au lieu de crêcher à l’Hôtel de Ville de Paris, énorme tarte à la crème dont l’entretien est fort dispendieux, le maire de la ville logeait dans un des innombrables HLM haut-de-gamme que Paris possède et gère (*) ; si, au lieu d’occuper des monuments historiques, nos ministres allaient bosser, comme tout gratte-papier normal, dans des bureaux normaux ; si, au lieu de  « jets » privés, ils prenaient le train ; s’ils mettaient la pédale douce sur les réceptions à 2-300  euros par tête de pipe, les douches du Grand Palais au prix de deux Ferrari, les locations de cendriers à 50 euros le cendrier pour la journée (*), bref s’ils montraient l’exemple en matière de maîtrise des dépenses et de gestion responsable de nos impôts, on pourrait commencer à les prendre au sérieux. Politiciennes, politiciens, ministres, ministres, sénatrices, sénateurs, c’est à vous !

Tibert

(*) Place de Catalogne, ou Place de Séoul (Paris 14ème), tiens, les immeubles-miroirs de Ricardo Bofill : ce sont des HLM tout à fait corrects, pas trop bas de gamme.

(**) authentique !

L'argent des Auvergnats

Les Auvergnats (les vrais, pas ceux de monsieur Hortefeux, mais ceux des Combrailles, du Lioran, de la Limagne, etc…) sont décidément des méfiants et des cabochards. Ils ne veulent absolument pas que la RATP, cette superbe entreprise mondialement connue, bien que parisienne, et que le monde entier nous envie, entre au capital de la SEM (société d’économie mixte) qui jusqu’ici gère et fait rouler les bus et tramways de Clermont-Ferrand, j’ai nommé la T2C, les Transports en Commun de Clermont (… -Ferrand, what else ? ).

Et que viendrait foutre la RATP à Clermont ? heu… son expertise, son ingénierie des réseaux, son expérience, sa… ?? rien d’utile, des tas de villes se passent superbement bien des lumières de la RATP, et les salariés de la T2C l’ont bien perçu. En revanche, comme ils le proclament, ces salariés, de nouveau en grève ces jours-ci, « L’argent public local investi dans la T2C va sortir de l’agglomération pour permettre à la RATP de se développer, c’est ce qui s’est passé dans d’autres villes avec l’arrivée d’opérateurs extérieurs« .

En gros : le fric que les Clermontois dépensent pour leurs transports en commun, ce n’est pas pour financer je ne sais quels machins à Paris.

Pas partageux, les Auvergnats, hein ? remarquez, on les comprend.

Tibert

Lola, Byrrh et les bouts-filtres

Comment marier la le coq à l’âne, le poisson à la bicyclette ?  en écrivant un billet méli-mélo. A dire vrai, je me serais bien contenté des deux premiers termes du titre, car ils sont liés, si si ; mais l’actualité l’exige, il faut que je fasse feu ici et maintenant sur les sophismes et les arguments spécieux des clopeurs, qui se rebellent contre la décision de certaines mairies de réserver des bouts de plage aux non-fumeurs… pas Charleville-Mézière, ni Chateaudun, non, mais La Ciotat, par exemple. Vous en avez marre, vous aussi, des bouts-filtres de cellulose plantés dans le sable, ou flottant au gré des vagues sous votre nez ? moi aussi. Et ce n’est pas parce que les flots marins accueillent aussi les égoûts de la ville et les déchets des plaisanciers que ça excuse les fumeurs qui ne ramassent pas leurs mégots et leurs emballages de cigarettes.

Bon, ça soulage, à défaut d’être constructif.

Mais Lola, Byrrh, Byrrh et Lola ? « Lola », film quelque peu désuet, passé, daté, mais que je l’on savoure comme une gâterie. Le jeu d’Anouk Aimée est malheureusement trop affecté, inutilement mobile, minaudé à l’excès, mais ce cow-boy à Stetson dans sa décapotable américaine blanche sur le front de mer de la Baule, ce grand et blond marin amerloque plus vrai que nature, ce bistrot du Quai de la Fosse – le quai de la fesse – qui sent bon le cahoua à la chaussette réchauffé, comme on savait le faire avant l’irruption des percolateurs italiens, et tous ces lieux nantais dont Jacques Demy se gave visuellement et nous régale – avec une photographie noir / blanc somptueuse ! et pour le panthéon du cinéma, il fallait l’oser, la séquence du ralenti, le marin états-unien en uniforme et bob blanc sur la tête, la gamine en jupe-corolle se tenant par la main, effleurant le sol de la foire aux auto-tamponneuses, au son du prélude numéro 1 du Clavier Bien Tempéré.

Mais Byrrh ? eh oui, Byrrh… les rades nantais et d’ailleurs de l’époque arboraient sur leurs murs, leurs vitrines, et « Lola » nous les montre abondamment, ces affichettes-réclames qui font ou on fait les délices des « je me souviens » façon Perec. Clacquesin, St-Raphaël-Quinquina, l’Arquebuse, Fernet-Branca, chin-chin-Cinzano, Dubo-Dubon-Dubonnet, Cusenier, Guignolet-kirsch, Noilly-Prat… et Byrrh ! Byrrh qui m’a, au fil du film, tarabusté, questionné, qu’est-ce que c’est que ce mot, pourquoi ce nom bizarre pour un vermouth catalan, un vin muté – à base de mistelle, de vin rouge, de plantes aromatiques et d’additifs plus ou moins pharmaceutiques ?

Bref, je vous le livre comme la Toile me l’a appris, ça vaut le coup de mulot : les frères Violet, tenant un commerce de tissus à Thuir (66), ayant concocté une boisson « revigorante » de leur cru, et désireux de lui donner un nom, jetèrent les yeux sur leurs coupons de toile, qui sont tous, paraît-il, référencés par une lettre. L’alignement, l’empilement,  la séquence des étiquettes qu’ils lurent alors donnait BYRRH (pourquoi, nom d’un chien, n’avaient-ils que 5 coupons de tissu ?). Mais le croiriez-vous ? ça leur plut, ou bien ils en avaient marre de chercher, ou plus probablement ils étaient bourrés du fait de leurs multiples dégustations d’échantillons – et Byrrh vint au monde des bistrots. J’ai bien dû en boire une fois dans ma vie.

Tibert