L’actualité étant d’une maigreur anorexique en ce deuxième demi-août, je me bats les flancs pour vous trouver, estimés lecteurs, de quoi vous mettre un truc pas emmerdant et utile à lire. C’est dur… on pourrait rameuter les marronniers à la rescousse, mais j’y répugne. Et, voilà, je tombe sur le Fig’ragots qui nous entretient du prochain G7 qui va se tenir à Biarritz, ou à côté, incessamment sous peu. Bref ils-elles seront sept, plus 2.500 flics, gardes du corps, agents secrets, etc. Sept, mais sans Poutine ! puni, Vladimir, depuis qu’il s’est octroyé la Crimée en douce et sans la permission.
Privé de surboum, donc, Poutine, mais Macronious, compatissant, fait un geste : il va le recevoir. Si, si, allez faites pas de façons, venez dîner à la maison, à la fortune du pot. Poutine devrait, s’il est gentleman, lui apporter un panier des premières girolles de l’année… Au menu, donc, on peut imaginer, outre lesdites girolles – en omelette, ou avec un rôti de veau en cocotte, et pourquoi pas un Arbois rouge de 4-5 ans d’âge et assez frais -, les discussions à venir et les problèmes pendants – pendant le plateau de fromages, par exemple.
Et le Firagots de nous interpeller gravement : » Emmanuel Macron a-t-il raison de recevoir Vladimir Poutine à Brégançon ? « . En voilà une question qu’elle est pertinente ! Pour la petite histoire, ils sont massivement pour, les lecteurs du canard. A vrai dire, c’est un point pas con à débattre : où recevoir Poutine ? hein ? J’ai regardé les restos autour du fort susnommé : Tripes-advisor en donne plein aux alentours, Bormes-les-Mimosas, Le Lavandou… des couscous, des pizzas, des kebabs, et d’autres ! Y a le choix. Mais bon, le resto, on sait ce que c’est, ça fait jaser. Sarko en sait quelque chose ! Et puis Macronibus a déjà donné : on a pu lire qu’il s’était montré récemment « avec ses proches dans une pizzeria du Lavandou, au milieu des autres clients« . Reste Brigitte : elle réussit bien dans les soufflés ; faudra penser à acheter des oeufs. Ou alors un taboulé ? ça se garde bien, le taboulé, si on fait beaucoup. Il reste aussi des carottes râpées, un calendos au lait cru… y’aura qu’à commander une charlotte aux fraises chez le pâtissier du coin, il nous l’enverra par le Déliveroue du même coin.
Non, sérieusement, Brégançon ça doit pouvoir se faire.. évidemment y aura pas la vaisselle de Sèvres de l’Elysée, mais bon… Vladimir comprendra… à la bonne franquette… C’est clair, il a raison, Manu ! Je vote OUI ! qu’il le reçoive donc à Brégançon ; je suis d’accord.
Tibert
Aahahhhahhhah !!!
Et dire que du temps de la défunte URSS, mon père – qui négociait directement des accords commerciaux d’État à État avec les Comité Centraux des Achats Textiles*… – avait pour habitude de recevoir ces Messieurs des Missions Com’ à la maison, à Roubaix ! Faut dire que ma mère était une cuisinière hors-pairs et qu’il paraît qu’il arrivait fréquemment que, lors de ses séjours au-delà du rideau de fer, l’un ou l’autre des gros pontes de là-bas lui tirât discrètement la manche pour se faire inviter à notre table lors d’un passage en France ! Et mon frangin et moi, on assurait le comité d’accueil : chemise blanche/nœud-pap bordeau, gilet shetland bleu-marine, culotte mi-courte en flanelle grise, chaussettes longues blanches sous le genou et richelieus noirs, suffisamment astiqués pour qu’on puisse se regarder dedans et que papa puisse « y compter les poils de sa barbe ». Et prière de se démerder pour causer à peu près convenablement anglais ou allemand : les francophones étaient assez rares ! Excellente éducation : c’est comme ça que j’ai appris l’allemand à la vitesse V+1.
Aux funérailles de mon pôpa des années après, y’avait toute une délégation des pays du bloc qu’avait obtenu le droit exceptionnel de sortir pour venir à Blagnac ! J’ai souvenir du correspondant de la Compagnie à Budapest, Laszlow Rousniack**, que je connaissais un peu et qui est venu m’embrasser en larmes : « Ton père était un homme merveilleux ! d’une générosité folle ! – puis après un reniflement – … mais en affaires, c’était un vrai requin ! »
Ca marque, des trucs comme ça !
T.O.
(*) Une des grandes rigolades de papa c’est qu’un jour à Moscou et alors qu’il « comparaissait » devant une commission textile à propos d’une réclamation sur une livraison de laine, il eut la surprise de voir, au milieu des russes, Doumeng !! (le « milliardaire rouge ») ! Comme il lui demandait ce qu’il foutait là, Doumeng lui répond, en rrroulant les « r » comme il savait le faire : « Je suis là pourr défendrrre les intérrrêts de l’Union Soviétique. » À quoi mon paternel rétorque « Vous ne croyez pas qu’ils sont assez grands pour se défendre tout seuls, les Intérêts de l’Union Soviétique ?? »
Après quoi, il fait indiquer par son interprète*** aux Russes qu’il n’entamerait aucune discussion tant que Doumeng serait là. Le « milliardaire rouge » a dû quitter la salle. Mon père venait de se faire un copain, je vous dis pas !
(**) Je peux citer le vrai nom, là : ça fait belle lurette que Laszlow doit taper le carton avec mon père dans « Les Prairies du Seigneur » ou au Paradis des Prolétaires ! L’Éternité, c’est long ! Surtout vers la fin, comme disait Woody Allen, si mes souvenirs sont exacts…
(***) Mon père parlait assez bien le russe, mais personne – sauf moi – ne le savait et je crois que même maman l’ignorait, bien qu’elle s’en doutât. « … Comme ça, disait-il, les gens ne se méfient pas et se déboutonnent devant toi sans complexe ; et toi, t’apprends des tas de choses qu’on n’aurait jamais osé dire autrement » !
Ah le vieux renard…
(Au fait : Timothy Olgerssøn est un pseudo d’écriture ; inutile de chercher, ce n’est donc pas le nom de mon père !)
Ah bon, c’est un pseudo, Olgersson avec un o barré ? ah…
Et puis si ça se trouve, Poutine, c’est aussi un pseudo ? parce que ça rappelle furieusement ce plat fort rustique chéri des camionneurs québecois, à base de fromage fondu sur des frites, avec de la sauce brune. Gageons que dame Brigitte aura à coeur de lui servir ce plat roboratif et digeste, à notre exclu du G7.