Des règles et des murs

J’ai suivi cette histoire du quartier Mistral à Grenoble… une cité, quoi ! et puis voilà un scooter volé, de nuit, tous feux éteints, 2 djeunes dessus, jouant avec l’engin, sans casques, et se foutant des règles de la route…  ils sont morts, ces deux ados, ils ne connaîtront rien de la vie qui s’offrait à eux : tentative d’échapper aux flics qui avaient repéré leurs divagations et voulaient les contrôler, hasard idiot qui a voulu qu’un car soit là et que ces gamins aient tenté de le doubler par la droite, ce que le Code de la Route interdit, et pour cause : c’est très dangereux pour les deux-roues. La preuve…

C’est toujours la même histoire, en fait, et les conséquences toujours identiques : émeutes dans le quartier, oraisons funèbres, « morts pour presque rien« , « c’étaient des bons petits« , « pourquoi les courser ? on les a mis en danger, on aurait pu les appréhender après » ; les autorités, comme d’hab’, vont faire une enquête, respect des procédures, les flics ont été impecs, fait que leur boulot, etc. Mais il serait temps de changer de scénario : c’est nul, foireux et désespérant.

« On les connaissait, on aurait pu les appréhender après » ? eh oui (*), mais on aurait pu les empêcher [ de faire cette chevauchée mortelle, NDLR ] avant. Où sont les adultes ? qu’est-ce qu’ils foutent ?

« Morts pour un scooter à 1.000 euros » ? se lamente l’oncle… eh oui, à ce prix ça ne méritait pas de se faire courser ! figurons-nous donc les flics évaluant dans l’obscurité l’Argus du deux-roues visé : ouais, çui-là cote 2.500, ça peut se poursuivre… çui là c’est pas la peine, c’est un vieux modèle… ah, le scooter du fils Sarkozy, faut les gauler ! vous imaginez ?

Bref cette histoire désolante et récurrente raconte une fois de plus une anomalie terrible de ce pays. Les bataillons de sauvageons des cités – terminologie empruntée à monsieur Chevènement – vomissent nos règles ; leurs valeurs sont autres, machisme d’abord, et puis défi, transgression, loi du silence. Somme toute, cela fait au moins deux morales, l’une républicaine, l’autre, disons pudiquement, locale : elles s’excluent l’une l’autre, tout simplement.

Certes, c’étaient probablement – sans ironie aucune – de bons petits gars sans histoire, juste désireux de s’éclater ( et pour cela, vol, infractions, refus d’obtempérer, mise en danger de leurs vies et de la vie d’autrui). C’est moche pour eux. Ils étaient hélas tout simplement hors-la-loi – selon nos lois. Il faudra un jour, comme on a pu le faire pour les morts sur les routes, s’atteler à ce problème, d’une gravité redoutable. Il va s’agir de faire tomber des murs.

Tibert

(*) Après : moi ? en scooter volé ? wesch, c’est n’importe quoi, j’étais chez moi etc.

4 thoughts on “Des règles et des murs”

  1. … Tout à fait d’accord, Tibuche. Mais quand ceux-là même qui font les lois – tout comme ceux qui sont censés répondre de leur application – s’en foutent visiblement et au contraire, profitent de leurs prérogatives pour assouvir leurs petits Egos personnels, comment voulez-vous qu’une quelconque notion de respect pénètre dans des têtes le plus souvent livrées à elles-mêmes et à leur morale de mauvais western depuis les origines ; quand elle n’y sont pas + ou – encouragées par des « autorités » religieuses de pacotille qui n’y voient qu’un moyen d’assurer aisément leur emprise sur les foules ? Ce ne sont pas ces petits truands – plus cons que méchants – qui sont responsables du grand délitement général ; eux le paient par ailleurs au prix fort ! mais bien tous ceux qui étaient chargés de les éduquer et dont ce genre de drame signe l’échec patent. D’eux ? certes, mais aussi et surtout du système* !
    Et attention : il n’y a pas que les quartiers périphériques des grandes villes pour accoucher de ce genre de déshérités ou de minus habens moraux ! Désormais, on en voit certains provenir directement des rues les plus en vue de certaines villes balnéaires bon-chic bon genre du Pas-de-Calais. Or, eux ont la Force Publique et la loi de leur côté ! Par quelle aberration ? Seul Dieu (et Rotschild ?) le savent.
    Résultat : notre chère République est en train de sombrer dans la guerre civile. Et ce n’est nullement une image mais, hélas, un fait désormais patent : une évidence qui, lorsque les cocktails Molotov tombent du ciel, exige/commande de rester délibérément aveugle pour en douter encore.
    Il nous reste à espérer que cette débâcle générale des valeurs sociales ne deviendra pas un état chronique : la politique est ainsi faite que l’espace entre la démocratie et l’impéritie y est minuscule. Et ce ne sont pas les « réseaux sociaux », cette voie royale de la haine et de l’imbécillité, qui amélioreront les chose…
    Bonne fin de journée quand même !
    T.O.
    (*) Voir ce qui est en train de se passer dans l’Orne… Unité de « vie familiale » disent-ils ? Ah bon ? L’incarcération se fait désormais en famille ? à quand les soirées couscous-merguez-Sidi Brahim sur réservation avec les copains ? Et comment m’expliquera-t-on la présence d’un couteau à lame céramique – arme redoutable s’il en fût – entre les mains d’un détenu qui a déjà tué ? Quant à la prétendue « ceinture d’explosif » qu’il revendique, si vraiment elle s’avère être bien entrée – de quelque façon que ce soit – dans un « Quartier de Haute Sécurité », je crois qu’il va y avoir besoin d’un bon coup de balai à tous les étages de ladite prison…

    1. Voilà… je n’avais pas envie de causer des prisons de l’Orne – ne pas me disperser – mais les bras m’en sont tombés à propos de ces UVF, que je découvrais. On vit sur une drôle de planète, entre Bisounours et Oui-Oui. La protection des citoyens passe largement après le bien-être de ces pauvres brebis égarées.

  2. … Bon. Si j’ai bien compris, au final, dans toute cette affaire qui pourrait n’être que mélodramatique si elle ne s’était – une fois de plus… – soldée par une mort elle belle et bien réelle, c’est une femme qui n’avait aucune autre responsabilité dans l’affaire que d’aimer un dangereux criminel qui a payé le prix le plus élevé*… Et je ne dis rien de ce que toute la légèreté des gens qui ont pondus lois et règlements ineptes comme ces UVF ou les limites de la fouille-au-corps va encore coûter au contribuable : Armée, Hélico, CRS, grève des gardiens et tutti quanti**
    Cependant, il ne viendrait à personne l’idée de laisser en liberté, même restreinte, un chien enragé au milieu d’un chenil, au risque qu’il contamine tout le reste de la meute. Oui, mais « … les considérations humanitaires font que…  » etc. etc. pour, au final, aboutir à des absurdité ahurissantes : quelqu’un s’est-il posé un seul instant la question du supplice qu’a dû endurer un vieillard de 89 ans saucissonné comme une momie jusque sur la bouche pour finir par mourir asphyxié sous les tortures de ses bourreaux ? Ont-ils à un seul instant fait preuve d’humanité, ceux-là ? On est loin des désagréments de la fouille au corps, là, non ?
    Je trouve que, de plus en plus souvent, ces « considérations humanitaires » sont un pieux accoutrement pour dissimuler la lâcheté des gens chargés d’administrer la Justice ! Je connais pas loin d’ici une agricultrice veuve et à la retraite qui a élevé 7 enfants, dont plusieurs n’étaient pas les siens… À 90 ans, elle n’a rien que la minuscule pension de reversion de son mari pour vivre ; ses gosses sont éparpillés de par le monde et éprouvent déjà suffisamment de difficultés à s’en sortir par eux-mêmes, et si la réunion officieuse de qqs amis ne l’aidait pas, elle serait tout bonnement à la rue. Personne ne se soucie de lui offrir l’opportunité d’une « unité de vie familiale » qu’elle aurait pourtant méritée plus que quiconque !
    Parfois, j’ai envie de lui dire qu’elle aurait mieux fait d’assassiner deux ou trois imbéciles (je lui en fournirais volontiers la liste !) : outre la considération toujours attachée aux assassins en prison, on prendrait nettement mieux soin d’elle, et gratos !
    « … Il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de Danemark… » soupirait Hamlet.
    Peut-être. Mais pas besoin d’aller jusqu’au Danemark pour ça : la République aussi pue souvent des pieds et de la gueule !
    T.O.

    (*) Au fait c’était pas la « Journée de la Femme », hier ?
    (**) Oui, mais « les couteaux à lame céramique sont indétectables aux portiques magnétiques »… lesquels portiques sont cependant susceptibles au point de se déclencher il y a peu à Orly-Sud pour… les emballages en alu d’une boîte de Léonidas que mes amis gantois m’avaient offerts ; en outre, au scanner, les CRS les ont très bien identifiés qui m’ont déclaré, rigolards, que la prochaine fois ils exerceraient une « saisie à titre privé » !
    On nous ferait vraiment avaler n’importe quoi ; y’en a marre d’être pris pour des débiles !

    1. Je vous alloue un +1000 pour ce commentaire sur la Justice. Je l’ai dit maintes fois, vox clamantis in deserto : si la Police fait ce qu’elle peut, la Justice et la sollicitude envers, d’ABORD, les délinquants, passent derrière… Tenez, sur Grenoble : qui s’est soucié du type dont le scooter a été volé ? une cagnotte pour lui ? mais non, on fait une marche blanche pour les deux voleurs !

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