( Le gouvernement fait un « geste fiscal » pour 300.000 retraités trop méchamment frappés par l’augmentation de la CSG : façon pateline et faux-cul de réparer ses erreurs sans l’avouer. En clair : eh non certes les retraités ne travaillent pas – ne travaillent plus, c’est même comme ça qu’on les définit. Pas une raison pour cogner dessus comme ça a été fait, hargneusement. Reste à essayer de réparer les pots cassés : un retraité, ça vote. )
Mais au fait : désormais si une bagnole refuse la priorité à un piéton, ce sera six points de permis (un demi-permis) en moins, au lieu de quatre. On veut en haut lieu, n’est-ce-pas, enrayer l’hécatombe de piétons. Le « haut lieu », c’est le Comité Interministériel de Sécurité Routière, qui traque les automobilistes, forcément fautifs, jusque dans les chiottes comme dirait Poutine. Notez bien qu’il n’existe nul comité du même tonneau, pas plus que de pasionaria genre madame Perrichon, pour la sécurité des activités domestiques, domaine où il y a 5 fois plus de morts tous les ans… mais bon, ça ne rapporterait rien.
Et alors ? et alors, 1) la décision gouvernementale ne dit RIEN des responsabilités des piétons dans cette affaire, qui sont lourdissimes : qui a fréquenté les grandes villes sait qu’en France le piéton, c’est sa culture gauloise, se contrefiche de traverser quand c’est son tour et dans les passages ad hoc : il traverse où il veut et quand il veut (*)(**). On pourrait donc sévir sur le piéton qui risque connement sa peau, pas vrai ? eh bien non, on ne sévit pas, nonobstant la Loi, qui existe et prévoit des sanctions – jamais appliquées. Les signaux piétons vert-rouge aux feux de croisement ? c’est pour faire jouli.
2) Cerise sur le clafoutis, les infractions des bagnoles qui refusent la priorité aux piétons pourront être constatées par les caméras de rue ! ah nous y voilà… car, chers auditeurs, il n’y a que très rarement des flics pour verbaliser, nous le savons tous ; en revanche, et comme pour le stationnement abusif, on va pouvoir automatiser les constats ! les rafales de six points en moins, ça va y aller bon train. Eh oui, songez-y : les piétons, on ne peut pas les sanctionner par caméras, ils n’ont pas de matricule. Les bagnoles, en revanche, no problemo. Et puis ça arrondit les fins de mois.
Tibert
(*) Il y en même qui traversent la rue du Faubourg-Saint-Honoré comme ça, impromptu, pour chercher un boulot.
(**) Il semble que des djeunes se divertissent à traverser dangereusement sous le nez des véhicules, filmés par leurs potes ; on met ça en ligne ensuite sur les « réseaux sociaux » : qu’est-ce qu’on se marre !
« … Il semble que des djeunes se divertissent à traverser dangereusement sous le nez des véhicules, filmés par leurs potes »
On se fait remarquer comme on peut. Il n’y a pas longtemps, je voyais un groupe de post-adolescents se « selfiser » en chœur tout en haut d’une tour de plus de 500m d’un état pétrolier du Golfe, cramponnés aux antennes du sommet et au dessus du vide…
Tout ça pour épater les copains.
Le problème – et il résulte de la prégnance désormais plus que jamais mortifère du narcissisme infantile* : « … t’es pas cap !? » -, c’est le divorce de plus en plus fréquent entre la réalité « vraie » et la réalité « virtuelle » ; ou pire, « augmentée »**…
À force de voir n’importe quoi sur les écrans de leur smartphones ou de leur ordis, ces malheureux croient avoir affaire à LA réalité. Or, la réalité, ce n’est pas ça ; la réalité, c’est douloureux, c’est inflexible, c’est dur, ça fait mal quand on s’y coltine et ça ne plie JAMAIS : on peut tout au mieux la contourner ; mais pour y parvenir, encore faut-il un paquet de qualités – humaines et autres… – de plus en plus rares !
On vient de voir comment une bisbille à propos d’une place de parking peut dégénérer en meurtre « de sang froid » ; toutefois, l’abus de jeux vidéos où la solution passe quasiment toujours par l' »élimination physique » de l’adversaire n’y est-il pas pour quelque chose chez les sous-équipés mentaux ? Vous me direz que ça n’est pas nouveau : dans le courant des années 80 (en 84 ou 85 me semble-t-il me souvenir…), un toulousain furieux de s’être fait « souffler » la place de parking qu’il visait, ici rue du Taur ou rue des Lois, est monté quatre à quatre chez lui chercher un fusil de chasse à canons sciés et a abattu froidement celui « qui lui avait fauché sa place »…***
Et pour en finir avec le virtuel et ses pauvres mirages, heureusement que tout ça n’existait pas encore dans les années 60… sinon, au lieu du déménagement littéralement pharaonique des temples de la Haute Vallée du Nil – un véritable exploit et une façon de montrer à leur constructeurs que nous, leurs descendants, étions à la hauteur ! -, on vous proposerait aujourd’hui une « visite virtuelle » en « réalité augmentée » de ces chefs-d’oeuvre engloutis à jamais… Sans la solennité de l’endroit « réel », bien sûr et pour ne citer que ça, mais ça aurait coûté tellement moins cher !!
Constat : il en faut décidément bien peu pour impressionner les imbéciles. En écrivant ça, je pense à un poids-lourd croisé hier sur la N124 ici : la place du passager à droite du chauffeur y était occupée par… une poupée gonflable. J’espère pour le pauvre homme que son rôle (à la poupée…) se réduisait à de la figuration !
T.O.
(*) Et pas qu’infantile ! on a, de l’autre côté de la Grande Mare aux Canards, l’exemple le plus clair de ce qu’à soixante-dix ans passés, les dégâts en sont toujours aussi redoutables. Voire mille fois plus, si on est en position sociale d’imposer ses propres délires !
(**) Dois-je rappeler qu’en bon français, le « virtuel », c’est ce qui POURRAIT être mais n’est pas – ou pas encore – et s’oppose donc diamétralement à la « réalité », qui désigne elle ce qui est réel, soit ce qui EST bel et bien ! Quant à la réalité « augmentée », lorsqu’elle consiste à visionner un univers complètement fictif à travers des lunettes + ou – panoramiques et à le percevoir grâce à des accessoires du style « gants perceptifs », je trouve que par rapport à toutes les informations que nous transmettent sur le monde qui nous entoure et à chaque milliseconde nos cinq sens labellisés d’origine, c’est bien plutôt d’une réalité « restreinte » qu’il s’agit !
(**) Bon, OK, vous me direz que Toulouse – la ville « des mémés qui aiment la castagne » ! – n’est ni un exemple de courtoisie ni de savoir-vivre… Et je puis d’autant mieux l’affirmer que j’en suis natif et que j’y ai vécu un bon moment. Ceci dit…
Oui, Toulouse… enfin, bon. Mais les halles centrales, si l’on s’y rend à pied, valent le coup. On y trouve de bien bonnes choses, pas pour les végans, évidemmment. Laissons les à leurs topinambours râpés à la sauce pisse-vinaigre.
A propos des poupées gonflables, la chose est pratiquée aux States, où le système des « car pools » sur les autoroutes permet aux bagnoles véhiculant au moins deux personnes, d’occuper des files dédiées et généralement moins encombrées. Honni soit donc qui mal y pense : le mannequin à la place du mort, c’est juste pour faire nombre. En France je ne connais pas de « car pool », donc votre routier a peut-être besoin d’une présence féminine dans sa dure journée de labeur ? ça ne tue personne…