Monsieur Baroin, qui derrière ses petites lunettes rondes et son nez pointu à la Grand-Duduche façon Cabu, cache une voix de basse profonde et une solide pratique parlementaire, a, paraît-il, selon le président du perchoir de l’Assemblée Nationale, prononcé « certains propos inadaptés« . Il est vrai qu’il a envoyé à l’adresse des Socialistes ces propos : « … des vieilles lunes socialistes qui vous ont certes conduit par effraction au pouvoir en 1997″. Souvenez vous, braves gens, monsieur Chirac, qui avait sans doute ce jour-là forcé sur la Corona ou la tête de veau ravigote, ou les deux, avait décidé en 1997 de dissoudre l’Assemblée Nationale ! et hop, vague rose au palais Bourbon, et pour monsieur Baroin c’était pas du jeu, y avait faute, c’est-à-dire effraction, les Socialistes auraient dû faire profil bas et admettre que monsieur le Président désirait conforter sa majorité branlante, pas la voir couler corps et biens. Ah, cruels, que lui avez-vous donc fait !
Monsieur DSK, lui, aurait sans doute qualifié ces propos d’inappropriés. Vous saisissez la nuance ? moi non plus.
Mais ce qu’on peut saisir c’est le sentiment de possession exprimé par notre présent Ministre des Finances et du Nouveau Serrage de Ceinture des Français Afin de Sauvegarder le Triple AAA de Moody’s : le gouvernement de la France appartient à l’UDR (au RPR à l’UMP etc…) de toute éternité et par délégation divine. Casser cette certitude c’est de l’effraction.
Je ne pense pas être suspect d’affection pour les molroses du PS et leurs bons sentiments dévastateurs pour notre pays, leur complaisance pour les ennemis jurés de la laïcité, leur empathie masochiste envers l’agresseur plutôt que l’agressé. Mais ici l’agressé c’est eux, non ? et nous aussi. La chambre rose de 1997 a été votée par les Français, monsieur Baroin (moi, comme d’hab’, confronté à un député-maire notoirement cumulard, j’ai voté « nul » par un bulletin biffé et proclamant « non au cumul des mandats »). Le Palais-Bourbon n’appartient pas à l’UMP, et vous nous devez des excuses, monsieur le Ministre : à nous, les Français complices de cette « effraction » inadaptée – ou inappropriée, comme vous voudrez.
Tibert