Le roi, le géant, et puis quoi ?

Les seules nouvelles que la presse daigne nous communiquer en titres concernent le décès à cinquante-huit balais du chanteur états-unien Prince. Et mort mystérieuse par ci, et surdose par là, et son avion a fait demi-tour, hommages unanimes, quel talent, quelle perte, un multi-instrumentiste de génie, musicien de génie (plein de trucs de génie), quelle bête de scène, il aimait la France, le géant de la pop…

Oh, oh, là, on se calme. Michael Jackson « le roi de la pop », Prince « Le géant de la pop », qu’est-ce qui va rester aux autres ? les adjectifs, les hyperboles vont manquer. Déjà que David Bowie nous a quittés dans une envolée de superlatifs, où va-t-on ? on va crever les nuages. Du calme !
Ce type, là, Prince Rogers Nelson, a brûlé la chandelle par tous les bouts : naturellement, il meurt jeune, c’est assez normal, prévisible, pas de quoi pousser des hurlements. A contrario, tenez, prenez Elisabeth II : quatre-vingt-dix balais, et encore tous ses chapeaux aux tons chatoyants : la reine tout court, et la reine des chapeaux. Elle s’économise, elle, elle dure. Et, soit dit en passant, elle évite de chanter trop fort, et elle articule : des phrases en anglais qu’on comprend, c’est assez miraculeux.

Je sais, Prince mort, c’est dur, je compatis. Ce qui me rappelle l’anecdote de Desproges, qui à la mort de Brassens en avait perdu l’appétit, tandis que pour celle de Tino Rossi il avait repris du cassoulet. Moi, je vais vous dire : si j’additionne tout le fric que j’ai dépensé pour les trois éééénormes vedettes mondiales qu’étaient Prince, Jackson, Bowie, j’arrive à zéro + zéro + zéro = la tête à Toto. Si encore ces types avaient chanté des textes intelligibles, je ne dis pas, mais moi le yaourt, la bouillie sonore, j’évite. Parlez-moi d’amour, ah dites-moi des choses tendres, mais sans hurler, et distinctement, merci.

Tibert

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