Je folâtre sur la Toile ce matin… le « Monde » nous entretient de « la semaine de la mode » à New-York ; hier c’était le Figues-Haro qui traitait de la fashion week, exacte traduction de la même expression, sans aucune valeur ajoutée, mais dans un canard supposé français, ça le fait tellement mieux, facheun’ houic.
Et, tiens, ce matin tôt – comme toujours les matins sont tôt le matin, sinon à quoi bon avoir des matins ? – le même Figues-à-rôts nous régale d’un article sur la bouffe ; article très orienté « madââme », vu que c’est dans le cahier Madame Figaro, sous la plume de la très anglophile Marie-Catherine de La Roche, M-C Of The Rock, en fait. Voyons le titre :
« Oui à la Positive Food ! Focus– En cette fin d’hiver, notre eat list [c’est le Figaro qui a mis en italiques, pas moi] des ingrédients antistress… »
… et quelques échantillons de la suite, le best of (le florilège, les morceaux choisis), le ou la cranberry, de genre indéterminé (la canneberge)… le focus, c’est un gros plan (pas le Gros Plant, attention !) ; quant à la Positive Food, c’est la bouffe positive, pas vrai ? la bouffe à ressort, qui pschiite… mais la eat list, ma pauvre dame ? ah oui, la eat list… les ingrédients, mon lapin, c’est aussi de la eat, de la food, ça pléonasmise sec dans ton titre… « notre liste des ingrédients antistress » (va pour le stress, assimilé) aurait largement suffi, et pas en baragouin anglomane.
Mais bon… est-ce dans les écoles de journalisme qu’on enjoint aux « apprenants » (*) de truffer leurs textes d’anglicismes ? mais pourquoi pas aussi, pour équilibrer, d’italianismes, de germanismes, d’hispanismes, de… comme ça au moins on apprendrait des langues.
Et, tenez, à propos d’apprendre les langues, comme c’est bien trop difficile – déjà l’anglais, tout seul, quelle galère – on a aujourd’hui le langage des pictogrammes, en anglais pictogram, je suppose. Les toilettes, restrooms, gabinetti, WC, etc, on a des images pour les trouver. Idem pour interdire de fumer, etc. La société Ikea est passée maîtresse dans la langue du pictogramme, toutes ses notices de montage sont intégralement en pictogrammes, démerdez vous.
Mais, au fait, on n’a pas de pictogramme pour nicht inhauslehnen, e pericoloso sporgersi. Que fait la SNCF ? ce qu’écrivant, je me trouve avec des écouteurs dans les oreilles, pour éviter de déranger ma louloute qui en écrase encore. Et, savez-vous, sur l’écouteur gauche il est écrit « L » (left, bien entendu), et pour l’autre c’est « R », right. Et, savez-vous, sur la totalité des casques, écouteurs etc… de la planète c’est la même symbolique LR. Pourquoi pas GD chez nous, LR à Berlin, SD à Rome, ID à Madrid etc ? parce que ! parce qu’on est infoutus de trouver un pictogramme pour indiquer la gauche et un autre pour la droite. Vous avez une idée, vous ?
Tibert
(*) j’adore ce terme grotesque et risible, inventé par les Diafoirus de la pédagogie post-éduc’nat’, les théoriciens et militants de la déliquescence du savoir, les laboureurs du champ lexical.