( Les experts domestiques s’activent à avancer les bonnes décisions qu’eux auraient prises si… : Meuuuh non il fallait pas durcir le couvre-feu / Moi je me confinerai pas / Le couvre-feu ça sert à rien / Le confinement, et fissa, sinon c’est la cata / J’en ai rien à cirer / Ils nous mentent / On veut nous enfermer, ça jamais ! / Et mon commerce, comment je fais ? … bref peut-être pas « 66 millions de procureurs » mais des millions de doctes prescripteurs. Sachant que… en fait ne sachant à peu près rien sur les futurs développements de cette saleté de virus et de ses variants tous aussi affreux, on peut concevoir que « là-haut » ça navigue à vue – à courte vue, tel l’automobiliste dans un épais banc de brouillard. C’est un exercice difficile, on peut le dire. Au passage, saluons le Premier Castex et le judicieux casting qui l’a placé là pour jouer cette ingrate partition : dénué de toute aura, de tout charisme, il fait magnifiquement le job, « bos suetus aratro » – boeuf sous son joug tirant sa charrue, têtu, stoïque et sourd aux quolibets et aux rouscailleries. Cerise sur le milhassou, avec sa lente et rocailleuse élocution du Sud-Ouest il articule superbement : on a le temps de tout comprendre ! )
Mais bon… je voulais surtout pointer la tendresse des journaleux, leurs yeux de Chimène pour tout ce qui gueule, à gauche, ou à peu près, ou aux alentours. Le Monde nous avance 33.000 manifestants dans toute la France hier (moi j’ai lu un peu moins de 6.000 à Paris, y compris les teuffeurs et leurs camions pour rendre sourd, fâchés qu’on ose les punir pour sabotage des règlements sanitaires. Un peu plus dans la nuance, France-Info nous annonce une mobilisation en légère baisse… mais il fallait qu’ils tartinent, mordicus, et positivement ! sur ce patchwork de mécontentements, de refus des règles de vie en société, d’envie de tout casser et de sous-marins trotskistes. La Montagne auvergnate nous claque, elle, un titre « Plus de 700 personnes manifestent… » : DONC il y en avait moins de 800, sinon, bien évidemment… Comme quoi il aurait été également correct, mathématiquement parlant, d’écrire « Moins de 800… », mais non, on n’écrit pas les choses comme ça.
Au dessert, je vous livre le topo ronflant du porte-parole du collectif de teuffeurs Maskarade (*), qui résume bien la situation apocalyptique de ce pays, à l’issue de la manif (la manif parisienne, forcément) : « Aujourd’hui c’est le summum (**) de la convergence des luttes : loi sécurité globale, fichage, violences policières, monde de la culture et étudiants délaissés et en souffrance, sanctions trop élevées sur le monde de la free party ». Et il a oublié les Gilets Jaunes !
Tibert
(*) ironie des mots, à « Maskerade » on prône l’absence de masque.
(**) Hélas, après un summum ça ne peut, au mieux, que se maintenir ; plus probablement, décliner : c’est mathématique.