Passage de plats

Aujourd’hui j’ai la flemme de rédiger un vrai billet à moi. D’ailleurs j’ai une excuse : Le Monde m’enlève les mots de la bouche, via une tribune de Belinda Cannone, écrivaine (auteur, auteure, autrice,  auteuresse, écrivain, tout est bon dans la nouvelle orthographe genrée). Dépêchez-vous de le lire – du moins le début, accessible au commun des mortels – ainsi que les commentaires des lecteurs : on y dit des choses utiles. En gros, c’est la dictature des minorités qui s’installe ; la démocratie, le débat, la libre expression sont derrière nous : « les héritiers des chantres de la liberté sont en train de devenir les pires ennemis de la liberté ». Il s’agit, pour des tas de groupes-uscules de pression ultra-minoritaires, d’empêcher qu’on émette un avis contraire ou pas dans le droit fil de leur discours. C’est tout simplement la Censure, comme du temps où André Malraux, cédant aux pressions venues de bigots bien placés, faisait interdire le film La religieuse, de Jacques Rivette (on me glisse, depuis la régie et dans mon oreillette, qu’il s’agit de groupes factieux : j’allais l’écrire !

Cerise sur la lâcheté, les autorités universitaires où ces actions détestables ont eu lieu, ont invoqué d’excellentes raisons  (« ne nous fâchons pas« , « surtout pas de violence« ) pour céder aux minorités vociférantes. La violence elle y était, comme on dit maintenant, inadmissible et révoltante (*), et il aurait été honorable de s’y opposer : la démocratie a des moyens pour se défendre, et heureusement ! rappelons-le. Il faut juste avoir du courage.

Tibert

(*) Y compris s’agissant du malheureux Pépère-Président, interdit de conférence par quelques dizaines de furieux, et qui a vu déchirer ses bouquins – lamentable aveu d’incapacité à débattre et argumenter : je n’ai guère d’estime pour ce monsieur, mais il avait farpaitement le droit de s’exprimer – et les contradicteurs, de le contredire, bien entendu.

One thought on “Passage de plats”

  1. Ben oui. L’une des raisons pour lesquelles le blog de Tibert a non seulement le droit, mais aussi le devoir d’exister !!!
    Samedi après-midi j’étais, près d’ici, à une « feria gratis » organisée par Sésame ; un truc genre « Emmaüs » qui s’efforce de faire retrouver le chemin du boulot à des chômeurs de longue durée en leur faisant pratiquer le recyclage et la vente de toutes sortes de bidules. Le jour de la « feria », on liquide gracieusement tout ce qui encombre l’entrepôt avec en prime, un bon bol de soupe. Et vu le temps qu’il faisait ce jour-là, les courageux qui s’y étaient aventurés ne l’avaient pas volé…
    Alors que je fouaillais rayon « Vynils » où, choses curieuse, les classiques ne font pas recette alors que les André Rieux, Serge Lama et autre Claudes François s’arrachent, j’entends annoncer « Plus que 10 minutes ! La caisse est fermée. » sur un ton de sergente-chefesse* hargneuse par une nénette coiffée « goupillon-à-bouteilles » genre Sibeth, si vous voyez ce que je veux dire. Comme on avait annoncé la gratuité, je me dis que ça ne me concernait pas… et là, une espèce de basset irascible de sexe vaguement femelle me demande ce que je fais. Je lui explique. Surprise : « Monsieur, les disques, c’est pas gratuit ! et la caisse est fermée… » Je lui rétorque donc, après m’être enquis de savoir si elle était bien en recherche d’emploi « longue durée » et avoir reçu une réponse affirmative, qu’elle devrait plutôt chercher du côté « fonctionnaire » si elle souffrait d’une telle obsession de la pendule…
    Qu’avais-je dit !!! C’est comme si j’avais tiré une chasse d’eau « à la turque » : je m’en suis pris plein les godasses. Je tourne donc le dos et je m’en vais… pour retrouver le(a) cabot(e) en question me barrant la sortie pour continuer de m’agonir ! : – Vous ne savez pas à qui vous parlez ! – Ah bon ? Non, en effet. Et je dois vous avouer qu’en outre, je m’en fous complètement. »
    Là, les spectateurs ont dû intervenir pour l’empêcher de me tomber dessus (je ne peux plus marcher qu’avec une canne et mon équilibre reste toujours précaire…)
    Alors quoi ? quelqu’un comme elle survit de la charité** des gens comme moi, qui ne sont pas des Crésus, et ils seraient, elle et ses semblables, les seuls à pouvoir se prévaloir de leur malheur ? Moi aussi j’ai été chômeur, mais je me suis toujours battu pour ne pas être une charge pour la société et je n’oublierai jamais la tête du « prospecteur-placier » (!) de l’ANPE de Castelnaudary lorsque je suis allé demander ma radiation de la liste de demandeurs d’emploi…
    – Pourquoi ? Vous n’êtes pas satisfait de nos services ?
    – Parce que je me suis trouvé du boulot par moi-même.
    – A 56 ans ???
    – Ben oui monsieur, à 56 ans. Mais je ne suis pas resté à attendre « vos services » au coin de mon feu ; je me suis « bougé le cul », comme on dit fort élégamment de nos jours…
    Et c’est grâce à ces efforts que je me suis retrouvé « avant-courrier » ; c’est à dire chargé des relations publiques du plus grand cirque d’Europe, CASARTELLI ; un « taf » qui m’a valu quatre ans d’aventures en tous genres dont le récit vaudrait à lui seul un bouquin !
    T.O.

    (*) Mmmouahhhahahhhah !!!!!!!!!!!!
    (**) … une notion qui a bien disparu du vocabulaire d’aujourd’hui ! Mais quoi, c’était « offensant » pour la dignité humaine. Pourtant, c’est toujours, du moins pour l’Église de Rome, l’une des trois « vertus cardinales », non ? « La foi, l’Espérance et la Charité ». Alors ? qu’a pratiqué d’autre un St Vincent de Paul, parmi pas mal d’autres ?
    « Cachez ce saint que je ne saurais voir »…. hum.
    Ceci posé, il ne se passe pas de jour que ma Bwâte-à-l’Être ne contienne au moins une ou deux sollicitations pécuniaires pour des « Organisations non gouvernementales » diverses et variées : on ne dit plus « oeuvres de charité ». Par peur de blesser la clientèle ? Et pourtant, qu’est-ce d’autre ?
    « C’est de l’orgueil mal placé » aurait dit ma mère, qui entretenait son propre cercle de nécessiteux assidus. Mais entre nous soit dit, ça existe l’orgueil « bien placé » ?
    Sale temps pour la fanfare.

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