Quand c’est Les pour Des, et autres contes

( George « What else » Clooney se rebiffe, et à juste titre, contre le sultan de Brunei, ce monarque d’un petit état pétrolier rétrograde et que peu savent situer : oui, bonne réponse, merci wiki, c’est sur la face Nord de Bornéo, une enclave de 5.700 km2 dans une province malaise. Malaise, justement, car le sultan « éclairé » (je dirais « allumé ») de ce royaume veut désormais lapider, couper des mains, exécuter etc… comme au défunt califat de Daech. Clooney, courageux, appelle à boycotter les hôtels détenus par des fonds de Brunei, notamment le Plaza-Athénée et le Meurice, à Paris. Je le suis à fond à fond sur ce point, car – 1) il a raison, c’est dégueulasse ce qui se prépare ; 2) mieux que Clooney : je ne suis même pas tenté de fréquenter ces hôtels, j’y mettrais mes finances en très grosse difficulté ! il se trouve que « Le Lion d’Or, à Troumieux-sur-Gartempe, n’est pas visé par cette liste d’infâmie, et ça me rassure pleinement. )

Et puis Le Monde, jamais biaisé, d’une objectivité remarquable, titre « Les enseignants dans la rue pour protester contre le projet de loi Blanquer« . Et de poursuivre : « Plusieurs milliers d’enseignants d’écoles maternelles et élémentaires, de collèges et lycées ont défilé gnagnagna…« . Les enseignants sont environ 1,5 million (le mammouth, disait Allègre), et l’on a compté plusieurs milliers de protestataires, soit DES enseignants, pas LES enseignants. Sans doute emporté par son enthousiasme, le journaleux aura quelque peu gonflé son propos…

… et je termine cette très brève revue de presse pour citer un commentaire d’un lecteur du Monde sur cet article : « Quand les enseignants étaient pour la dernière fois d’accord avec une réforme ? Ah si en 1969 quand la semaine est passée de 10 à 9 demi-journées de cours« … je n’ai pas vérifié mais ça semble assez bien vu.

Tibert

William S. à la poubelle

Je lis ça… une pièce d’Eschyle, qui n’est pas toute jeune – environ 2.500 ans avant chez nous -, Les suppliantes, ne sera pas jouée ; ça n’aura donc pas lieu, à Paris, évidemment (*). Le metteur en scène avait eu la sale idée, lors d’une précédente représentation, de grimer certains de ses acteurs en noir ! c’est paraît-il raciste, ce serait du ou de la (genre indéterminé) « blackface » (c’est surtout de l’anglais ! disons que chez nous ce serait de la « tête noire » **), clament les militants du CRAN, le Conseil Représentatif des Associations Noires. Donc, il semblerait que les têtes noires, c’est une locution raciste… Les comédiens, conciliants, disent que ce coup-ci ils joueront sans grimage, avec des masques : ce n’est pas assez anticolonialiste, il y aura des masques noirs ! donc on ne jouera pas la pièce… Eschyle, ce sale colonialiste. Il vous reste la possibilité de lire cette oeuvre antique et classique, avant que l’éditeur la retire prudemment de son catalogue, vu qu’elle a été entachée de blackface. Les autodafés et farenheit 451 ne sont pas loin.

Jadis, Shakeaspeare – c’est nettement plus récent, mais pas trop – avait eu, lui aussi, le culot, l’impudence de mettre en scène un blackface : Othello… boycottons Shakeaspeare, ce sale raciste, qui n’avait même pas l’excuse que c’était pas lui, mais le metteur en scène. A la poubelle, donc, William !

Tibert

(*) Essayez donc de jouer Les suppliantes à Bouzenvoir-Sur-Orge, tiens. La Culture, c’est toujours aux mêmes qu’elle vient. C’est pas juste !

(**) Et non gueule noire, qui est une AOC déposée par les mineurs de charbon – en attendant que d’aucuns s’avisent que ça a des connotations racistes.

PS – Une histoire triste : des malfrats déverrouillaient des pompes à essence la nuit dans les coins peinards et sombres, et se servaient abondamment pour eux, leurs copains et clients sans factures. Pour déverrouiller lesdites pompes, il faut un boîtier de télécommande (on en vend des faux sur la Toile) et entrer un code à 4 chiffres… pas boucoup, quatre chiffres, pour protéger des dizaines de mètres-cubes de ce précieux liquide qu’est le carburant. Surtout quand par défaut c’est livré avec le code 0000, et… que personne ne se donne la peine de le changer !

‘Cré vindiou, c’est l’arbre à Jules

L’UFC-Quoi-Acheter publie un fort utile document sur les manques de l’Internet en France. Vous le lirez si vous voulez vous instruire ; grosso modo, dans les villes ça baigne, à la campagne ça rame, quand ça veut bien bouger, genre 650 Mbits/s, soit 80 MOctets/s en descente les jours où ça dépote bien. Essayez donc de commander une doudoune en laine des Pyrénées à la Reboute avec ça, tiens ! on y passe la matinée…

Bref, l’UFC affirme que la priorité c’est de réduire ces écarts inadmissibles – les administrations font comme si tout le monde était bien installé sur Internet, et démerdez-vous – et non pas d’aller encore plus vite en ville, snobant ainsi les ruraux. La fibre partout ? du pipeau, projet trop optimiste et irréaliste : déployez donc massivement et correctement des fils de cuivre, du bon vieux ADSL, disent-ils, et je suis pleinement d’accord : c’est rustique, facile à rabouter, et suffisamment rapide si c’est bien fait.

Et c’est là que c’est rigolo… vécu vrai de vrai. Les fils téléphoniques – de l’Opérateur Historique couleur mandarine et Cacochyme, et bien entendu « non dégroupé », rente oblige – qui suivent sur leurs poteaux de bois, vaille que vaille, au long des talus le tracé des départementales, coupant ici et là au travers d’un champ… c’est ça, l’ADSL des campagnes ! des fois c’est plutôt propre, ça a de la tenue… mais que de poteaux écroulés ou pourris, de fils traînant à terre, de tracteurs trop hauts qui arrachent le tout, de branches d’arbres cassées pesant sur les câbles… c’est ça l’Internet des bouseux !

Et le pire du pire, c’est qu’on ne peut rien faire ! sauf à le faire soi-même, en douce, dégager une branche cassée, sortir le câble du fossé pour pas qu’il se noye… du bénévolat. Car si la lourde branche du noyer en bordure du pré menace de rompre un câble téléphonique sur le talus de la D728, c’est le noyer du Gustave, on n’a pas le droit d’y toucher ! donc si par hasard un citoyen responsable signale le problème, il faut que l’Opérateur, s’il veut bien se bouger le cul, trouve d’abord le coupable, puis lui demande poliment de bien vouloir scier la branche fautive – sans scier le câble. Oui mais c’est-y bien au Gustave, ce champ ? ah ça dame, c’était aux … mais ça a été vendu, c’est un type de … qui a ces terres maintenant, il doit les louer à … enfin on sait pas trop. Alors ? alors on fait rien, on peut rien faire ! on attend que le câble casse, car il finira évidemment par casser, et là, après des délais significatifs – week-ends, jours chômés et temps réglementaire de réaction – on réparera. Pensez, la fibre optique… je me marre, amèrement.

Tibert

Mais sénat rien à voir !

( Sur le massacre dans les mosquées de Christchurch (les mosquées de l’église du Christ !! ) : c’est bien que les  citoyens de là-bas aient massivement condamné clairement le terrorisme, affirmé leur empathie et leur solidarité avec la communauté musulmane meurtrie. Mais plein de femmes l’ont marqué concrètement en se voilant la tête… se conformant ainsi explicitement à l’équation femme musulmane = femme voilée. Eh non, l’équation c’est femme voilée = femme soumise (au mâle, ça va sans dire !). Et la transitivité (*) se démontre aisément. Et les féministes néo-zélandaises, qu’en pensent-elles ? )

Mais, au fait : le sénat balance une grosse boule  dans les papattes de l’Elysée, étirant tel un inter-minable chewing-gum le filandreux et subalterne feuilleton Benalla : c’est trop d’honneur ! Qu’en dire ? que ça semble assez clair. Trois importants sbires de la structure élyséenne sont visés : c’est le lanceur de poignards qui encercle ainsi la figure au centre du plateau, le Macronious. Le Macronibus qui  a énoncé clairement qu’il y a trop de parlementaires et qui veut y remédier – là dessus, tout le monde dans ce pays est bien d’accord, sauf les parlementaires, justement ! et tout particulièrement le sénat, poussiéreux et affligeant reflet de la France très Profonde et très plan-plan – et d’une utilité qui ne saute pas aux yeux. Un tiers de sénateurs en moins… non mais, vous vous rendez compte ? et le sénat d’entrer en résistance, se saisissant de tout projectile contondant à sa portée. C’est le feuilleton Benalla, le projectile contondant, en l’espèce.

Tibert

(*) Vieux rappel de maths : transitivité…  A°B et B°C –> A°C. Exercice : appliquer aux deux équations énoncées plus haut.

Streetmedics et workshops

Un mèl que je reçois d’un magasin que j’ai eu le tort de fréquenter, y laissant hélas la trace informatique de mon passage : on me propose des Workshops Street Photo MachinTruc [une marque connue] à … (ici le nom de la ville). Il est clair que si c’était Ateliers photo de rue à … ça ne le ferait pas ! des workshops pour shooter avec sa camera dans les streets de Blésieux-les-Gonesse…  on se sent tout de suite plus anglais, c’est tellement meilleur ! J’aurai vécu assez vieux pour lire des merdouilles comme ça.

Mais on nous annonce que l’armée va sécuriser les bâtiments sensibles, lors des manifs possiblement violentes à venir (19, 20… n+1… oups ! XIX, XX…) : comme bien évidemment il est exclu qu’elle utilise ses flingues pour flinguer – ce qui règlerait rapidement la question, mais ça ferait désordre – il restera les bons vieux combats corps à corps et bourre-pif, coups de boule, gnons et genoux dans les « parties »… ça promet ! ou alors blindés déployés, déroulés de barbelés et chevaux de frise devant les édifices, comme pendant l’occupation ? on reste perplexe devant cette initiative hardie.

Et puis le gouvernement s’avise, quatre mois après le début des saccages récurrents et hebdomadaires, qu’il est possible de marquer les manifestants d’une sorte d’encre-empreinte indélébile, genre ADN coloré, permettant plus tard de les confondre : oui, ils y étaient, à tel endroit à tel moment, indubitablement, inutile de nier. Mais qu’allez-vous imaginer ? ils ne faisaient que passer là fortuitement par hasard et impromptu, ramassant au gré des trouvailles des pavés, boulons et autres objets durs et projetables pour en faire cadeau à leur vieille mère, qui fait la collec’. Les tas de fringues neuves avec leurs anti-vols dans le sac à dos ? ça traînait par terre dans la rue, c’est pas propre, ils allaient les rapporter à l’Armée du Salut pour les pauvres et nécessiteux. Braves petits !

Bref : le mieux, ça serait que ça s’arrête, la très grande majorité en a plus que ras la casquette. Mais pour ça il faudrait renoncer à se marrer tous les samedis, se fournir en denrées gratuites, donner du boulot aux artisans qui réparent les dégâts ; ce serait dommage, pas vrai ? et puis ça augmente le PIB !

Tibert

PS – A propos de l’anglais de m… qui nous envahit – merci les journaleux – je lis ça sur Le Parigot à propos des trottinettes, vélos… en libre service à Paris : « Les vélos en free floating, eux, sont les moins taxés (…) ; à ce jour, la Ville de Paris estime à plus de 15 000 le nombre d’engins en « flotte libre » déjà présents sur son territoire« . Ce sont les termes français qui sont entre guillemets !

 

 

Barbarie et surdité

La démocratie paisible a vécu ; on fait mine de commencer à s’en apercevoir… quoi ? des barbares saccagent La Plus Belle Avenue Du Monde ? (AOC franchement chauvine, faut pas pousser !). Eh oui, et c’était prévisible, au vu des appels guerriers des divers dirigeants historiques des GJ. Un détail : le mot ultimatum a-t-il un sens ? on a posé un ultimatum à Macronious ce samedi n° 18, modestement nommé ACTE XVIII. Et l’on apprend ça benoîtement, pas de problème… « Ultimatum et Démocratie : vous avez deux heures« .

D’un autre côté, on a des dirigeants  – ce n’est pas Macron qui a inauguré ça, il suit le sillon, c’est peinard – qui pendant des décennies nous ont fait du « chante beau merle, tu peux flûter, ça ne changera rien ». Des qui sont bien confortables dans leurs bulles dorées – et il y a en plusieurs, des bulles moëlleuses, des tas, même ! Tristement, on a constaté au début du mouvement des GJ que, hélas, ce n’est que lorsque ça pète gravement que là-haut ça finit par s’intéresser à ce qui nous soucie. Ah tiens ? il y aurait un problème ? le peuple gronde ? qu’est-ce ?

La démocratie est très mal armée pour résister aux voyous : elle prend trop de pincettes, fait trop de ronds-de-jambes. Il va falloir muscler les moyens de riposte, arrêter de jouer les Bisounours : faire les gros yeux, ça ne suffit pas. Il est clair, d’un autre côté, que les institutions doivent se réformer vite, vraiment, sévèrement, vers plus de sobriété, moins de décorum et plus d’écoute : les Scandinaves savent faire, eux, donc c’est possible. On a des progrès à faire ! C’est dur, je sais, la soupe sera moins épaisse, mais ça urge. Et ne demandez surtout pas aux sénateurs s’ils sont d’accord : ce sera non. On prend les paris ?

Tibert

Intermittences littéraires

( Une que j’ai trouvée, sinistrement, excellente : c’est à propos de la situation en Algérie…  » On voulait des élections sans Bouteflika ; on aura Bouteflika sans les élections ! «  )

Mais au fait : je lis dans le Monde que les écrivaines-z’et-écrivains ont parfois deux métiers, l’un pour croûter, l’autre de plume. En clair : ils ne sont pas tous lauréats du prix de ceci ou de cela (*), ils ne vivent pas tous de leurs écrits, le croiriez-vous ? alors ils gagnent leur pain quotidien à faire autre chose. C’est dingue, non ? un auteur français, chez nous, en 2019, ne pourrait pas vivre de ses écrits ? mais l’Art ? la création ? que fait le ministère de la Culture ? Il est urgent d’instaurer le statut d’intermittent de l’écrit, digne pendant de celui du spectacle. En panne d’inspiration ? vite chez Popaul-Emploi pour toucher les allocations idoines.

Je vais vous dire : j’ai, moi aussi, entrepris jadis l’écriture de l’oeuvre majeure, décisive qui devait sous ma signature reléguer Proust, Gide et Martin du Gard au rang de miteux amateurs… avec un tel dispositif de soutien j’aurais eu toutes mes chances, évidemment. A l’époque, j’ai dû abandonner, faute de financement : carrière brisée ! perte immense…

Il faudra évidemment border tout ça, pour éviter les fraudes : tenez, quand Rimbaud écrivait « Les poètes de sept ans« , en fait il en avait dix de plus. Un escroc, quoi.

Tibert

(*) Les livres c’est comme le pinard : il y a cinquante ans, il y avait 4-5 concours et 4-5 médailles d’or, d’argent et de bronze ; de nos jours on a le Concours des Grands Crus de Bouzeneuve sous-Yvette ou de Méséglise-les-Côteaux pour essayer de coller des médailles à tout le monde. On y arrive presque.

Ces menteurs de Crétois

Une statistique vient de sortir : la pollution tue autour de 67.000 personnes en France chaque année ; Paris a le pompon de la plus grosse hécatombe, si l’on écarte les coins délétères comme certaines vallées de Maurienne ou similaires. Habitez donc un trou perdu et venté en bord de mer, sans usine aux alentours ! vous mourrez sans soins faute de structures médicales. Le tabac ? autour de 73.000 morts par an. Ne fumez donc pas, vous inspirerez les goudrons délétères des cigarettes de vos voisins.

Les accidents domestiques ? autour de 20.000 décès par an ; les cancers je ne vous dirai rien, c’est affreux. Et la route ? petit joueur, la route ! autour de 3.700 morts par an – une bricole, mais qui bénéficie, si je puis dire, de l’attention toute particulière de nos dirigeants, car cette bricole rapporte du fric, en pagaille.

Bref, statistiquement la pollution arriverait autour de 91 % des performances de la tabagie. Encore une statistique, une de plus, qui ne vous empêchera pas, chers amis Parisiens, de prendre massivement le métro, où l’on se tient chaud, et où l’on respire à pleins poumons l’air pur et vif des couloirs de correspondances de Châtelet ou de la Défense. On se demande à quoi bon sortir des statistiques dramatiques, tiens… Il est vrai que les statistiques, ça va ça vient, il en pousse tous les jours. A prendre avec circonspection, surtout si l’on considère qu’environ 71 % des statistiques énoncées à droite à gauche sont de pures inventions de leurs auteurs.

Tibert

Gérontologie et plafonds bas

Tout d’abord : on apprend que le chenu mannequin de la maison Smalto, Jack, 80 balais aux prunes cette année, est actuellement toujours Président de l’Institut du Monde Arabe (IMA) , à Paris, ceci en contradiction formelle avec les dispositions sur l’âge de la retraite des fonctionnaires. Au fait, les costards sur mesure, le célèbre couturier rital s’en est collé pour environ 200.000 euros, mazette ! Fillon fait vraiment petit joueur à côté. Ce ne sont pas des cadeaux avec ou sans renvoi d’ascenseur, meuuh non, qu’est-ce que vous allez chercher ; c’est pour les défilés de mode à l’IMA. Ben quoi… le cadre est chouette, et il y a même un restau au sommet sur la terrasse pour organiser des coquetels face à la Seine. Feu Lagerfeld, qui lui n’était pas fonctionnaire, n’aurait pas imaginé mieux.

Et puis cet article éclairant sur l’urbanisme nul de chez Nul de chez nous. Figurez-vous que les Français ne veulent décidément pas densifier correctement le tissu urbain ; ça fait de la peine aux écolos. Le rêve, le credo des écolos-logiques et ayahtollesques, c’est… 1) le maximum d’espace terrestre pour cultiver des légumes évidemment bio (*) ;  2) et puis des grandes tours dans des conurbations, pour y loger tout le monde, comme ça plus besoin de prendre sa bagnole, pas de place perdue, convivialité gnagnagna… eh bien c’est loupé ! ces cons de Français s’efforcent de miter le paysage en faisant construire leur petit « Sam’suffit » ou « Mon repos » un peu partout, de préférence en pleine cambrousse au milieu de nulle-part, pelouse, allée gravillonnée, portail et haie de tuyas (voire barbelés, miradors et doberman), toiture deux-pentes en tuiles-béton marron foncé avec casquette sur l’entrée, deux chambres rikiki mais suite parentale royale comme le couscous, terrasse pavée en grès non-gélif, et puis grand garage ; on y met la tondeuse, la table de ping-pong, les vélos et le barbecue en hiver, en attendant de pouvoir se construire la chapelle à merguez en parpaings, enduit taloché. Et, forcément, le matin pour aller au boulot – quand ils ont du boulot – ils prennent leur bagnole (pas le choix) : eh bien c’est la-men-ta-ble. Mais c’est comme ça.

C’est comme ça et ça démontre tout bonnement que ce qu’on nous propose pour habiter collectivement est tout sauf engageant. Des parallélépipèdes rectangles d’un conformisme consternant, des balcons étriqués et miteux donnant sur le parking en dessous, des plafonds de plus en plus bas – en dessous de 250 cm maintenant ! (**) -, les voisins qu’on entend péter, des WC et des salles de bains aveugles, des parties communes aussi plaisantes qu’une journée chez Roblot, les chambres où pour pouvoir poser le pied le matin il faut d’abord pousser le lit contre le mur ; peu ou pas de rangements… il manque plein de choses, outre des architectures un peu chouettes, spacieuses et lumineuses : le vestibule ! le quoi ? le vestibule : les godasses, le parapluie, les manteaux, tout ça… et puis une arrière-cuisine, si si, la souillarde ! pour les provisions, le congèle, les confitures, le stock de PQ, les bassines et l’aspirateur. Des prises électriques dans les parkings, pour les futures bagnoles rechargeables. Et des prix corrects, des syndics pas trop gourmands, des charges supportables, des… autant flûter, tiens. Alors ? alors on fait construire, comme on dit. Dans des lotissements et des paysages aussi enthousiasmants qu’une journée aux PFG.

Tibert

(*) et puis des élevages bio de volaille bio en plein air, et des fermes bio d’aquaculture bio, avec recyclage bio des déchets – si les vegans n’ont pas pris le pouvoir.

(**) Les différents ministres du logement ont tous été incapables – ils s’en foutent, eux n’habitent pas là – de fixer une norme nationale, pourtant indispensable pour contrer les manips des promoteurs tendant à nous empiler de plus en plus serré. Deux-cent-soixante-cinq centimètres MINIMUM sous plafond, ça serait trop demander ?

La prédation fout le camp

(J’avais pensé à ce titre : Les fauves à jeun, mais ça faisait jeu de mots laid. Passons…)

Je suis tombé sur un article gratuit – c’est rare mais ça arrive – du Firagots, ma foi bien foutu et documenté : c’est sur la profonde mutation du comportement des bêtes sauvages au Mozambique… suite à la guerre et aux chasses, les lions, tigres, chacaux 😉 , hyènes etc… ont presque disparu.  » C’est quasiment tout un écosystème qui a été chamboulé « , tartine le journal. Le ton de l’article est alarmiste : ça ne va pas, manifestement, ce n’est plus comme avant. Tout fout l’camp.

Il m’appert cependant que si l’on avait interviouvé les gazelles, antilopes, singes, gnous et autres mammifères herbivores ou presque, on aurait eu un tout autre son de cloche. Et comment qu’ils apprécient, les zèbres, de brouter en paix ! ça fait un bien fou de savoir qu’un gros griffu féroce, écumant, grondant, ne risque pas de vous tomber inopinément sur le râble !

Autre chose, sans aucun rapport : on s’avise enfin que la pédophilie en soutane ou tenue de clergyman, c’est de la pédophilie ! et, bon sang mais c’est bien sûr, c’est puni par la Loi ! cette très médiatique condamnation de monsieur Barbarin, manager civil et spirituel – on dit cardinal – d’un tas de structures religieuses et d’ouailles, vient opportunément poser un premier jalon. Le cardinal en question a d’ailleurs logiquement et dignement décidé de démissionner (*), ayant failli à empêcher de nuire et punir en interne les brebis galeuses de son staff. Formons le voeu que désormais les grands prédateurs ne rodent plus dans la brousse, querens quem devoret (**).

Tibert

(*) Je garde toute ma considération au cardinal en question quant à son comportement moral personnel ; il était jugé pour non-dénonciation. J’ai moi-même été largement sujet à la fréquentation des formateurs et autres coaches spirituels cathos : jamais je n’ai eu le moindre problème, la moindre main aux fesses. Donc, certes, il y a des salopards chez les curés ; on doit, on va les empêcher de nuire ; mais ça m’étonnerait qu’il en ait des masses. Et puis redisons-le au passage : le célibat des prêtres et l’exclusion des femmes pour ce job, c’est stupide, archaïque, et malsain.

(**) En latin, ça va de soi… « cherchant une proie à dévorer« .