Le hic de la laïque

Je vais vous raconter une joulie histoire laïque. C’est « Le Parisien-En-France » et autres lieux qui me l’a racontée, et j’ai pensé que ça valait le coup. Alors voilà…

Un habitant d’Aubervilliers (le 9-3, ses grands espaces, son univers impi-toya-able) fils de curé défroqué et probablement de ce fait-même athée de chez Athée, décide de se marier avec sa chère et tendre, avec qui il vit depuis pas mal de temps déjà : une Marocaine de confession musulmane, pour qui ça ne pose aucun problème de vivre avec un mécréant.

Mais voilà : la mairie lui demande un « Certificat de coutume », nécessaire semble-t-il quand on épouse un(e) étranger.

Ce certificat est à retirer auprès du Consulat du Maroc.

Au Consulat du Maroc, on déclare ne pas pouvoir lui délivrer ce papier s’il ne signe pas un acte de conversion à l’Islam. Et comme ça ne lui plaît pas de se convertir, il ne signe pas.

Retour à la mairie, on lui réitère la nécessité de ce « certificat de coutume » : si si, o-bli-ga-toi-re.

Obligatoire ? voyons voir, voyons voir… c’est faux : en fait le Code Civil ne réclame rien de tel, mais seulement un certificat de célibat. Alors ? alors il se trouve que de nombreuses mairies réclament en toute illégalité  ce genre de document totalement abusif ! et que sur les plusieurs milliers de mariages mixtes franco-marocains chaque année, la plupart se font avec ce fameux torchon « de coutume », parce qu’il paraît plus simple de faire semblant de se convertir, plutôt que de dénoncer cet abus.

Moralité : la mairie PS du coin ayant enfin compris le film, le mariage se fera entre un athée athée et et une musulmane musulmane, en France, pays laïc. Et c’est  très bien. Le seul problème, c’est qu’au Maroc ce mariage ne vaut pas. Eh bien, tant pis pour les bigots.

Tibert

PS : on espère que not’ ministre de l’Intérieur et des Cultes fera circuler les directives rectificatives nécessaires pour que cessent ces exigences abusives… et au fait, n’y aurait-il pas derrière ces paperasseries fantaisistes et illégales quelques employés de mairie un poil trop zélés ?

J'y comprends que dalle mais je suis contre

Encore un sondage où je n’ai pas été sondé –  en fait je ne suis jamais sondé, sans doute ne suis-je pas représentatif, ce doit être génétique. Un sondage, dixit « Le Monde » (et d’autres, Europe 1, L’Humanité, qui est d’ailleurs le commanditaire de ce sondage…) nous catégorise hostiles à la TVA sociale à 64 %. On sait que le Grand Chef Nicolas a décidé qu’on la ferait (la TVA sociale) avant le clap de fin sur son quinquennat, et je vous fiche mon billet que c’est encore une de ces réactions épidermiques anti-Sarko qui a largement inspiré le choix des sondés – tant il est vrai que ce Président suscite des sentiments de haine quasi pavloviens. Tiens, ça me rappelle Joe Dalton dans les premiers albums de Morris – les seuls qui vaillent – qui à la seule évocation du nom de Lucky-Luke, se mettait à trépigner, manger son Stetson, se roulait par terre, risquait l’apoplexie, hurlant « je hais Lucky-Luke !« .

Mais derrière ce rejet phobique, si chaque  sondé se voyait demander « la TVA sociale, en comprenez-vous les mécanismes et les enjeux ? pouvez-vous m’en développer les lignes directrices ? » (*) ce serait probablement « hem… ben… c’est-à-dire queuuh… ». Car la TVA sociale, mon mignon, c’est tout sauf simple.

Bon, je ne vais pas vous faire ici un topo sur les mécanismes de la TVA sociale, les coûts hors-taxes incluant ou non les cotisations sociales salariales, le différentiel produits importés-produits nationaux. D’abord j’ai moi-même besoin d’y voir plus clair et ce n’est pas totalement le cas – mais je me soigne ; et puis vous trouverez, chez Wiki par exemple, un début d’explication assez bien fait.

Rêvons de refaire ce sondage : l’ « Humanité » fait rassembler un échantillon représentatif d’un peu plus de 1.000 personnes, leur fait suivre un cursus pédagogique sur la TVA sociale, ses rouages, ses plus et ses moins, son application en Allemagne et au Danemark, ses résultats patents… et on repose la question. Chiche ?

Tibert

(*) je traduis en langage de talc chaud : « Pour vous  la TVA sociale c’est quoi ? comment ça marche ?  » Ah oui là comme ça on comprend.

Fin de parti ?

Marseille, sa bouillabaisse, sa Bonne Mère, ses quartiers Nord, ses grutiers et dockers obligatoirement tous syndiqués et ses éboueurs qui bossent selon le contrat de travail informel  « fini-parti« . A savoir : leur journée est en principe de 7 heures (merci Martine, merci Lionel) mais une supposition : s’ils avaient fini leur boulot de la journée, disons, en 5 heures 30 au lieu de 7, pourraient-ils rentrer chez eux goûter un repos bien mérité ? (ou bricoler, repeindre un appart’ « pour un copain », cuisiner, que sais-je ?) eh bien oui, la Mairie – la communauté urbaine, en fait : la MPM, leur donneur d’ordres – magnanime ou laxiste ou les deux, les a laissés fonctionner selon le « fini-parti », au vu paraît-il de la pénibilité de leur boulot. Notez bien qu’il existe des tas de boulots tout aussi pénibles, les maçons les terrassiers les métallos la découpe de volaille à la chaîne, etc etc… mais eux, en plus, ils travaillent dans le sale, ça ne sent pas la rose, pas vrai ? certes, mais on peut supposer qu’ils étaient au courant lors de la signature de leur contrat de travail  ? et ils ne ramassent pas des poubelles pendant 7 heures, loin de là.

Le problème est que ce ne sont pas 5h 30, ou 6h20 qui sont effectuées en moyenne, mais au grand maximum 3h30, soit la moitié du temps théorique. Vous pourrez lire ce qu’en dit le Figues-haro – voir le lien que je me suis décarcassé à vous fournir plus haut, en gras souligné etc. Donc, de deux choses l’une :

– soit les éboueurs marseillais bossent à 2 fois la vitesse nominale, et là je me demande s’ils n’ont pas tendance à y aller un peu allegro vivace,  et s’ils ont le temps de fignoler les coins ? (*) amis lecteurs marseillais, les coins sont-ils propres dans votre ville ? au vu des fines remarques du maire actuel, le trop bon monsieur Gaudin, les conducteurs de camion-poubelles auraient tendance là-bas » à se prendre pour des pilotes des 24 heures du Mans ».

– soit ils n’ont qu’une demi-charge de travail, en clair pas assez de travail, ce qui relève de la responsabilité de leur employeur la MPM, qui gère mal sa boîte, gaspille l’argent du contribuable, et peut envisager de sabrer quasiment la moitié des effectifs, d’où grosses économies pour la ville de Marseille – ce que ledit contribuable de là-bas appréciera certainement.

Il se trouve qu’un courageux ou téméraire citoyen de Marseille – un avocat – a entrepris de saisir la Justice sur cette affaire, estimant, lui, que sa ville n’est pas propre, et que donc les éboueurs peuvent donner encore un peu de leur précieux temps « fini-parti » au polissage des bordures de trottoirs, au nettoyage des caniveaux et au lavage à grande eau des recoins sombres où ça pue l’urine fermentée. Je dois dire que je suis admiratif, et je souhaite à cet avocat courage et ténacité. Car bizarrement son adversaire, c’est la MPM, qui s’obstine à chouchouter ses éboueurs et leur « fini-parti » aux dépens des Marseillais.

Il se trouve aussi, et c’est là le fin mot de la fin, que l’avocat de la Communauté Urbaine a énoncé ceci : « le fini-parti n’a pas été mis en place par une décision. C’est une tolérance, un usage historique qu’on ne peut pas abroger« . En clair, personne à la MPM n’a jamais autorisé formellement et par écrit les éboueurs à agir comme ils le font (mais ils le font) : eh bien, c’est un usage historique ! et il est évidemment impossible d’abroger un usage historique, qui n’a pas d’existence légale.

Reste aux patrons de France et de Navarre à affronter cet état de faits : le campement des salariés pendant des heures devant la machine à café non plus que les parties de crapette en réseau sur leurs ordinateurs ne sont inscrits au Contrat de Travail, donc ce sont des tolérances, des usages historiques qu’on ne peut pas abroger. On peut juste rechercher des salariés plus consciencieux et moins feignasses.

Tibert

(*) Locution usuelle dans ma famille à propos d’un nettoyage sommaire : « si les coins en veulent, qu’ils s’approchent ! »

On en reste sur le cul

Brève nouvelle du Fig’ machin-chose ce soir : « Villepin va installer son siège à Paris. »

Nooooon…. c’est pas vrai ? ! à Paris ? sans blague.

Eh bien si, c’est vrai ! ça vous la coupe, hein ? on en reste sur le cul, comme le titre de ce billet le suggérait.

En voilà une information qu’elle est surprenante, et utile. Car on supputait, on supputait… Noeud-les-Mines ? trop mineur. Garges-les-Gonesse ? ça sonne moche, ça fait banlieue, c’est pas la France profonde. France profonde… France profonde… Bussière-Poitevine ? trop profond. Vollore-Montagne ? ouais c’est moins profond, mais les mobiles « passent » mal.

On se perdait en conjectures, vrai ! mais bon, Monsieur Villepin (« Villepin », vous aussi vous aviez noté la familiarité déplacée ? ) a tranché, brillamment comme toujours : ce sera à Paris. Rue du Cherche-Midi (à quatorze heures, woauf wouaf !  LOL, MDR).

Bébert-ferme-ta-boîte-à-camembert.

J'ai Déjà Donné

L’inénarrable JDD, le Journal du Dimanche – qui est donc un hebdomadaire, pas un « journal », mais bon, on passera là-dessus – nous régale une fois de plus de l’une de ses spécialités les plus kitsch, stupides, grotesques, connes… rayer la mention inutile, à savoir le classement semestriel des 50 personnalités les plus aimées des Français. J’ai déjà rouspété contre cette mascarade, je recommence donc.

Qui sont-ce, ces Français méritants, prestigieux, exemplaires, rayonnants ? 1° un ancien professionnel de tennis de haut niveau qui habite New-York et s’est recyclé dans la chanson ; 2° un ancien professionnel de football recyclé dans les affaires, et qui vit beaucoup à Madrid ; 3° un acteur de cinéma  récemment sorti des listes de figurants ou de seconds rôles grâce à un personnage valorisant et sympathique dans le film « Intouchables » (eût-il joué un truand, un pauvre gars… il coulait en 129 ème  place, tant il est clair que c’est le rôle qui plaît). Noah-Zidane-Sy, c’est le tiercé dans l’ordre. Incidemment on ne peut qu’admirer l’absolue pureté anti-raciste, cristalline, nickel-chrome, de ce choix : un métis Noir/Blanc, un Maghrébin, un Noir ! aurait-on oublié les Juifs dans la distribution de médailles ? mais non, ils pointent tout près du trio de tête, puisque DanyBoon et Gad Elmaleh figurent dans les 10 premiers. Les asiatiques ? les amérindiens ? les kanaks ? que voulez-vous, il n’y a que 50 places.

Une revue-sur-Toile nommée Slate (l’ardoise) et que je vous recommande nous a pondu une étude (« Pourquoi les personnalités préférées des Français sont-elles si ringardes ? « ) quelque peu sérieuse, scientifique, sur les coulisses de cette Bérézina du bon goût et de l’exigence, ce classement débile pour lecteurs débiles qui nous régale invariablement de fantaisistes, personnages de la jet-Set, anciens sportifs… alors que nous devrions avoir chez nous quelques individu(e)s méritants, courageux, exemplaires, rayonnants, des gens qui donnent à penser que l’espèce humaine est encore estimable et susceptible de progrès.

Le fin fond de l’histoire est que c’est l’équipe du JDD qui choisit en interne ces phares de l’Humanité que sont Mimi Mathy, Yannick Noah, DanyBoon etc, sur des critères scientifiques que je ne vous dis que ça ! la liste est donc pré-découpée, et si vous répondiez « euh… Jean-Marie Le Clézio ? (prix Nobel de littérature) ; Cédric Villani ? (médaille Fields cette année) on vous répondrait « ils ne sont pas dans la liste ! dans la liste, on vous dit ! choisissez Aznavour Floresti Debbouze Sardou Noah… : ceci confirme donc ce que je pensais de ce sondage semestriel et lamentable, et du sérieux de l’équipe de rédaction de ce canard. Je m’abstiendrai de gros mots, mais je les pense très fort, vous devriez pouvoir les lire en filigrane.

Tibert-pas-au-top 50