Je lis ça sur l’étiquette d’une bouteille de pinard de 75 cl, ma foi honnête et très buvable, un vin de cépage Pinot Noir en provenance du Languedoc – région où cette variété est peu cultivée (*), et c’est ça qui m’avait incité à me fendre de 4 euros 50. Donc je lis ça, ce court topo censé expliquer à quel point nous avons bien fait de choisir cette boutanche : » …hectares gnagnagna vignes… blahblahblah… cueillis à maturité optimal et vinifiés… etc etc etc …« .
Sur une étiquette, hein, un truc que TOUT le monde lit ! D’accord, si c’était les tout petits petits caractères quasi illisibles de la page 487 du contrat d’assurance de votre baraque, stipulant que toutes les garanties souscrites sont réputées nulles si vous avez omis de lancer une poignée de sel derrière l’épaule gauche en faisant la génuflexion une nuit de pleine lune, vous ne l’auriez pas lu, et tant pis pour vous. Mais là, une étiquette de pinard, ça se lit, je veux. Savoir si on va se régaler, s’il a de la cuisse, s’il goulèye… une étiquette de pinard, ça se doit donc d’être exemplaire, académique, irréprochable.
Alors, zut quoi, ça se présente mal. Maturité, c’est pas optimal, loin d’être optimal, c’est même mal ; optimalE, nom d’un chien. Maturité c’est pas mâle, donc c’est pas mal ni mâle, c’est male.
Dommage, le pinard était pas mal.
Bébert
(*) eh oui, le Pinot Noir s’épanouit, et comment, en Bourgogne – la grande classe, et plus anecdotiquement en Alsace, sur la Loire… Il aime les climats plus frais, ce petit, la chaleur du Midi le déprime ; généralement, il n’y est pas au mieux.
Vous oubliez, cher monsieur, la Champagne. Le Pinot Noir en Champagne, pas du tout anecdotique, bien que cultivé concuremment au Pinot meunier et au Chardonnay. Le Bouzy : 100 % Pinot Noir. Cueilli à maturité optimale, bien entendu.