On ne cause plus que de ça, Ebola oh la la on s’en fout, LE sujet c’est l’ex-« arbre de Noël » intitulé Tree – « arbre » en français, mais à Paris un arbre c’est d’un commun, tandis que « Tree », ça le fait tout de suite mieux – installé place Vendôme, à Paris. Enfin, ce truc vert jardin, très clairement en forme de plot (*) anal, pointé vers le cul du ciel. Structure gonflable, d’ailleurs, comme certains de ces gadgets inventés pour faire ou se faire plaisir : une fois introduit dans la place (Vendôme), on le gonfle, pour qu’il y déploie tous ses effets.
Notons au passage que Noël n’a rien à faire là, vu que 1° Noël c’est chrétien, bien loin des plots anaux, heureusement ; et 2° l’installation en question a lieu dans le cadre, mais hors cadre, pour cause de gigantisme, de la FIAC, cette exposition-Foire Internationale d’Art Contemporain. Ce n’est donc pas du tout un Christmas Tree, et l’auteur de la chose la nomme « Tree », tout court. On pourra tout de même s’interroger sur la concomitance des inévitables et prochaines installations de guirlandes « de Noël » et de ce machin gonflable.
L’artiste, c’est un certain Paul Mac Carthy, ce qui justifie le « Tree » anglais. Il a manifestement – c’est du moins ma lecture de la chose – voulu signifier une sorte de consistant doigt d’honneur à celles et ceux qui contemplent son oeuvre. Il se trouve que la place Vendôme, c’est grand luxe, pas de kebab ni de Tati, aucun revendeur bronzé de fausses cartouches de clopes espagnoles, mais des bijoux et des limousines coûteuses. J’ignore si l’oeuvre-dard (**) a été conçue en fonction du lieu ou si on lui a trouvé après coup une situation hautement significative, mais, très clairement, elle a, là, du sens. Comme aurait pu en avoir, mais c’est moins provocateur, un étron (« Bronze »), un rouleau de PQ (« Feuille à feuille »), une balayette de chiottes (« Sceptre » ? si vous avez mieux…).
Elle avait, plutôt. On l’a vandalisée, des iconoclastes vertueux, de modernes Erostrate l’ont salement dégonflée, cette merveille de l’Art, et la mairie de Paris a sagement renoncé à regonfler cette provocation. Réprouvons au passage cet acte de sabotage, mais l’art n’est-il pas provocation, et ne pourrait-on pas interpréter cette destruction comme une sorte de happening, et le résultat dégonflé, à plat, comme une gigantesque « Crêpe » verte ? pluralité des significations… Etonnons-nous au passage, également, du peu de discernement du Chef Culturel de la mairie de Paris, qui n’a vu là qu’un arbre… un peu oie blanche, non ?
Commentaire attristé de l’artiste : « Au lieu d’engendrer une réflexion profonde (c’est moi qui souligne grassement) autour de l’existence même des objets comme mode d’expression à part entière, notamment dans la pluralité de leur signification, nous avons assisté à de violentes réactions…« . C’est envoyé, ça !
Tenez, l’existence même des objets comme… saluons d’abord le mot « objet » : il s’agissait donc d’un objet, mais, mais… vu comme une oeuvre d’art. Que pouvait donc signifier ce plot anal, justement, en termes de pluralité de significations ? à part un plot anal, un truc à ficher durablement dans le croupion ? un arbre ? mmouais… peut-être… profilé comme ça… un conifère, alors ? ouais, à la rigueur… un « pine tree » ?
Tibert
(*) plot, pas plug. Plug c’est de l’anglais, et nous avons sur place le délicieux et significatif « plot », qui remplit aussi bien son rôle.
(**) ce n’est pas de moi, évidemment ; Marcel Duchamp l’a, si je ne me trompe, utilisé bien avant.