On nous le cachait soigneusement, ou du moins c’est le genre de sujet sur lequel on ne communiquait pas, et pour cause ! les services administratifs de la Région Ile-de-France étaient officiellement – mais chuut ! – au régime 1.568 heures par an, au lieu des théoriques 1.607 heures, soit les Saintes-Trente-Cinq-Heures de madame Aubry – créatrices d’emploi, oh combien, surtout quand on ne les fait même pas.
Vous pourrez vous faire plaisir en lisant à ce propos cet article circonstancié, annonces, réactions des syndicats de fonctionnaires dans le sens que vous pourrez deviner, etc. Mais allons plus loin, au delà des décisions apparentes : pour quoi faire, ce supplément de présence sur les lieux de travail ? car si la charge de travail ne varie pas, si les attributions de postes n’évoluent pas, si les missions sont inchangées, le travail accompli (réel, éreintant, correct, léger, anecdotique, virtuel, bidon… selon le cas) sera fait dans des tranches horaires élargies. Ce qu’on pouvait ainsi voir de visu par les fenêtres de la Mairie de Paris, centre Morland, au printemps 1973 (*) : tricot, belote ou bridge suivant le niveau de qualification administrative, repas à rallonge, rêvasseries, lectures récréatives… va se vérifier à l’Ile-de-France, avec le puissant adjuvant de l’Internet d’aujourd’hui ! des youyout’entubes, des butinages, des crapettes… autant de possibilités juteuses et consommatrices de temps.
Bref on change le contenant, belle démarche, ce n’est plus la situation choquante d’avant, mais quid du contenu ? ce sera donc vraisemblablement, sans doute, la même soupe – mais avec un emballage moins moche !
Tibert
(*) Je sais, c’est très lointain, 44 ans ! mais la nature humaine n’a, je pense, pas sensiblement changé depuis.
Voilà une mesure qu’elle va favoriser le hard-scellement sesquuel : va bien falloir occuper tout ce temps qu’on leur octroie en plus, aux fonctionnaires ! A moins que, comme je l’ai vu pendant des lustres* à Nice dans la rue St François de Paule (en face de l’annexe de la mairie…), on leur attribue la place de parkinge la plus proche aux fins d’astiquer leur bagnole pendant les heures de bureau ? (et là, c’était en double-file, en plus !)
Il me souvient d’une Panhard CT 24 rouge-géranium que son propriétaire chérissait amoureusement à coup de « Nénette » à chaque coup de vent – la poussière – ou épongeait avec dévotion (comme Ste Véronique le visage du Xst) à la peau de chamois après chaque averse.
J’ai manqué de discernement ; j’aurais dû lui proposer de la lui racheter (à condition encore qu’il admette de s’en séparer !) ; aujourd’hui, je vous dis pas le modèle « Collector » ; comme neuf 44 ans après ! (Tiens, là aussi ? Pourquoi 44 ? L’année de ma naissance ?)
Mais y’a des fois, on percute pas comme y faudrait…
* … C’est le cas de le dire : du verbe « lustrer », 1er groupe…
je trouve que vous focalisez un peu trop sur les fonctionnaires territoriaux… une vieille haine recuite, un concours administratif où vous vous êtes fait recaler ? en fait ce n’est pas la faute des fonctionnaires s’ils sont inemployés, désoeuvrés et mal utilisés. Tapez sur les statuts abusifs et iniques, tapez sur la hiérarchie, sur l’incompétence des cadres, sur les magouilles électoralistes, soit. Les fonctionnaires, eux, en profitent, c’est bien humain. S’ils sont heureux de ce système avantageux et pour certains très très peinard (ne généralisons pas !), tant mieux pour eux !
Certes ! c’est humain de préférer le mol oreiller et le confort sans souci au rude marché du travail proposé au « tout venant ». Mais ceci se fait à nos très grands frais, et les inégalités criantes des statuts interpellent au pays qui proclame « Egalité » avec plein de guillemets.
Et, non, je n’ai jamais passé les concours administratifs, pas de « vieille haine recuite », ni même froide.