1- Ras le culte, et 2 – Allo, le dialogue social ?

  1. Je voulais écrire un billet sur le marre de la bondieuserie à la radio et à la télé – France-Culture et FR2 – le dimanche et, tiens donc, le jeudi de l’Ascension. Jeudi de l’Ascension : culte musulman sur Cu-culture, et allez donc ! En fait, soyons raisonnables, il en faut pour tous les goûts, soit, et que les pieux de toutes obédiences puissent se régaler de temps en temps, bon… mais alors je pose une revendication forte, simple, claire, évidente : il faut aussi un créneau pour les athées ! Quand on nous rebat les oreilles d’Allah comme il est grand, comme Dieu est amour, comme Le Talmud par ci et la Torah par là… et la Mer Rouge qui s’ouvre, et le couteau d’Abraham, et l’ange qui descend en vol plané…et les anti-calottes, eux ? pourquoi ne leur laisse-t-on pas un créneau pour expliquer aux dévôts la niaiserie, l’absurdité des fariboles qu’on leur serine et qu’ils psalmodient ?

Allez, c’est dit, un créneau « athéisme militant » le dimanche matin. Y a pas de raison. Si, en fait, y en a une : on est dans un état laïc, zut quoi.

2) Je lis que la CGT-Energie sabote, dans la Haute-Loire. Les clients de Bouygues et SFR du coin ont eu la désagréable surprise d’être privés d’internet et de téléphone mobile pendant 9 heures… des militants syndicalistes avaient sectionné des câbles (pas ceux d’Orange, eh eh !), en désespoir de cause, disent-ils, tant le dialogue social est pas bon en ce moment, disent-ils. Le « dialogue social », c’est-à-dire l’exclusivité des syndicats (6% des salariés) pour représenter les 94 % de non syndiqués et discuter des lois sur le travail. le chef local de la CGT ne condamne ni n’approuve. Ponce-Pilate n’aurait pas fait mieux.

C’est du sabotage ? c’est du sabotage. D’ici peu la CGT va nous rejouer « la bataille du rail », comme en 44. On est mal barrés… quand j’évoquais « la sueur, le sang et les larmes » à propos des efforts pour décoincer ce pays, je faisais en fait dans la litote.

Tibert

Pour rester Normal

(Note liminaire : hier je lisais qu’à Nantes un policier a reçu un coup de barre de fer sur la tête, et, je cite l’entrefilet : « des individus auraient enlevé le casque d’un commandant de police et l’auraient jeté à terre pour le frapper à coups de barre de fer« . Moi je sais pas, mais dans un état normal ça s’appelle tentative d’homicide volontaire, non ? et  on engagerait des poursuites, non ? … ah… on me fait signe en régie, non non, c’est normal. Ah bon, c’est normal.)

Mais passons, je voulais vous parler de la Normalité satisfaite : i l paraît, nous dit-on, il paraît que la France va mieux. Aaahh, ça va mieux. C’est Normal qui le dit, notez. Il est aisé, d’ailleurs, de deviner par quelle grâce nous allons mieux : c’est de son fait, c’est par son action résolue, lucide et tout et tout. Rien n’indique qu’il compte en tirer quelque profit personnel, c’est en toute modestie. Pensez-vous qu’il songe, Normal, à repiquer au truc dans un an  ? allons, qu’est-ce qui vous fait penser ça ?

Le point d’indice des fonctionnaires repart à la hausse : c’est une coïncidence.

Les professeurs des écoles (le primaire) : ils vont toucher une super prime. Coïncidence, vous dis-je.

La moitié des ménages ne paye pas d’impôts (par contre, les autres, ça douille un max) : eh bien on va encore baisser les impôts pour la moitié qui n’en paye déjà pas. C’est fortuit, évidemment.

C’est une pluie de coïncidences heureuses, la France va décidément mieux. Et qu’est-ce que le Père-Noël, pardon, Normal va encore nous apporter dans sa grande hotte ?  j’entends d’ici les retraités faire de grands gestes des bras, et nous et nous,  ça fait trois ans, on a eu environ 1 euro cinquante en trois ans. Ah oui, Père-Normal, n’oubliez pas les petits souliers des retraités, pour qu’ils votent comme y faut. Un petit coup de pouce aux pensions de vieillesse, et des tournées de poignées de mains dans les maisons de retraite, oubliez pas d’aller voter, madame Machut : le truc Normal, quoi.

Tibert

Corbeil : les fruits de la confusion

Je sais, le titre fait un peu journaleux, tant pis. Si je trouve mieux d’ici la fin de mon billet, promis, je change ce titre.

Le Parigot nous dés-informe sur un conflit à Corbeil dans l’Essone : le Conseil Municipal y a voté hier, malgré les protestations de nombreux parents d’élèves venus assister aux délibérations, l’attribution de la pleine gestion des cantoches de la ville au groupe de restauration Sodexho, qui si j’ai bien compris, avait déjà auparavant la charge de fournir les repas, mais se voit ainsi habilité à gérer les restaurants scolaires de A à Z, dans le cadre de ce qu’on nomme une « délégation de service public« . On passera sur la possible manoeuvre de l’équipe dirigeante de la mairie (tendance LR), qui aurait tenté de décourager les « manifestants » en abordant le vote de cette question en toute fin de séance, plutôt tard donc…  mais la véhémence des parents d’élèves explique peut-être cela, je ne sais. L’essentiel est ailleurs.

Le Parigot titre en effet : « Les parents ne digèrent pas la privatisation de la cantine« . De fait, les témoignages rapportés accusent la mauvaise bouffe, ou en quantité insuffisante, ou les deux : « cela fait quatre ans que nos enfants se plaignent, nous disent que ce n’est pas bon, qu’ils ont faim en sortant de table... ». La Sodexho était donc clairement critiquée pour la qualité de sa prestation , mais la mairie en était-elle consciente ?

Et voilà l’article du Parigot : la privatisation de la cantine est ici montrée du doigt, « les parents ne digèrent pas la privatisation gnagnagna... ».  C’est encore ici en filigrane l’équation idiote « Service public = fonctionnaires ». Pense-t-on que l’embauche de fonctionnaires territoriaux pour faire tourner les restaurants scolaires va garantir une bonne bouffe abondante ? mon oeil ! Il y a plein de contre-exemples. Dans cette affaire, il y a trois conclusions à tirer :

1) il y a, à la mairie de Corbeil, un type (ou une nana) chargé(e) de  contrôler la qualité des repas fournis par Sodexho, et qui ne fait pas son boulot. Il y a un cahier des charges ? il doit être respecté, si la prestation n’est pas correcte elle doit être dénoncée. Ou alors le cahier des charges est mal fait – ça arrive….

2) Sodexho, si vraiment la bouffe est mauvaise depuis 4 ans, est effectivement mal placée pour emporter cette délégation de service public ; ou alors la mairie a serré les boulons pour ce nouveau contrat ? ou alors il y a du copinage ? va savoir.

3) Embaucher, embaucher des fonctionnaires territoriaux, c’est simple, ça marche du feu de dieu, ça permet de « piloter à vue », et c’est la solution de facilité. Les impôts locaux vous coûtent un bras, vous avez sur les bras, justement, des employés à   faire fonctionner utilement et au mieux – où à faire des batailles navales sur leurs ordinateurs, quand ils ne sont pas à prendre leurs congés de maladie. La délégation d’un service public au secteur privé, ce n’est pas l’abandon de ce service public, ce n’est pas de la « privatisation » : c’est juste – quand c’est fait sérieusement, rigoureusement – de la meilleure gestion.

Et on en reparlera, de la fonction régalienne de la gestion des cantines scolaires.

Tibert

Il jouait du violoncelle debout…

… et pour moi ça veut dire beaucoup, parce que c’est tout sauf facile. Ou alors en étirant démesurément la « pique » de l’instrument ? ça manque de stabilité, ça va osciller, bonjour les couacs ! Tenez, pour l’ « intro » du dernier mouvement de la Neuvième, de Ludwig Van B., une tripotée de violoncelles joue à l’unisson l’amorce lente du thème, dans les tons très graves… vous voyez faire ça debout, vous ?

Bref je suppose – je n’y étais pas – qu’ au concert anniversaire du premier mois de Nuit debout, nombreux furent les musiciens amateurs ou pas qui se procurèrent une chaise, un tabouret, un cageot, pour pouvoir jouer potablement. Orchestre debout ? les piccolos les saxos les violons les percussions les choristes d’accord ; les gros calibres sûrement pas. Mais bon, c’était une belle initiative, même si le répertoire piquait résolument dans les « saucissons », les morceaux archi-rebattus. On a gentiment épargné au public « Carmina Burana », la « Petite musique de nuit » pourtant tout indiquée pour l’occasion, et le super-saucisson des saucissons, le  Boléro de Ravel, qui est désormais libre de droits, ayant atteint les 70 années de limite d’âge : la SACEM a fini de se faire des couilles en or avec le Boléro de Ravel.

C’est bien sympathique tout ça : quand les mouvements politisés se mettent à la musique, on est déjà un peu moins sectaire, doctrinal, suffisant, donneur de leçons – un peu moins con, en somme. La musique c’est difficile, ça enseigne la modestie, ça apprend à écouter les autres, à faire avec… parce que si l’on entonne « Viens Poupoule » en Si bémol majeur pendant qu’à côté on joue « Ne me quitte pas » en Ut mineur, ça donne un bel exemple de ce que donne la politique aujourd’hui : de la daube.  Vive donc l’Orchestre Debout, avec, soyons sympa, les violoncelles assis.

Tibert

PS : Ceci étant, j’avoue n’avoir rien compris à l’  « Etat d’urgence » et à ses subtiles modulations : les manifs, les rassemblements massifs – et leurs casseurs, of course, une manif sans casseurs c’est comme la Huitième de Schubert, ça a comme un goût d’inachevé –  c’est autorisé, pendant l’état d’urgence ? bizarre.