Normale sollicitude

Un lecteur du Monde, dans les réactions subséquentes à l’article sur les menaces de la Marine contre les fonctionnaires possiblement partiaux et malveillants à son égard,  nomme fort bien mon ressenti : de mon vivant, jamais campagne électorale ne m’a paru aussi sinistre : nauséabonde ! , écrit-il. Moi je dirais même plus : désespérante, à vous dégoûter d’aller voter. Festival de coups tordus, de crocs-en-jambes, de manifestations déloyales… concours de mocheté, tous bords confondus. Ce pays n’est pas loin d’être foutu, entre clientélisme effréné, complaisance au « multiculturalisme » et chimères sociétales à deux balles, mauvais digest de Proudhon, Marx et Lafargue façon XIX ème siècle.

Au bord de la mêlée, dégagé des empoignades mais encore cap’ de tirer les ficelles, monsieur Hollande prodigue benoîtement de bonnes paroles, au jeune Noir sur son lit d’hôpital, aux fonctionnaires forcément exemplaires, aux Francs-Macs subreptices et bien placés – mais chuuut.

Et… et voilà, comme on dit quand on ne sait plus quoi dire. Et puis bon courage, les gars.

Tibert, très déprimé.

Escargots à la nantaise

Hier on a saccagé le centre de Nantes afin de protester contre la venue de la Marine ce dimanche dans cette bonne ville, où elle prévoit de tenir un meeting au Zénith du coin. C’était donc « pour la bonne cause », et pour enfoncer le clou les défenseurs de la démocratie et de la liberté ont prévu, dans le même esprit,  une opération « escargot » sur les axes donnant accès à cette salle afin d’empêcher les curieux et sympathisants de s’y rendre.

Que d’énergie dépensée, gaspillée ! et contre-productif avec ça, puisque chaque abribus défoncé, chaque poubelle incendiée, chaque cocktail-Molotov balancé dans les jambes des flics… est une incitation à voter pour des dirigeants moins complaisants avec la violence « du bon côté ».

Il serait plus économique et efficace, 1 – de casser préventivement et dissuasivement la gueule à « toutes les fâchistes et tous les fâchistes » qui auraient l’intention  de voter Marine ; 2) de brûler les piles de bulletins « Marine » : comme ça la démocratie sera sauvée, et les abribus avec. Comme le signait un manifestant hier, à coups de bombe de peinture sur une façade,  y avait qu’à pas l’inviter !  : ça tombe sous le sens.

Tibert

Sons de cloches

Les lycéens – du moins ceux qui sont politisés, inévitablement à gauche  – se sont fendus d’une manif interdite – mais bof, sous l’état d’urgence ça n’a aucune importance – pour dénoncer les « violences policières », à l’occasion de la fameuse affaire Théo – qui remonte à trois semaines, tout de même. Il sont toujours un peu à retardement, les lycéens, ils bougent bien, mais il leur faut un temps de réaction élevé ; d’ici quelques mois on les verra manifester pour dénoncer les violences des jeunes de banlieue qui caillassent, agressent, balancent des cocktails-Molotov sur les bagnoles de Police et les camions des pompiers, notamment à propos de l’affaire de Viry-Chatillon et ses policiers incendiés.

Mais bon… justement à propos de ladite « affaire Théo », une information que certains quotidiens traitent avec beaucoup de sobriété, quand d’autres lui donnent nettement plus de place. C’est là toute la saveur de la pluralité de la presse : la « famille de Théo » est visée par une enquête préliminaire pour un « possible détournement de subventions publiques« . C’est Le Parigot, et non pas le Canard-Emplumé du mercredi, qui a sorti ce scoop…  Rien que 678.000 euros (emplois présumés fictifs, ça nous rappelle quelque chose…) et puis d’autres détails avec de gros chiffres, plus accablants, l’URSSAF, les comptes en banque… dont vous pouvez avoir la teneur plus en détail si vous lisez ce canard (Le Parigot) ou cet autre  (Ouest-France) mais pas celui-là (Le Monde) beaucoup plus elliptique.

Bon, ceci dit, comme l’écrit un lecteur du Monde qui signe « ça n’excuse en rien le viol … » : « Je ne vois pas trop le rapport entre cette info et le viol qu’a subi ce jeune homme« .  Il a bien raison, et moi non plus je ne vois pas le rapport : il y a suspicion d’un viol d’autant plus grave que ce serait le fait d’un policier (enquête en cours), virgule, et par ailleurs, virgule, la famille de Théo (8 personnes, en l’occurrence)  est en cause dans une possible affaire de fraude financière. Ce sont deux informations : c’est bien pour ça que Le Monde traite la deuxième avec beaucoup plus de retenue, ça tombe sous le sens.

D’où l’intérêt de varier ses lectures !

Tibert

PS – La Présidence de la République communique que Normal-1er n’était pas au courant de cette affaire de fraude lors de sa visite au jeune Théo à l’hôpital… on est contents de l’apprendre ! on est bien gouvernés.

Foulards, voiles et mantilles

Il y a des sujets qui me les gonflent menu, comme disait mon adjudant-chef. En particulier les prescriptions religieuses… comme si le Grand-Manitou, là-haut, en avait quoi que ce soit à cirer que nous nous passions de bouffer de la viande le vendredi ou que la jeune Nabila se balade en jeans serrés mais bâchée hors de chez elle, ou qu’on s’interdise de faire chauffer le frichti et d’allumer la télé le samedi. Il est pinailleur à ce point là, le Grand-Mamamouchi ?  à quoi ça rime ? on pourrait le supposer moins chichiteux, non ?

Mais, au fait : madame Marine, qui visite le Liban, devait rencontrer le grand Mufti du pays… c’était programmé, prévu… le protocole – classique, on pouvait s’y attendre – voulait qu’elle se voile la tête pour la circonstance (la Marine à voile, donc, celle-là est inratable). Et puis paf, elle annonce que, non, elle ne se voilera pas, non mais des fois ! Et les porte-paroles du Grand Mufti – pas vraiment content, le Grand Mufti, il n’a pas apprécié – de déclarer que ce n’est pas convenable, « inapproprié », c’est le mot exact.

Bravo Marine, clament certains : laïcité, refus de se soumettre aux diktats du religieux, féminisme, tout ça… ailleurs en revanche, ça ronchonne : c’est nul, c’est juste un coup de com’ du FN, elle le savait, qu’elle devait se bâcher, elle avait été prévenue, dans ce cas elle n’avait qu’à annuler l’entrevue, et puis c’est tout. Moi je ne serais pas loin de me joindre aux seconds, nonobstant ma répugnance pour les génuflexions, les coups de goupillon et les salamalecs religieux : elle le savait, bien entendu, elle n’avait qu’à pas y aller : elle s’est payé un peu de pub’ aux dépens du Grand Mufti. Si elle était allée voir le Papam François, on peut supposer qu’elle aurait mis sa mantille blanche à dentelles de Calais, caché son opulente chevelure pour ne pas troubler cet homme, pas vrai ? là c’est pareil, sauf que ça s’appelle autrement. Papam et Grand Mufti, même combat.

Ceci dit, et tout à fait entre nous, c’est vraiment d’une débilité, ces protocoles religieux ! Pas deux sous de bon sens.

Tibert

Eloge du vieux clou

Nous sommes suspendus à une voix, celle du maire de Pau : sera-t-il candidat ? LE Bayrou va-t-il repartir pour un quatrième tour ? et pour qui va-t-il rouler ? la tension est palpable, mesdames-messieurs.

Mais pendant ce temps-là les tractations vont bon train entre la rose carpe-Hamon et le vert lapin-Jadot : tu me laisses vingt-cinq circonscriptions, je t’en refile douze, et trois strapontins… ah non j’en veux quinze, et deux ministères. Et tu m’infléchis ton programme, coco. Du solaire, du venté, du bio, c’est vendeur, le bio…

Bon, le spectacle continue, soit, mais basta avec ces sombres manoeuvres derrière notre dos ou dans les coulisses ! Un truc autrement plus important : le gouvernement, qui verdit à vue d’oeil, veut aider à l’achat de bicyclettes électriques. Deux-cents (200) euros de subvention pour une bécane à assistance électrique. Du coup ça vous fait l’engin à 1.800 au lieu de 2.000 : 10 % de réduc’. Mais à l’heure où je mets sous presse, les modalités ne sont pas complètement arrêtées ; gageons que ce sera pour la prochaine législature, ça n’engage donc à rien.

Reste qu’à aider au vélo, électrique ou pas, il faudrait que ces messieurs-dames du gouvernement, là-haut, descendent de temps en temps de leur cheval, de leur voiture de fonction précédée de deux motards, sirènes hurlantes : le beau vélo tout neuf, vous le prenez fièrement pour aller au boulot, vous l’attachez à un solide pylone avec votre super  antivol en U inviolable… et le soir vous rentrez à pied, soit qu’on vous l’ait chouravé nonobstant le super antivol, soit qu’il manque la roue avant, ou la selle, ou la batterie, le moteur… soit que, ne pouvant s’emparer de l’engin, le voleur mécontent ait sauté à pieds joints sur les roues pour leur donner une jolie courbure. Bref, outre des subventions bienvenues à l’achat, il faudrait aussi aider les braves citoyens à conserver un petit moment leurs biclos : aider à l’achat d’un anti-vol vraiment efficace, mettre en place des garages à vélos sécurisés (gardiens, caméras de surveillance…), punir plus dissuasivement les ladri di biciclette, les voleurs de bécanes, considérés « là-haut » comme de menus soucis du quotidien, des bricoles, des pépins sans gravité – et puis ils ont certainement souffert d’une enfance malheureuse.

Personnellement, je peste, chaque fois que je prends mon vélo et que je dois laborieusement  déployer et verrouiller, déverrouiller et ranger mon antivol, je peste contre ces salopards de voleurs de vélos qui me pourrissent la vie. J’aimerais tant, outre voir Syracuse, pouvoir laisser ma bécane là comme ça, aller tranquillement faire une emplette, par exemple, et revenir enfourcher mon  vélocipède sans crainte de ne point le retrouver… mais je t’en fiche, allez, au boulot, attachons, rattachons, détachons ! sachant que ça ne sert pas à grand-chose, la seule parade efficace étant dans la brièveté de la halte.

J’ai trouvé la technique qui sauve, enfin, un truc qui fonctionne, qui a fonctionné jusqu’ici, pourvou qué ça douré !  je n’ai qu’un vieux clou, une bécane fatiguée, sale, pouilleuse – mais qui roule ! –  achetée une bouchée de pain sur www.vieucloupacher.fr – probablement déjà volée quatre ou cinq fois, mais allez savoir…  il faudrait être fou ou miro pour songer à la piquer, ça ne vaut pas un clou. Non, ce que je crains le plus, c’est qu’on me vole mon antivol, il m’a coûté un bras.

Tibert

Effluves

J’aime bien ces titres sobres et brefs, juste un mot, « Ridicule », « Remorques », « Amour »,  « Quartet »… pas des noms propres, évidemment, c’est trop facile (« Casablanca », « Tristana ») ni ces innombrables articles définis d’une morne banalité,  « La moustache »,  « Le viager », « Le boucher »… l’archétype du boucher, LE boucher, quoi, là où l’honnêteté aurait voulu qu’on écrivît « UN boucher », le Jean Yanne du film éponyme et chabrolien, et personne d’autre. Non, la vraie classe d’un titre, « LE titre », c’est juste un mot : tenez, « Effluves ». Et toc.

Effluves de quoi ? de toto, de tota, de totalitarisme. Quand on a vécu 5 années à constater avec quels déchaînements de haine le Président 2007-2012 a été traité par les médias (« Le nabot », coupable d’avoir fêté son élection au Fouquet’s avec des gens riches devant un risotto crevettes-artichaut), quand son ex-Premier Ministre ne peut plus faire campagne – alors qu’il est jusqu’à présent présumé innocent – sans rencontrer chaque fois quelques dizaines de « musiciens » hurlant, tapant sur des casseroles et appelant à le jeter en taule, quand… quand… ah non je ne vais pas me lancer dans une soigneuse anaphore comme l’autre, là, le Président 2012-2017… bref : la Justice, le Pouvoir avec un Grand P, 90 % des médias politiques (j’exclus donc la presse technique, genre l’Epique, Paris-Tuf, Voici-voilà et le Chausseur français), et puis le Ministère des Finances, eh eh eh, tout ça dans les mêmes mains bien intentionnées : ça donne une campagne présidentielle totalement biaisée, indigne, et ça met les Français devant un rideau de fumée. Où sont les débats sur les programmes ? monsieur Fillon s’est fait sèchement contrer – avant qu’on sorte opportunément le feuilleton Pénélope qui permet maintenant aux médias d’écraser tout débat – sur ses premières propositions concernant la Sécu : c’étaient de vrais arguments utiles, de même que les remarques dubitatives concernant les 400 milliards que monsieur Hamon veut consacrer à son RUE, son Revenu Universel d’Existence ; on pourrait poursuivre avec le pointillisme de l’ébauche du programme de monsieur Macron, petites touches colorées, une ici à gauche, une autre à droite, avec beaucoup de blanc au milieu… la débâcle économique annoncée du projet de la Marine, qui veut nous sortir de l’Europe… mais je t’en fous, casseroles, vociférations, et puis cette Machine à l’oeuvre pour saboter ce moment essentiel de la démocratie (*). C’est très moche.

Tenez, pour finir, si vous voulez un échantillon de  ce bombardement médiatique incessant dont je vous cause plus haut : cet article bien dans la ligne politique rose-bonbon du Monde,   « l’Education sexuelle, un sujet devenu sensible en Ile-de-France« . (L’Ile-de-France, c’est tragique, est depuis l’an dernier aux mains de la Droite). Festival d’insinuations, de sous-entendus, et puis ces formules pas vraiment franches du collier, tenez, un court extrait : »… Je ne vise pas forcément Valérie Pécresse, mais on sent, au sein de la majorité, des élus très intéressés par le sujet qui souhaitent revenir en arrière. Les salariés perçoivent cette évolution douce et rampante... » (la Bête Immonde n’est pas loin). Tu la sens bien, mon évolution douce et rampante, hein ? tu la sens ?

Tibert

(*) … à supposer, du moins, que les candidats soient déterminés à mettre en oeuvre leurs programmes ; si c’est pour faire du chiffre et amuser la galerie, autant aller à la pêche.

La vision, vous dis-je

Il est des sujets incontournables et je m’y plie. Deux sujets, en fait : Premio, jetez donc un regard sur la page Houèbe du Parigot ce matin : la victoire du PSG sur le Barça (c’est du foot) devrait vous paraître comme LA nouvelle du siècle, vu qu’il n’y a que ça… vachement important, le foot. Deuxio, la Saint-Valentin c’était hier soir, et il fallait choisir entre bichonner sa louloute (resp. son mec) : roucoulades et tendres moments,  ou regarder le foot. Comment vous-en êtes-vous sortis ? parce que gros calins ET foot ça fonctionne difficilement. Vous me raconterez ça…

Bon, voilà qui est fait, on peut passer à aut’chose. Tenez, j’ai été intéressé par cet article de Slate (l’ardoise, en français) sur la candidature Macron, le chouchou des sondages. Je vous en conseille vivement la lecture, c’est éclairant. Outre cette manie détestable qu’il a de nous donner du « celles-et-ceux » à tous les coins de phrases – c’est la pieuse génuflexion devant le formalisme ampoulé du Politiquement-Correct – monsieur Macron se fout qu’on lui reproche son flou, ou plutôt son  absence de programme. A quelle sauce compte-t-il nous accommoder ? bah vous verrez bien, il a, lui, la vision ; la vision plutôt que le programme, cette « machine à produire de la trahison ou de la déception » (j’aime beaucoup cette formule). Il est porté, Macron, non seulement par des électeurs très las des lamentables moeurs politiques actuelles, mais par une vision de l’avenir. Et ça, hein, ça le fait, en tout cas pour le moment ça fonctionne.

Et puis, butinant sur ce site Slate, j’y ai trouvé, cerise sur le Forêt-Noire, plusieurs articles assez techniques et crus sur l’urine. Oui, l’urine, sujet de société qui en vaut bien d’autres. Et, tenez, je vous recommande « La petite goutte d’urine qui reste souvent dans le caleçon des hommes« . Article bien tourné et documenté… effectivement, messieurs, nous sommes comme ça, nous avons l’habitude d’agiter vigoureusement  ou mollement le goupillon, une fois l’affaire faite, afin d’en expulser la dernière goutte : ça fonctionne assez mal, d’abord parce qu’on en met partout, urbi et orbi, et puis parce que la dernière goutte, capillarité oblige, reste au bout… et c’est en général le slip qui la récupère. Or il y aurait bien un remède, qui consisterait tout simplement à s’essuyer ! mais s’agissant des urinoirs, ces dispositifs pratiques et rapides que la gent féminine nous envie : a-t-on jamais vu du papier toilette à côté des urinoirs ? et à supposer qu’il y en ait, où le jetterait-on ? il y faudrait des corbeilles à papier idoines. Il reste donc des tas d’obstacles techniques et culturels à abattre ; la partie n’est pas gagnée. Et, tenez, je prends les paris : pas un seul des candidates-et-des-candidats à la Présidentielle ne mettra cette importante avancée sociétale à son programme – surtout pas monsieur Macron, et pour cause !

Tibert.

La zappette du samedi soir

Je m’en voudrais de commenter ce qui se passe depuis que quatre flics du 9-3 ont foiré une interpellation musclée sur un gars qui ne se laissait pas aisément interpeller. Mais ce gars est Noir, et la bavure, si bavure il y a – l’enquête est en cours – prend tout de suite une dimension dantesque ! Je suggère donc que désormais les polices de France et de Navarre n’interpellent que des Caucasiens bien Blancs, : ça n’évitera pas les possibles bavures, nobody’s perfect, mais ça évitera tout débordement.

Mais à part ça, je lis dans le journal que l’émission de Patrick Sébastien, hier soir à  la télé sur France 2, a provoqué de violentes protestations : c’était, paraît-il, de la merde. « Le Grand Burlesque« , ça s’appelle, et l’animateur lui-même, grimé en Donald Trump, y recevait une tarte à la crème sur la margoulette… ha ha ha ça c’est rigolo en effet, on se marre (aux canards… coin coin, Donald, vous suivez ?).

Bref je m’interroge : rien ni personne n’oblige qui que ce soit à rester assis inerte et tétanisé, la zappette à la main, devant un écran de télé allumé sur un spectacle affligeant. Il est de notoriété publique que les programmes, le samedi soir spécialement, sont du niveau le plus bas, pitoyables, de purs navets, du genre un épisode de Zorro colorisé, un vieux Derrick de derrière les fagots…  c’est exprès !! c’est fait pour. Pour que le samedi soir vous fassiez autre chose que de vous caler devant votre télé. Je reformule : le samedi soir on vous incite à sortir de chez vous, restau, théâtre, belote coinchée, cinoche, que sais-je ? Dit autrement : le samedi soir, sortez ! Capisci ?

C’est d’ailleurs pour ça que Patrick Sébastien s’est permis des prout-prouts, des grimaces et des guignoleries pitoyables : oui il aime les bon gros calembours et les tartes à la crème, et là il supposait qu’il n’y avait personne d’assez idiot pour visionner ça, ce qui permet de se lâcher, youpee. Bon, c’est un malentendu, quoi, un stupide malentendu, on va pas en faire un fromage.

Tibert

 

Le printemps est trop loin

Le fils de Swika A. nous a téléphoné hier : son père est mort, jeudi 9 février. Pourquoi pas le 10 ou le 8 ? c’est comme ça, un jour de plus ou de moins au fond d’un lit d’hôpital… février est  court mais de toutes façons trop loin du 21 mars, les petits oiseaux, les bourgeons, les premières jupes, tout ça.
Joseph, alias Swi ou Swika : on s’est rencontrés au début des années soixante-dix, et je n’ai jamais vraiment vu son visage, pour la bonne raison qu’il était hirsute de cheveux et barbu comme un djihadiste , sauf que lui était résolument je-m’en-foutiste comme religion. Barbe et cheveux hirsutes et noirs en sa jeunesse, hirsutes et blancs sur le tard. Il avait la coquetterie d’assortir ses fringues à la couleur de sa pilosité : très longtemps je ne l’ai vu que vêtu de velours côtelé noir, mais ces dernières années il portait du lin blanc ou presque.

On ne peut pas dire que Swika se soit jamais soucié de sa santé : il savait lever le coude sans trop calculer la limite, et puis il fumait comme une locomotive, de la Gauloise sans filtre, le paquet bleu avec le casque à oreillettes… à la fin il les roulait, pour réduire les doses. Ces clopes maison, faits de papier OCB et de tabac à rouler, il aimait jadis les assaisonner de résine odorante préalablement chauffée pour l’émietter. Et puis ça circulait, on tirait dessus à tour de rôle…

Le sport,  à pratiquer ou à regarder, était un terme inconnu de lui : comme Churchill, « no sport« , c’était sa devise, son hygiène de vie. Forcément sur le tard il avait un peu épaissi, mais je l’ai quasiment toujours vu mince. Et puis finir avec un cancer des poumons, ça ne fait pas vraiment grossir.

Où pouvait-on trouver-on Swika ? vers la Contrescarpe, très souvent, attablé dan un des rades du coin, devant une mousse… ou draguant au Quartier Latin. Les femmes le passionnaient, et s’il avait – comme les cow-boys sur la crosse en bois de leur flingue – fait une encoche pour chaque coup réussi, il aurait sérieusement entamé son manche !

C’était le Retour à la Nature, le temps du baba-cool, et la nature de Saône-et-Loire nous a beaucoup vus, éclusant des pots de blanc dans les troquets de Cluny, ou rôdant autour des pélerines – féminin de pélerin – de Taizé : Frère Roger nous intéressait beaucoup moins. Nous avions dégotté les meilleurs boui-bouis pour les andouillettes au Mâcon ou les quenelles à la lyonnaise, à la Croisée de Cray, à Bonnay, Salornay ou Cormatin. Nous sillonnions les routes du Clunisois – Swika n’avait pas son permis – dans ma Deudeuche bleue, et les notaires du coin nous ont souvent vus étudiant leurs ventes de baraques plus ou moins en ruine… on cherchait un truc pas trop cher, évidemment, à retaper… avec du terrain, et de la gueule.

Baraques en ruine : ce fut d’abord la Chagueurne, ou une orthographe patoisante de ce genre. Lieu isolé, quelques pans de murs plus ou moins écroulés, une cave effondrée, la végétation qui envahissait tout. Nous y avons campé dans ma canadienne pour nous imprégner de l’atmosphère des lieux, et au matin – Swika dormait encore, évidemment – j’ai inauguré les travaux, dégageant une allée entre les bâtiments à  grands coups de goyotte, cette machette locale à long manche. Beau début… et on en est restés là.

Et puis tant d’autres ruines ou lieux inhabitables et magiques, des sites pour refaire le monde : la Pierre-Badot qui dominait les collines du Mâconnais chères à Lamartine, Saint-Martin-la-Patrouille, la Lochère… la musique qui me vient aux oreilles à évoquer ces lieux et ces temps c’est Satie, les Danses de Travers, moment unique dans la nuit froide et claire, chez Tatasse le potier de Jalogny.

Plus tard, toujours créatif, Swika a fabriqué des métiers à tisser, des canapés, importé des laines, vendu des chaînes hi-fi, et puis il s’est mis à la plomberie… c’est pourtant peu bucolique, la plomberie. Rien de tout ça n’a fonctionné, mais rien ne l’accrochait vraiment. L’oiseau sur la branche, en somme.

Voilà, comme on dit maintenant quand on ne sait plus quoi dire. Adieu donc Swika.  On ne l’a pas refait, le Monde, d’autres que nous ont persévéré dans les pots de blanc et l’élevage de chèvres dans le Clunisois. Et la musique qui me vient aujourd’hui c’est Ma jeunesse fout l’camp, comme chantait Françoise Hardy.

Tibert, avec un crêpe noir

Du divorce comme moteur

Tout d’abord, notre Bayrou national, le crypto-groupie du PS, tombeur de Sarkozy en 2012  (pas lui tout seul, mais lui et l’anaphore, n’oublions pas l’anaphore !) menace de récidiver : retenez-moi ou je me lance et je pique 3-4 pour-cents à Macron ou Fillon. C’est qu’effectivement il y a encore dans ce pays quelques groupies pour un tel personnage, qui incarne hélas un Centre falot et aussi enthousiasmant  qu’une bordure de trottoir. Heureusement pour ce pays c’est la dernière fois qu’il peut se permettre de jouer cette partition : en 2022 il aura 70 ans. Allez, François (encore un François !), un dernier tour ?

Mais bon… je m’amusais tout à l’heure de lire dans le Figaro du matin tôt cette déclaration de M. Dupont-Aignan, candidat « souverainiste » :  sa femme est son assistante parlementaire depuis fort longtemps, vingt ans – en toute légalité, attention ! et il le justifie : sinon, ils auraient divorcé. Pensez, elle en aurait eu marre, madame Dupont-Aignan, de voir  son député de mari rentrer à point d’heure des séances harassantes à l’Assemblée ; et puis s’il s’était adjoint une assistante un peu sexy, ça aurait pu faire problème, voyez ce que je veux dire. Non, pour l’efficacité, et surtout pour la paix des ménages, le parlementaire a tout intérêt à embaucher son conjoint, et monsieur Fillon l’a bien compris, comme tant d’autres.

Sauf que, sauf que… si l’épouse du parlementaire (ou l’époux de la parlementaire, gaffe à ne pas froisser les féministes) est aussi parlementaire, on fait quoi ?, comme on croasse maintenant (que fait-on ? en français daté). Eh bien, ça se résout fastoche : on ne se marie évidemment pas ! on vit à la colle, et l’on déclare deux domiciles. Tout bénéfice : 1- ça évite de divorcer ; 2 – on peut embaucher deux assistants parlementaires de sa famille ; 3- si par malheur le patrimoine total du couple  tombait sous le coup de l’ISF,  ça divise les sommes par deux, ça permet d’y échapper ! Le Mariage Pour Tous (pour « toutes et tous », attention !) ? superbe avancée sociétale  !  enfin, pas pour les couples de politiciens.

Tibert