On touche le fond, là – enfin, on croit le toucher, mais attendez, ça va encore enfoncer plus loin !
Le SAMU social marseillais – il y a de quoi faire – distribue aux SDF des étiquettes – rectangulaires, comme toutes les étiquettes du monde – véritables « cartes de santé », repérées par un pictogramme triangulaire. Des étiquettes robustes et faciles à voir dans le pauvre barda des laissés à la rue. On y note un nom, un prénom, des précautions médicales, genre allergie aux corticoïdes… bref de quoi aider les gens qui se décarcassent pour les naufragés de la rue, appeler Albert « Albert », par exemple, et pas Joseph….
Le triangle de couleur, c’est pour que ça se voie, évidemment. Et la couleur qui se voit, c’est le jaune vif, fluo, si possible. Les cyclistes, les travailleurs des chantiers, les gendarmes sur la route… en jaune ! le jaune, c’est physique, ça se voit mieux, l’oeil vous le dira.
Un triangle… pourquoi un triangle ? et pourquoi pas un triangle ? il faut bien la border, la zone en jaune. Et un triangle ça ne fait pas de politique, pas plus d’ailleurs qu’un rond, un hexagone, un carré… eh ben, c’est l’horreur ! un triangle jaune, vous imaginez ? si encore ils avaient fait des trapèzes bleus, des ronds noirs, des ellipses marron… mais des triangles ? jaunes ? c’est épouvantable, s’écrient les Bonnes Ames.
Pourtant, hein, regardez, les Nazis (*) n’ont jamais utilisé le triangle jaune. Plein de couleurs, des étoiles jaunes de sinistre mémoire, et des triangles, oui, mais jamais des jaunes. Et toc ! Les agents de la DDE sur la route, si. Encore des nuls en géométrie, et en histoire, les Bonnes Ames.
Mais ça ils s’en foutent, les professionnels de la « stigmatisation » et de la « discrimination » à tire-larigot : il s’agit de TOUT faire taire, ne plus rien laisser exprimer librement. Le baillon, quoi, la camisole. Tenez, ils nous ont ressorti à ce propos, indignés, forcément indignés, l’inénarrable tarte, le jingle des empêcheurs de dire et de faire : « les heures les plus sombres de notre histoire » ! C’est signé, ça, BienPençance SARL.
Ne cherchez pas qui est derrière le « collectif » des SDF, qui tire les ficelles. Bref, il y a ceux qui bossent, et ceux qui instrumentalisent. Pas le même job…
Tibert
(*) « Les heures les plus sombres gnagnagna…« , c’est la périphrase qui va bien, la tournure obligée façon discours à la Malraux, quasiment une AOC. Des heures ? des mois, oui, des années ! Mais à force de les ressortir à tout propos, les « heures les plus sombres etc », elles vont finir par déteindre.