Bon, ce sont les moments bénis où tous les services municipaux sont en sommeil tout partout, mairies claquemurées etc… : vous avez besoin de quelque chose ? un papier, une attestation, un service ? attendez le 2 janvier 2019 ! avec du pot les employés n’auront pas pris leurs congés de maladie à ce moment-là.
Je ne mange pas de ce pain-là, moi môssieur, et je travaille, moi, nonobstant la trêve décrétée par les confiseurs. Tiens, je vais vous dérouler ici même un billet sous les yeux : l’un des lecteurs du Parigot écrivait, à propos de certains Gilles & John qui ont défrayé négativement les chroniques : « jaune devant et brun derrière » : pas le brun-bronze du caca auquel vous pensez, ce n’est pas au niveau du froc que ça se situe, mais du torse : le brun des Chemises Brunes – et paf au point Godwin ! Et, à contempler les agissements ici et là, ça y ressemblerait pas mal, des fois. Ce qui interroge encore plus, ce sont les subtiles manoeuvres (grosses galoches) de la gauche, des gauches, de la CGT, des Insoumis etc… pour bichonner-câliner les GJ, amis-amis-copains-copains : la carpe et le lapin, vous écrivais-je en titre, du moins vu de loin et au vu des orientations politiques affichées ou en filigrane – on m’accordera que chez les GJ c’est assez évolutif et foisonnant, ça commençait modestement par +7 centimes injustes et indigestes sur le gasoil, mais certains en sont maintenant à décapiter Macronibus – en marionnette, rassurez-vous – et à scander « rendez-nous l’ISF » (« nous » : afin que les autres payent, évidemment).
Mais trêve (des confiseurs) de politique ! l’An Nouveau pointe son nez au bout du tunnel ; alleluïa donc, et tous mes voeux de bonheur, lecteurs et lecteurs-contributeurs estimés. Je vous propose en point d’orgue et en conclusion de fructueuses méditations sur ces deux aphorismes :
– La meilleure façon de réaliser ses rêves, c’est de se réveiller.
– La meilleure façon de ne pas se perdre, c’est d’ignorer où l’on va.
… ou toute combinaison des deux.
Tibert, et youpee.
… Le problème des révolutions – et aucune n’échappe au schéma… – c’est qu’elles n’ont jamais de tracé initial lisible. Je veux dire qu’elles démarrent le plus souvent tout à coup sur des détails parfaitement insignifiants pris hors de leur contexte particulier et que, si ce démarrage est parfois prévisible, peu – voire très peu – de gens possèdent la lucidité nécessaire pour deviner leur cheminement et moins encore – surtout ! – leur aboutissement et le déroulement de leur maturation. On l’a vu encore récemment lors du « printemps tunisien » avec l’immolation du jeune marchand de fruits et légumes qui l’a déclenché et, par la suite, son extension à une bonne partie des pays arabes. Mais le plus récent suicide suivant le même rituel barbare d’un journaliste tunisien aura-t-il les mêmes retombées ? Bien malin qui pourrait le dire : on ne trouve pas d’homme providentiel à tous les coins de rue. Beaucoup de Cassandre(s) informatisées nous prédisent une année 2019 agitée – c’est le moins qu’on puisse dire ! -, mais pour autant qu’il m’en souvienne, 1969 n’a pas apporté tous les bouleversements dont 68 était engrossée, loin s’en faut ! Alors ?
Alors, il s’en faut d’autant que les présences tolérées aux commandes de nos destinées d’imprévisibles enflures autolâtres du style Trump ou de personnages psychorigides complètement dépourvus d’empathie du genre Bachar El Assad assombrissent singulièrement l’horizon : nous vivons une crise des valeurs universelle ; il n’est que de voir à quelles rafales tempétueuses la malheureuse « démocratie » est actuellement sujette un peu partout dans le monde. Et ce ne sont ni les gesticulations de pochard de théâtre de boulevard des uns ni l’individualisme d’Etat forcené des autres parmi nos chers « dirigeants » européens qui amélioreront les choses. Quant à la France… Malheur à la ville dont le prince est un enfant.
Vous ne me sentez pas particulièrement optimiste ? Sans doute. Alors, critiquer les gens qu’on a plus ou moins stigmatisés sous le vocable « gilets jaunes » sous prétexte qu’ils perturbent le train-train quotidien de certains d’entre nous ? Je veux bien, mais il n’y a pas d’accouchement sans douleur et pour le moment nul ne peut augurer de ce qui se prépare… eux en premier ! Mais imaginer qu’une remise en cause fondamentale de l’intégralité de ces pseudo-valeurs que nous avons laissées progressivement squatter notre existence peut se faire dans le calme et la sérénité… Mouais. Il n’y a qu’un point commun entre toutes les formes de remises en question fondamentale des sociétés – qu’on désigne généralement par le terme de « révolution » -, c’est qu’elles sont toujours contraintes, à un moment ou l’autre de leur évolution, de trouver/fonder leur légitimité dans la violence et le sang. Cela tient sans doute à la perversité fondamentale de l’espèce humaine et à son instinct de prédateur…
Mais nous abordons là un autre domaine.
Alors, bonne année 2019 ? Qui vivra verra…
En attendant mieux, espérons*… et plein de grosses bises à tous !
T.O.
(*) Je crois me souvenir que c’est Tristan Bernard qui, lors de son arrestation par la Gestapo, avait conforté sa femme de la sorte : « Console-toi : jusqu’ici, nous vivions dans l’angoisse ; maintenant, nous vivrons dans l’espérance… »
Belle analyse, et belle exégèse de Sainte Violence Aveugle, accoucheuse des changements radicaux. J’aime bien cet extrait : « Alors, critiquer les gens qu’on a plus ou moins stigmatisés sous le vocable « gilets jaunes » sous prétexte qu’ils perturbent le train-train quotidien de certains d’entre nous ? Je veux bien, mais il n’y a pas d’accouchement sans douleur et pour le moment nul ne peut augurer de ce qui se prépare… eux en premier !« . En somme, les GJ agissent à l’insu de leur plein gré. Ouais…. bon… hier ils ont tenté chez moi de bloquer l’entrée d’une médiathèque… c’est du n’importe quoi, et je vais bientôt gagner le point Godwin, évoquer les cramages de bouquins sous le IIIème Reich, « quand j’entends le mot culture je sors ma poubelle incendiée », etc. Il est temps que d’aucuns plus lucides essaient de siffler la fin des conneries. Et à mettre démocratie entre guillemets, on finit par oublier qu’elle est, outre la formule de Churchill, largement perfectible dans son imperfection. C’est ce à quoi nous devrions tous aspirer – et agir en conséquence et en adultes. Macron est coupable ? certes, après des milliers d’autres depuis des lustres, qui ont confondu démocratie et fromage, démocratie et élitisme, démocratie et jacobinisme, etc. (amen)