Y a plus de gaieté (*)

Nous avons un tribun charismatique en diable et ne le savions pas ! Notre Ayrault national, qui, de sa voix sans timbre ni expressivité, détaillait avant-hier les décisions prises par son équipe pour renflouer sans tarder, en 2014, va savoir ?  la compétitivité des entreprises. Du style : je commence par t’assommer et puis je te passe une lingette sur le front. La gauche de la Gauche (ou inversement) hurle aux cadeaux Bônnux aux entreprises, et les entrepreneurs prennent ça comme ça vient, toujours ça de pris, ça sera ça de plus en moins (ou inversement).

Ce faisant, – mais non, pas ce faisan ! – le Premier des Ministres actuels nous a régalés à cette occasion d’un lapsus de chez Lapsus :  « renforcer l’innovation et la spéculation… euh pardon la spécialisation… » qui pourra concourir au GPL, le Grand Prix des Lapsus, après tant d’autres savoureuses saillies, fellation pour inflation etc.

Bon, c’est pas tout ça, mais je voulais vous causer d’un truc que le titre il est écrit pour. Les canards, tiens, ils en sont pleins, c’est la folie journalistique, gay par ci, gay par là. Le mariage gay, gay gay marions-les.

Moi je vous pose la question : comment va-t-on pouvoir dire, écrire, désormais, qu’un type,  normal, comme l’autre, là… Normal, celui qui fait équipe officieuse avec une Trierweiler – est gai, gai c’est-à-dire d’humeur  enjouée, d’esprit primesautier, souriant, bref GAI, le contraire de triste ? on ne pourra plus, on devra employer des synonymes, sauf à le voir soupçonner de moeurs pas normales(**). Vous allez me dire, je vous entends déjà : « ouais mais gay, y a un Ygrec à gay, c’est pas gai, c’est gay ».

D’accord, mais comment le prononcez-vous ? hein ? « gai ». Et voilà… vous n’allez pas nous donner du ga-ygrec ? déjà que l’autre, là, Dassault, il dit que c’est à cause de la gayté que la décadence s’est abattue sur la Grèce, comme les sauterelles sur les plaies d’Egypte. Alors, par pitié, journaleuses, journaleux, mes amis, ne tuez pas la gaieté : donnez nous de l’homo, de l’homo tant que vous voulez, homo sapiens, tiens, pour qualifier les homosexuels érudits, façon de traiter du gai savoir.

Et puis, tenez, « si t’es gai, ris donc« , cet inamovible pilier des astuces vaseuses, ça n’a plus aucune gueule, avec un Ygrec.

Tibert

(*) ou gaîté, puisque l’un et l’autre s’écrit, ou s’écrivent.

(**) la normalité étant ici entendue au sens statistique : l’item de loin le plus fréquent. N’y vois, cher lecteur, aucune ostracisation ni stigmatisation, comme de bien entendu.

+1 ("Et un rapport, un !")

Le courrier des lecteurs des divers magazines et journaux « en ligne »  (en ligne de quoi, je vous le demande) fourmille de ces « +1 » brefs, concis, abrupts, mais tellement clairs : « je suis d’accord avec le commentaire qui est juste avant le mien, ajoutez-y ma voix, ma foi » (*).

Oui, aujourd’hui je vote « +1 »  sur le coup du rapport sur le prix des carburants, que Bercy (le Ministère des Finances, métonymie oblige) attend pour pouvoir décider quelque chose. Quels scoops ne va-t-on pas nous sortir de ce rapport !! on en est la langue pendante. Quoi ! l’Etat nous abreuve de taxes sur les carburants, et nous l’ignorions ? Ciel ! la marge du pompiste ressemble à une feuille de cigarette vue de profil ? et vous en avez encore, des révélations fracassantes comme ça, à nous faire ?

+1 = vous vous foutez de nous, là-haut. Ayez le courage, une fois (ce n’est pas une expression belge, c’est vraiment  « une fois », cette fois ) de reconnaître que, oui, bon, le carburant est cher, parce qu’il faut des sous pour financer l’Etat et ses impedimenta, son très coûteux train de vie, ses pompes à fric et ses ors, ses largesses et ses niches.

Et cessons de nous plaindre, en Italie c’est 25 centimes de plus le litre, au bas mot. Il est vrai qu’en revanche pour les Etats-Uniens c’est un euro de moins, facile. Mais on ne va pas traverser l’Atlantique avec un jerrican pour faire le plein, non ?

Suggestion : qu’on nomme un Ministre des Rapports. Il va avoir un boulot fou.

Tibert

(*) d’où la nécessité de bien aligner les commentaires dans l’ordre… pas envie que mon « +1 » aille n’importe où, moi.

Gardarem lou terres agricoles, suite

Ayant lu ce matin un entrefilet sur une action plus ou moins anar-contestataire, où le néologisme « Ayrault-porc » était utilisé, je crois opportun de rappeler que « aéroport » (aréoport, disions-nous quand nous étions petits, et papa nous reprenait, « aréoport comme a raie des fesses« ), que « aéroport » prend un « t » à la fin, comme le port-salut, le port de tête et le port-tavion.

« Ayrault-port » est le terme correct, déposé au pavillon de Breteuil à Sèvres : dérision sur le projet bétonnesque de chez Vinci (Vinci, comme d’hab’, et en plus ils vont faire aussi les aires de stationnement, payantes, vous pensez bien !) et aéro-pharaonique soutenu à bout de bras par l’ex-maire de Nantes, qui n’en peut plus de voir survoler SA ville, passer les avions en approche d’atterrissage au dessus de la Petite-Hollande (si si, authentique, la Petite-Hollande, célèbre esplanade nantaise en centre-ville)  les jours de vent dominant sud-ouest – les autres jours, ce sont les canards sauvages de la réserve ornithologique (*) du lac de Grandlieu qui regardent par en dessous sortir les trains d’atterrissage.

Mais Ayrault-port est toujours aussi inutile, ruineux et absurde : feraient mieux de promouvoir massivement les infrastructures de visio-conférence, la fibre optique, l’internet à très haut débit ; car les hommes d’affaires et les cadres baladeurs en ont ras le bol de passer leur vie dans des halls d’aéroports, ces « non-lieux » où Madrid ressemble à s’y méprendre à Kuala-Lumpur, où le sandwich culmine à 6 euros 50 et le petit noir à 3, où la voix-off de la Grande Superviseuse  Sécuritaire vous enjoint inlassablement de « not to leave your luggage unattented« . Ils en ont ras la casquette de contempler le bout de leurs godasses en attendant qu’on les convoque « passengers for flight gnagnagna… gate number fortytwo« . C’est pas une vie.

L’aéroport de Nantes ? il existe, je l’ai même rencontré. Certes, il est d’abord un peu Bougon, mais il a un bon fond. Laissons les landes à Notre-Dame-Des-Landes, elle l’a bien mérité. Et tant pis pour Vinci, ils trouveront bien à bétonner ailleurs, je leur fais confiance.

Tibert

(*) Non non, y a pas d’y-grec, j’ai vérifié.