Ca devient très compliqué. Quand j’étais minot, on n’avait pas d’éducation sexuelle à l’école. Il fallait investiguer, supputer, lorgner, poser des hypothèses. Mais une chose était claire : il y avait les filles et les garçons. D’ailleurs, « école de filles » et « école de garçons », il y avait deux écoles primaires. On n’avait pas encore mis tout le monde ensemble, et les portes des cabinets dans la cour de récré ne comportaient pas de trou pour mater, vu que ça ne nous aurait rien appris d’intéressant.
Plus tard j’ai pu théoriser tout ça ; gonades, paires de chromosomes gnagnagna, XX et XY, caractères sexuels primaires et secondaires, etc. Découvrir qu’il peut y avoir des anomalies des organes sexuels, mais marginales, rares ; bref, aux anomalies près, le modèle masculin-féminin tenait la route. Coccinelle changeait de sexe, certes, mais c’était en quitter un pour adopter l’autre.
Mais pas du tout, nous dit-on maintenant : un nouveau manuel scolaire de SVT – Sciences et … bref, les Sciences Nat’ de ma jeunesse – de classe de Première veut définir le sexe, non comme caractère biologique, mais comme un tout biologico-sociologique. Je cite : « Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre« .
En somme, donc, si l’on suit les messieurs-dames qui ont conçu ce nouveau manuel scolaire, il n’existe plus deux modèles sexuels, mais des tas. Ce qui veut dire, soyons clairs, une infinité de combinaisons. On voit tout de suite de quelle diversité il peut s’agir ! citons, heu… les homos, les hétéros à tendance bi (les hétéros tout court ça n’intéresse personne), les trans (les trans MtF et les FtM, voire d’autres), les lesbiens, les travestis hormonés ou pas, les zoophiles, les fétichistes du pied, du genou, du chapeau, les amateurs d’aisselles pas rasées, les accros au pipi, les fanatiques du piercing des têtons, et j’en passe, parce que ça devient moche.
En somme, les certitudes physiologiques ne seront bientôt plus rien face au contexte socio-culturel, c’est à dire le n’importe quoi (on peut dire socio-cul’, ça le fait très bien) . Restent – merci au nouveau manuel scolaire – le « mâle et femelle », comme disent les anglo-américains : nous sommes toujours des mammifères, ça rassure. Quant à la définition de notre genre, peut-être qu’aux portes de la mort, à l’issue d’une « interaction constante entre le biologique et le contexte socio-culturel« , nous en aurons une vague idée, qui sait ?
Tibert