Notre ministre de l’Intérieur et des Cultes vient d’obtenir, et largement, la suppression sur la Toile de quelques pages litigieuses d’un site dénommé « copwatch » (« surveillons les flics », en argot anglais). Largement, car l’hébergeur dudit site, plutôt que de se faire ch… à caviarder quelques pages, a préféré faire simple, et sabrer tout le site.
Le hic, c’est qu’avec la Toile, plus on interdit, plus il y a de monde à y aller voir, même si c’est neu-neu et soporifique. On peut donc s’attendre à ce que naissent un peu partout des sites « miroirs » de copwatch, hébergés aux Galapagos ou aux Iles Vierges, hors de portée de voix de notre ministre.
Mais tout ceci m’inspire deux remarques :
– Premio, ce n’est pas dans la culture latine de balancer, de cafter, de rapporter. Les Etats-uniens font ça très bien, mais chez nous ça a du mal à passer. Alors, « balancer » les flics qui ne sont pas toujours blancs-bleus, nickel et irréprochables, si c’est du civisme, pourquoi pas ? mais dans la foulée, mais alors, pourquoi s’en tenir là ?
Le ziva qui deale au bas de votre immeuble,
Le fonctionnaire qui coince la bulle devant sa pile de dossiers en souffrance et inentamée,
Le collègue qui se fait faire une note de frais de complaisance,
L’automobiliste qui brûle le feu rouge au coin de la rue,
La préfète qui confond logement de fonction et logement personnel,
etc… etc…
Donc, à ne « balancer » que les flics, on s’expose à des soupçons : ça ressemble bigrement à de la haine anti-autorité, à de l’idéologie tendance Tarnac, façon Black Blocks et j’en passe. La pureté des intentions des gestionnaires de ce site… j’ai des doutes.
– Deuxièmo, secondo, ensuite : copwatch, encore de la terminologie lèche-bottes des anglophones, de la Rosbif-mania regrettable, ridicule. Car en français ça l’aurait fait largement aussi bien – de mon point de vue, nettement mieux.
Keufoscope,
RegardsSurLaTourPointue (ou LaTourPointuePrendsGarde),
Flicorama,
Mate-poulets.
Ce n’est, bien entendu, qu’un bref échantillon, un bon remue-méninges en produirait sans doute de superbes. Mais toujours aussi douteux, quant aux motivations profondes des initiateurs.
Tibert