Le Monde s’emmêle les crayons dans son début d’article sur le « département de la Nièvre renonce à revenir aux 90 km/h en raison de contraintes exorbitantes » : il intervertit 80 et 90… mais c’est pas grave, on a compris. Le gouvernement avait, du bout des lèvres, admis que cette mesure de limitation à 80 km/h était sans objet en région parisienne, dogmatique et absurde sur les départementales normalement « roulantes » – n’empêchant évidemment en aucun cas les fếlés du volant et les imbibés, très pressés ou louvoyants, de foncer comme si le code de la route était un chiffon de papier. Les autres ne roulent pas à 90 quand c’est 70 ou moins qui est raisonnable, voilà tout ; et de scruter amèrement leur compteur, car, 80 sur des voies dégagées et peinardes, c’est tout sauf naturel ; il y faut de la vertu et de l’abnégation !
Mais les conditions pour pouvoir revenir à une vitesse raisonnable sont, comme le dit le gars du Nord dans l’article cité plus haut, « du foutage de gueule » : en principe on peut, mais en fait non… il y aura toujours un chemin forestier, un arrêt d’autocar, un vicinal à croiser : ATTENTION !!! accidentogène !! nous sommes réputés infoutus d’évaluer les situations, de voir le tracteur là-bas, et donc à 80 au lieu de 90, croisant ce vicinal vicieux, on est sauf ! C’est débile mais c’est comme ça. C’est effectivement du foutage de gueule.
Cerise sur le gâteau, l’article du Monde en question renvoie à une tribune fort récente de monsieur Claude Got, « accidentologue » (toubib de formation, âgé de 84 ans ces temps-ci). Ce monsieur – qui a dépassé l’âge pivot de presque 20 ans, privant de boulot un plus jeune – vitupère les Présidents de Régions qui se soucient de rétablir les 90 km/h là où c’est raisonnable : ce serait du « mépris pour la sécurité publique« . Je cite un bout de sa tribune : Les décideurs s’opposant aux réductions des vitesses maximales (…) n’ont pas le courage de dire qu’ils apprécient la conduite rapide et qu’il est acceptable d’avoir 200 tués en plus dans une année, pour gagner de une à cinq secondes par kilomètre et faire plaisir à leurs électeurs pro vitesse.
Les statistiques disent ce qu’on leur fait dire : moi j’affirme, et je défie quiconque de prouver le contraire, la limitation à 80 n’y est pratiquement pour rien ; ce qui a sauvé plus de vies en 2019, ce sont des voitures plus sûres, des conducteurs plus sages, moins de pluie, moins de « crashs » de jeunes bourrés et entassés à six dans des vieilles caisses au petit matin, retour de boîte… et puis, si ça se trouve, enfin des sanctions contre les imbibés et les téléphoneurs au volant.
Il faut s’en convaincre, derrière les hypocrites concessions du gouvernement, qui en fait ne veut rien céder : 90 km/h c’est « de la conduite rapide« , si si. Vous réalisez ? ça décoiffe !
Tibert
Mmmouahahahhhhah !
Une autre solution, depuis longtemps (trop longtemps…) mise en oeuvre ici, dans le Gers : laisser les routes pourrir de partout jusqu’à rendre matériellement impossible d’y dépasser les 50/70 ; notamment en ne renouvelant jamais les marquages de matérialisation au sol (à certains endroits et une fois la nuit tombée, impossible de savoir si vous roulez sur les lambeaux de macadam encore en place ou si vous naviguez en pleine brousse, sauf à croiser une vache frappée d’insomnie : on est aussi secoué ici que là…) tout en ne débroussaillant les bas côtés qu’une fois par an. Et encore…
Ca devrait réduire le nb de morts par accident… mais encore faudrait-il verbaliser sévèrement les téléphoneurs-au-volant enragés, les adulateur de la dive bouteille qui naviguent à double-vue, ceux qui ne se sentent pas du tout concernés par ces sucettes colorées géantes qu’on plante au long des routes pour faire joli et tous ceux qui sont continuellement prioritaires sur tous les z’aut’s parce qu’eux, y sont ici chez eux !!
Bon, ceci dit c’est bien beau de comptabiliser les victimes humaines, mais et les bestiaux, hein ? vous y avez songé aux bestiaux ? Ma voisine la plus proche a déjà vu trois de ses chiens écrabouillés par des chauffards en moins de deux ans et quand je sors Juju, c’est toujours à la laisse pour qu’il n’aille pas baguenauder sur la départementale à côté : espérance de vie, pas plus de 7 minutes 45. Juste un poil plus que sur une autoroute…
M’enfin, tout ça c’est accessoire, on va pas en faire un drame ; surtout quand on voit qu’à Hong-Kong, les natifs en sont à s’écharper dans les supermarchés pour un pack de papier-cul… Ici, cet été, c’était chez Adli ou Lideul pour un pot de Nutenna (sans huile de palme !) en promo ; c’est quand même plus chic, naââân ? Ca me rappelle l’hiver 70/71, quand l’A7 a été fermée pour cause de chutes de neige exponentielles* et que j’ai vu de respectables mères de famille se prendre au chignon dans un super-marché de Montélimar pour la dernière bwâte de raviolis…
Mais j’vais vous dire : moi j’m’en fous ; je préfère la choucroute. Et comme on n’était pas en rupture de P.Q. …
T.O.
(*) Même que la marquise (sortie à cinq heures ?) de la gare de Montélimar s’effondra sous le poids de ladite neige… Depuis, quand y pleut, faut se munir d’un pébroque si vous devez attendre le train. C’est ça le progrès.