Z'Eurro est ar-ri-vé-éé…

Le « Monde-sur-Toile » et les autres canards réputés sérieux dissertent là-dessus : ça fait 10 ans qu’on a l’Euro, et « 10 ans après, l’Euro reste associé à une perte de pouvoir d’achat« , dixit justement « Le Monde« . Et de citer notamment le petit noir, qui se négociait 4,50 à 5 Fr grand maximum sur le zinc, à rapprocher de 1,50 euro = 10 Fr !(*), soit le double en 10 ans. Et de se couvrir la tête de cendres, car « Le Monde » a peu d’affection pour l’Euro – c’est une litote, et ne manque pas une occasion de le débiner.

Le même canard titre, d’ailleurs : « La croissance allemande a bénéficié de la monnaie unique« . Ben alors,c’est bon ou mauvais ? il faudrait savoir… bon pour les Allemands, pas bon pour nous ? c’est ça ?

Eh oui, c’est ça. Et moi j’en ai par dessus la tête d’entendre seriner tous les jours l’antienne « avec le Franc, au moins, on maîtriserait notre destin, on serait pas gênés aux entournures comme avec l’Euro gnagnagna ». Nous ne maîtriserions rien du tout ! nous étions, jusqu’à la mise en place du « serpent monétaire » SME en 83, les rois incontestés – avec les Italiens, c’est vrai – de la dévaluation de notre monnaie. Dix-sept dévaluations entre 1028 et 1983. Un courant d’air ? on dévaluait. Nos industriels frileux et craintifs pleurnichaient qu’ils n’y arrivaient pas ? on dévaluait. Les caisses sonnaient creux ? on dévaluait. On dévaluait à tout propos et hors de propos, parce que nos gouvernants sont des paniers percés, parce que la Grandeur de la France, parce qu’on dépense trop et connement, parce qu’on ne sait pas bosser sans rouspéter, parce que notre pays est piloté en fonction des états d’âme des chauffeurs de taxis, des aiguilleurs du ciel, des patrons chauffeurs-routiers et des agents de conduite SNCF et RATP.

On en a vu, des reculs du Franc par rapport au Franc Suisse, au Mark, au Florin, au Franc belge, même le Franc belge, c’est dur, hein ?… on en a vu, et chaque fois c’était une baffe et une mortification : pas sérieux… monnaie de singe… pas capables de bosser sans râler… gaspilleurs… cigales… sous De Gaulle sous Pompidou sous Giscard sous Mitterand, on en aura vu défiler des dévaluations – des humiliations.

Depuis le SME, en revanche, il n’y a pas eu une seule dévaluation – si, en fait, les taux de change sont maintenant à la baisse vis à vis du Franc suisse depuis 2011 – la suisse, ce paquebot de banques ; vis à vis du Yen depuis peu – injustement, au vu de la santé de l’économie nipponne et de sa dette souveraine ; et vis à vis du Dollar, cette monnaie de singe planétaire. Mais songeons-y :  si l’on avait gardé le Franc, où en serions nous dans la dégringolade vis à vis du Mark, du Florin, du Franc belge, du Yen, du… ? hein ? au ras des pâquerettes. Si la monnaie négative existait, nous y serions déjà.

Et en cas de malheur – de retour au Franc, je vous fiche mon billet de 100 qu’une des premières décisions qui seront prises, ce sera une dévaluation : « compétitive », pour la bonne cause,  je vous rassure tout de suite.

Tibert

(*) J’ai fait un rapide calcul : 9 centimes de café maximum par dose (6 grammes) à la machine derrière le comptoir. De l’eau, un peu d’énergie, disons 2 centimes le tout : coût de production, moins de 11 centimes. Après une petite translation vers le comptoir : 1,50. Vers la salle : 2, voire plus.

Grands espaces

Les poules pondeuses « de batterie », ou d’abattage, comme vous voudrez, fournissent 80 % des oeufs de poule (eh oui…) produits en France. Elles disposaient réglementairement jusqu’ici de 550 cm2 dans leur enfer quotidien de chaleur, promiscuité, bruit, lumière permanente, mais vont bénéficier de la sollicitude de l’Union Européenne, qui leur octroie 750 cm2, plus un perchoir, plus un grattoir, plus… bref, s’il existe un enfer moins dur que l’enfer, voilà, c’est à ce doux enfer qu’elles vont avoir droit, ce dès le 1er janvier 2012. Merci Bruxelles, une fois.

Ceci pose tout de même un problème d’éthique, et si je ne rejoins pas madame Bardot, Brigitte, dans tous ses combats, sur ce point de la cruauté des hommes envers les animaux je ne peux qu’être de son bord. On a assez pleuré, boycottons. Boycottons les oeufs marqués « 3… », soit tous les oeufs produits en élevage de batterie. Et tant qu’à faire, seuls les oeufs  « 0… » (supposés « biomachin ») et « 1… » (poules élevées en liberté) méritent qu’on les bouffe. Les « 2… » ouais, c’est moins pire,  mais bon, elles voient pas la lumière du jour… vous vivriez comme ça, vous ?

Vous allez me dire – et une copine à moi le disait, haussant les épaules, « je ne vois pas la différence« . Certes ! le blanc est blanc, le jaune est jaune, un oeuf est un oeuf. Mais la poule, ELLE, elle la voit, la différence ! et comment. Faites donc rapidement un sondage débile façon Figues-haro auprès des poules lectrices de ce canard, du genre comme hier « La SNCF a-t-elle raison d’augmenter ses tarifs ? Oui- Non » (devinez la réponse) : « Poules, mes amies, préférez-vous une cage de 750 cm2 ou un pré d’herbe verte ? Cage – Pré  » vous verrez,  impressionnant, ça va faire genre plébiscite.

Reste qu’on ne peut pas, hélas, boycotter efficacement les oeufs « 3… ». Bicôse les restos, et les aliments industriels. Quel resto osera nous annoncer sur sa carte « Nous n’utilisons que des oeufs 0 ou 1« , quel industriel de la biscuiterie, des pâtes aux oeufs frais, de la ragougnasse en boîte affichera fièrement sur ses emballages « que des oeufs de poules en liberté chez nous » ?  Allez, on fera comme on pourra, on va quand même essayer. Ouvrons les boîtes d’oeufs, et « 3… » : Niet ! « 2… » ? que nenni. Oui, c’est plus cher, je sais. Eh bien, mangez-en moins, de toutes façons c’est bourré de cholestérol,  bio ou pas, donc allez-y mollo :  à ne bouffer qu’avec Parcimoni et Bonessian.

Bébert

Courses folles

Les tarifs du gaz, des trains, de ceci, de cela, vont augmenter en janvier, comme d’hab’ on commence à s’endurcir : même pas mal – et bien évidemment ceux des taxis.

Leur course folle aux sons de Radio-Côte-d’Ivoire ou d’une radio kurde, à payer en espèces exclusivement – si vous voulez une facture, vous aurez une fiche griffonnée au coin d’un feu de croisement – va désormais vous coûter au minimum 6,40 euros (et évidemment beaucoup plus la plupart du temps) sans oublier le pourboire, largement justifié vu l’amabilité et l’empressement.

Avancée majeure (pour eux), les taxis n’auront plus à montrer par signal rouge / vert s’ils sont libres ou pas… c’est idiot, c’était pratique, eh bien non, ça les gêne, donc on a supprimé ça. A vous d’agiter le bras frénétiquement et à tout hasard, tel un sémaphore désespéré au bord de la chaussée :  ILS choisissent.

Bon, résumons-nous : corporation à « numerus clausus », rare, peu disponible, de plus en plus et trop chère, pas très agréable la plupart du temps – puisque nos gouvernants, droite-gauche confondus (et merci tout particulièrement à monsieur Pasqua)  sont infoutus d’avoir un peu de courage et de réformer cette profession qui leur est si chère dans le sens d’un meilleur service (*), appelons de nos voeux l’avènement de moyens propres à envoyer ces gens-là rejoindre les allumeurs de réverbères, les réparateurs de bidets et les cardeurs de matelas.

Longue vie à Autolib, Velib et toutes ces sortes de choses !

Vivent les motos-taxis, les crypto-taxis, les taxis sans plaque, les camionnettes collectives et les minibus dégriffés !

Vive l’auto-stop  au coin des feux de croisement, avec une pancarte pour la destination et le billet de 10 qui dépasse de la poche !

Vive le covoiturage  en ville !

Bébert

(*) une commission Attali avait, il y a 3 ou 4 ans, fait des propositions positives, évidentes, sensées… elles ont fini à la poubelle, les propositions Attali sur les taxis.

Revue de presse unanimiste

J’avais suggéré, poliment,arguments raisonnables à l’appui, à monsier Lang, Jack, de prendre sa retraite à la prochaine législative (voir mon récent « Lang âge de raison ») : je persiste dans mon idée, mais lui persiste aussi, sûr qu’au bout de ses 72+5 = 77 ans en 2017, il ne sera plus en âge de bouquiner Tintin, MAIS  il aura, c’est certain, toute sa tête et son utilité – ça on peut en douter – et ses confortables statut et salaire de député, ça c’est sûr.

Je lisais ce matin les feuilles électroniques de Libé sur ce sujet, et notamment les réactions des lecteurs (de libé, à gauche, hein !) à l’annonce provocatrice de l’intéressé, qui aura à choisir, dit-il, sa circonscription entre 3 départements (il se voit déjà élu, ma parole !). Et je constate qu’à gauche, on est beaucoup moins civil que moi envers monsieur Lang. On frise même l’impertinence. Petit florilège, ou morceaux choisis  (j’ai horreur de best of, et j’ai mieux, bande d’anglolâtres) :

« Avant que la base ne plébiscite le vieux machin… »

« Faire encore cas de gens aussi insupportables et aussi incompétents, leur donner des circonscriptions est la meilleure façon de se planter en 2012 !  il faut le mettre à la retraite ! »

« pourvu que le parachute s’ouvre :-)) !! »

« 40 ans Jack. Lâche-nous. »

« ce mec après avoir ruiné Blois, méprisé le Boulonnais louche sur la Somme ! bref un électeur de gauche vote bien comme une chèvre et permets à un incapable d’avoir du fric pour nous faire chier sur les plateaux télés! »

« les vieux magouilleurs devraient avoir la loyauté de se retirer d’eux-mêmes… à 76 ans, allez, du balai ! »

« On pourrait pas se cotiser pour le parachuter dans une maison de retraite dont il ne sortirait plus ? »

« ces vieux éléphants du PS, faudrait les allumer à la.460 Weatherby magnum, pour être sûr de ne plus les voir encombrer les listes électorales pendant encore vingt piges… »

Bon, j’arrête là, et j’avoue que je me suis payé une bonne pinte de rire à lire ce courrier des lecteurs. Comme au Loto, 100 % des commentateurs flinguent monsieur Lang : ce n’est plus un plébiscite, c’est une évidence. Le paysage politique est encombré de vieux poids morts et de vieux parasites,  de vieux croûtons coûteux qui voteront sans état d’âme à 73 ans et plus le retour de la retraite à 60, cherchez l’erreur.

Les dirigeants de nos magnifiques partis politiques, que le Monde entier nous envie, pourraient-ils envisager de rafraîchir légèrement leur trombinoscope ? parce que là, on fatigue… Lang par ci, le Ché par là, un Méhaignerie ailleurs… et je vous dis pas le Sénat ! mais le Sénat, doooucement,  il ne faut pas trop les secouer, ils partiraient en poussière, comme ces momies apparemment intactes mais intransportables.

L’hôpital qui se moque de la charité, c’est Monsieur Lang vitupérant les « Verts »,  «  cette organisation écologiste qui ne craint de conclure des accords d’appareil qui propulsent des candidats dans des circonscriptions auxquelles ils sont étrangers ». C’est çui qui le dit qui y est.

Bébert

Avec des rennes et des clochettes

Je lis ce jour que les gendarmes se décarcassent du côté de Tournus pour comprendre comment un homme a pu essayer de descendre du train qui justement venait de quitter cette gare, se péter méchamment la gueule sur la ballast et en mourir, crâne enfoncé. Les portes auraient normalement dû être bloquées, paraît-il…

Je lisais hier que les statistiques indiennes d’accidentologie (quel moche mot !)  font état d’environ  36.000 morts (vous me passerez les pouïèmes) sur le réseau ferré périurbain de Bombay en 10 ans – soit 10 morts environ par jour, et autant de blessés (estropiés à vie, grabataires, légumes en chaise roulante etc). Là-bas si les portes des wagons sont fermées c’est qu’elles sont coincées – autrement c’est portières grand-ouvertes, passagers cramponnés aux barres de maintien, marchepieds surpeuplés, et mettez m’en aussi quelques uns sur les toits. Déjà que chez nous les houatères ne sont pas souvent nickel dans les trains, même au début de leur périple – des mauvais Français ne lèvent pas la lunette pour pisser, et splassh, ils visent en plein dessus, ou ils passent pas la balayette après la grosse commission, ou y a pas d’eau dans le réservoir de chasse, ou c’est bouché…  je n’ose imaginer l’état de leurs homologues bombaysiens avec la chaleur qui règne là-bas.

C’est clair, on a l’air riquiqui avec nos chiffres d’accidents ferroviaires : on est pas de taille ! et pourquoi je vous raconte ça ? je sais pas, c’est Noël, ça devrait pouvoir faire un conte de Noël, non ? les joulis trains de banlieue de Bombay, avec leurs grappes d’humains juchés sur les marchepieds et les tampons entre les wagons – en y ajoutant, évidemment, de la neige, des guirlandes à clignotements et des sapins. Allez, « Jingle bells, jingle bells… ».

Bébert

Noël mammaire

Vous en serez certainement d’accord, l’annonce, peu avant Noël, que les prothèses PIP (*) destinées à donner plus de volumes (allez, au pluriel, c’est plus volumineux) aux seins des femmes soucieuses d’aérodynamisme, sont de vraies bombes à retardement et vont devoir être « explantées », présente bien plus d’importance que ce buzz (le remue-ménage, quoi) autour de  l’initiative débile de nos parlementaires visant à légiférer sur la négation du génocide arménien.

Cette loi conne et inutile viendra s’ajouter aux nombreuses lois stupides, Gayssot etc… destinées à « cadrer » et censurer l’expression. Il est clair que la « Shoah », le génocide Khmer, arménien, vendéen, Katin, le Goulag… j’en oublie, là ? … sont des faits historiques, que leur réalité ne résulte pas de textes votés par le parlement français, mais d’une démarche neutre, scientifique. Les députés ont perdu là une occasion d’aller boire un coup, au lieu de faire tourner la machine à légiférer – qui chez nous ne chôme pas ! le problème, c’est juste de les faire appliquer, les lois… mais ceci est une autre histoire.

Mais basta avec cette loi, tirons la chasse. En fait, je ne puis m’empêcher d’établir un parallèle entre les notes attribuées par nos 3 comiques, Moodys-Standard etc…-Fitch, et la profondeur des bonnets de nos congénères du sexe dit faible (mon oeil !). Car autant il était du dernier chic il y a peu d’arborer des tailles C, D, E… (catégorie carrément spéculative), autant il est maintenant gratifiant, positif, de s’afficher avec du A, du AA, du AAA+ (celui-là, c’est pour Jane Birkin, à ses propres dires). Ca permet assurément d’éviter toute « dégradation » – vous en conviendrez avec moi, une poitrine dégradée à C- -, « à jouer au foot avec », dotée ou non de prothèses PIP,  c’est affligeant et moins pratique que des oeufs au plat.

Reste à pondre une loi pénalisant la négation de la nocivité des prothèses mammaires PIP. Soyez tranquilles, ça va venir.

Tibert

(*) exception faite des « reconstructions » mammaires suite à des cancers du sein – là, on ajoute l’horreur au tragique.

Lang âge de raison

Voilà une histoire qui nous renvoie au Calvero de « Limelight », alias « Les feux de la rampe », 1952. Calvero, le clown usé, fatigué, au bout du rouleau, juste capable de seriner ses vieux sketches qui ne font plus rire personne, et dont on ne sait s’il lutte pathétiquement pour assurer la matérielle, ou si c’est un combat pour exister encore, vibrer, faire vibrer, susciter les vivats et la claque comme au bon vieux temps.

Monsieur Lang, Jack, 72 balais aux vendanges, cherche actuellement une circonscription où se poser. C’est qu’en fait, à supposer que la Chambre des Députés soit dissoute au printemps 2012, ce qui est très probable, voire certain si la Fin du Monde ne survient pas auparavant, monsieur Lang risque de se retrouver sans poste parlementaire – puisque dans un PS atteint maintenant de gérontophobie sélective, on lui retire son dernier lieu de mission, le Pas-de-Calais, voué aux Verts aux termes de laborieux accords d’appareils.

Professeur agrégé de Droit, conseiller municipal à Paris dès 1977, monsieur Lang est passé depuis et – à ma connaissance, à peu près sans interruption – par des postes de ministre, de député européen, de député tout court, de maire… et ça fait maintenant 34 ans qu’il hante la vie parlementaire. Il a écumé Paris, le Loir-et-Cher, il a été député-et-maire (à Blois) – donc encore un qui a cumulé, et puis député du Pas-de-Calais… et le voilà qui a une petite fenêtre d’espoir sur une circonscription picarde, il se tâte…

Les états de services de monsieur Lang sont contrastés, son passage à l’Educ’ Nat’ n’a pas laissé un souvenir ébloui (*) mais dans le domaine de la culture, prix unique du livre, fêtes diverses et variées, il a réalisé de bonnes choses. Je me permettrai un gros bémol sur l’admiration qu’il affichait pour les « tags », ignoble envahissement du paysage de nos métropoles. Idem, à ce que je crois savoir, pour les musiques électroniques, pour la plupart infecte ragougnasse à haute teneur en décibels ; c’est son droit le plus strict d’aimer ça, mais de là à nous l’infliger…

Le bilan de monsieur Lang après 34 années de vie élective ou ministérielle n’est pas si mauvais. Mais il va là au combat de trop, aux chansonnettes miteuses façon Calvero. Rendez donc service à la République, l’heure de la retraite est largement là : dételez, monsieur Lang, montrez l’exemple à tous ces vieux cuirs tannés sous les ors du Luxembourg ou du Palais-Bourbon, cramponnés à leur cantine parlementaire comme des berniques à leur rocher, et qu’il faudra porter en terre avant qu’ils aient passé la main. Cultivez vos rosiers et l’art d’être pépé, cultivez-vous, vous avez de bonnes bases, c’est un domaine fantastique et sans limites. Et vous devriez, au vu de votre carrière, ne pas avoir trop de souci à boucler les fins de mois.

Bébert

(*) d’ailleurs quel ministre de l’Educ’Nat’ a pu laisser une trace positive, sachant que les idéologues de la médiocrité de masse y ont pris le pouvoir ? monsieur Allègre a bien tenté de rendre ce super-tanker gouvernable, de tronçonner ce monstre en unités gérables… on sait ce qu’il en est advenu. Et de réforme en réforme, c’est de plus en plus pitoyable.

Heureux peu (*)

J’aime bien madame Joly, et de plus en plus au vu de son programme.

Super, son programme ! outre qu »enfin elle propose de dépénaliser le cannabis – du simple bon sens, mais le bon sens se fait rare chez nos élites éclairées – ce qui permettra de mettre sur un pied d’égalité la fumette le tabac l’alcool et les anxiolytiques, elle se lance hardiment dans la déconstruction de la cellule familiale traditionnelle, car il est bien établi que c’est être réac’ et pas vert du tout – ça aurait même, paraît-il, un effet néfaste sur les gaz à effet de serre – de se cramponner à la structure parentale classique (et qui fonctionne bien, merci). Là, je dois dire, je ne la suis pas du tout.

Son slogan sur le « moins consommer » me plaît, en revanche (sauf sur la bouffe, où j’ai des réticences) : enfin un coup de pied au cul des appareils à masser l’intérieur du gros orteil, des crêpières électriques transformables en machines à tortillas, des tiédisseurs de mousse à raser, des ionisateurs d’air tantriques et des fontaines lumineuses  à eau recyclée. « Ma thurne est découverte » va pouvoir mettre la clé sous la porte, et Boulinex  se recentrer sur ses métiers de base : l’autocuiseur et le presse-purée à manivelle.

Enfin, last but not liste, et même le plus important : les 32 heures ! On en rêvait, Eva le fait. Reste à faire fonctionner tout ça : simple, moins on consomme, moins on a besoin de produire, donc de travailler. C’est d’une logique impeccable, et je dirai même que ça touche aussi bien le fonctionnaire des Impôts que le fabricant de gratte-dos à décharge statifiée. Du moment qu’on ne produit que peu, on déclare peu à l’URSSAF, les rentrées de fric se faisant rares, il devient de plus en plus simple de les contrôler, c’est vite bâclé, en moins de 32 heures, tiens !

Restera à occuper nos loisirs, considérablement plus épais… ne consommant que peu, et surtout des voyages voraces en effet de serre, on restera à la maison, ou on partira à vélo, avec une remorque éventuellement, comme les congés payés en 36. Pour ne pas être esclave de la consommation, on lavera notre linge au lavoir – tiens, en voilà des boulots à créer, remettre en route les lavoirs de nos grand-mères, avec les planches, les brosses et le savon de Marseille – et ça passera le temps agréablement. A la veillée, on évitera de se cramponner à « Sacrée Niaiserie » sur TF2 (sauf si on dispose d’une dynamo pour alimenter la télé, et en privilégiant tout de même Arte et la Chaîne Parlementaire) : on cassera les noix pour les porter au moulin, on alimentera le poële à copeaux de bois, on triera les lentilles « bio », on se tricotera des pulls, on se fera la lecture, on fera des petits.

Je plaisante, bien évidemment. Ce sont en fait des propositions très intelligentes… pour des gens évolués, cultivés, assez friqués pour avoir tout l’essentiel, se trouver bien chez eux et occuper leurs loisirs intelligemment. En d’autres termes, c’est un programme élitiste. Proclamons vite la REVE, la République des Elites Vertes et Eclairées et rejoignons-la – puisque nous en sommes, bien évidemment.

Tibert

(*) Happy few, chez nos voisins d’outre-Channel

Négatif, chef !

On le sait, papa Moody’s, maman Fitch et le St-Esprit Standard & Poors menacent de faire panpan-cucul à la note de la France en matière de solvabilité sur sa dette souveraine. Il y a fort à parier que c’est déjà dans le tuyau, puisque ça fait partie du plan, vu que l’Euro les emm…, vu que le déficit des USA est proportionnellement supérieur au nôtre mais chuuuut, vu qu’il s’agit de nous mettre la tête sous l’eau, et que, good idea, existent ces 3 Pythies, ces 3 Parques, ces 3 Pieds-Nickelés aux ordres de la finance anglo-saxonne. La question est : quand ? il s’agit de nous « dégrader » (charmant vocable) au moment où ça paraîtra plausible, naturel, pas trop fabriqué.

La faute à Sarko ? la faute à Sarko  ! clament les anti-Sarko.  Meeeuh non, répondent les autres. Il est vrai que notre Président clamait encore haut et fort, il n’y a pas si longtemps, que le triple « A », c’était une affaire de principe pour lui, et que maintenant, ça communique de là-haut dans le style « bof, 2 ou 3 A, après tout, c’est A tout de même, non ? « .

Vouais… peut-être… les anathèmes pleuvent durs et dru, en tout cas, en ce moment. Je lis dans le courrier des lecteurs (à défaut de pouvoir écrire dans le courrier des écriteurs, vu que je ne suis pas abonné, j’ai pas le droit !), je lis, dis-je : « Jamais un président n’a eu un bilan aussi nul que Sarkozy. Et certains voudraient en reprendre pour 5 ans? » Fermez les guillemets. Je voudrais, dans mon petit coin, humblement, faire remarquer deux graves erreurs de raisonnement dans cette assertion désobligeante :

– Premio, « aussi nul que » ne veut rien dire. Soit c’est nul, soit ça ne l’est pas : nul, c’est nul ; un poil de cul à côté de zéro, ce n’est pas nul. Relisez le paradoxe d’Achille et de la tortue, c’est plein de culture et réellement paradoxal.

– Deuxio, le commentaire acerbe que j’ai cité plus haut oublie que les nombres négatifs existent : monsieur Sarkozy aurait pu faire un bilan négatif ! Comme disent les Québécois, nul, c’est pas plus pire que négatif, et toc ! Et, disons-le, des bilans négatifs, donc bien plus mauvais que nuls, je pourrais vous en citer, moi, et des qui ont néanmoins donné aux lecteurs du canard que je vous cause l’envie d’en reprendre non pour 5 ans, mais pour 7 ans – putain, 2 ans de plus !  il est vrai qu’à l’époque y avait pas le choix.

Bon, alors, ce tripe A en dégradé, c’est prévu pour entre la dinde aux marrons et la bûche ? c’est ça ? pour nous saboter le réveillon ? mais c’est qu’y z’en seraient capables, je vous le dis.

Tibert