Touffeur et assomption

Je vais vous dire : il y en a trop. L’embarras du blogueur, à ne plus savoir où donner du clavier. On aborde, ces jours-ci, des thèmes d’une universalité, d’une profondeur… Mais, commençons léger… je reçois un mèl-spam, ce matin, d’une grosse marque d’électroménager, rachetée il y a quelque temps par la Fnaque. Avant de le poubelliser, je jette un cil au titre : « Donnez libre court à vos envies » . Court toujours ! c’est bien pour la poubelle, et zéro en orthographe.

Mengele… ici monsieur Z, Zemmour pour être complet, convoque la figure honnie du « docteur » d’Auschwitz et atteint le point Godwin en deux coups de gueule. Il proteste là de façon aberrante, déconnante, contre la circulaire Blanquer concernant les élèves en recherche d’identité sexuelle. Sur le fond, je le rejoins néanmoins pour considérer que si l’Educ’Nat’ laisse entrer dans les préaux les fervents du LGBT++, déjà qu’on a du mal avec la laïcité, le français et le principe d’Archimède, on a du souci à se faire ! Là-dessus j’ai entendu des énormités : une porte-parole d’En-Marche défendait cette circulaire – vu de ma fenêtre, c’est une génuflexion devant le lobby cité plus haut – textuellement, « Le rôle de l’Educ’Nat’ c’est d’accueillir tous les enfants dans leur diversité » ! Eh ben voilà ! l’éducation et la transmission des savoirs, allez hop, on oublie. On fait de la garderie, maintenant, de l’animation, et l’on se penche surtout avec sollicitude sur les quelques chers petits qui ont du blues à leur genre (la plupart du temps sous l’influence parentale, généralement la mère). Iront-ils aux toilettes filles, ou garçons ? voilà la question.

Autre chose : quel est le substantif pour le verbe assumer ? hein ? vous calez ? allez, un indice, en latin c’était adsumptio. Eh oui, le fait d’assumer, c’est l’assomption, sans majuscule. Les catholiques ont privatisé le terme pour y caser la montée supposée de la Vierge Marie dans la stratosphère, près de son fils, mais l’assomption, ce n’est pas prendre l’ascenseur, c’est quand on assume. Macronious, justement, souhaite notre assomption, veut que nous assumions notre part d’africanité… il paraît que « près de sept millions de Français sont intimement, familialement liés à l’Afrique » (d’où sort-il ces frauduleuses statistiques ethniques réalisées sous le manteau ?) Eh oui, examinons-nous le nombril : avons-nous bien assumé notre italianité, après les vagues d’immigration transalpine des années 50 ? notre portugaisité depuis les arrivées massives des concierges lusitaniens ? sans oublier notre polonaiserie due au déferlement des mineurs dans les années 30 ? S’agissant de l’africanité, on assume, on assume, ça je peux vous l’assurer.

Tibert

PS – Je découvre un article utile, tonique, courageux dans La Montagne, et ça change agréablement du rugby et des footeux de Clermont-Ferrand. Tenez, c’est ici, c’est à propos de la sortie d’un livre de Richard Malka, l’avocat du procès de Charlie : « Le droit d’emmerder Dieu » . Tout, ou presque, est dans le titre.

Les pâtons et l’espace inattendu

( Le Parigot titrait hier sur la prochaine clôture – fin octobre – des terrasses estivales à Paname : « Terrasses estivales, vos jours sont comptés (…) Ci-joint le détail des demandes d’installation de terrasses estivales (…). Comme imaginé, on y constate un engouement des professionnels, mais aussi une transformation de l’espace public inattendu. » A lire ce truc, et si l’on est syntaxiquement à cheval, c’est inattendu : c’est l’espace public qui est inattendu ! Bof, c’est pas grave, le journaleux fait ce qu’il peut ; le lecteur s’adapte, rectifie, « … une transformation inattendue de l’espace public » : ça le fait mieux comme ça, pas vrai ? )

Mais autre chose : le concours annuel de la Meilleure Baguette (de pain, précision utile) de Paris a, cette année, donné lieu à une embrouille malvenue… rappelons que le vainqueur de ce concours bénéficie d’une forte aura, et approvisionne l’Elysée en baguettes fraîches pendant un an. L’Elysée, ce n’est pas deux baguettes pour le p’tit dèj’ de Manu et Brigitte, c’est un gros-gros marché ! Bref, le vainqueur cette année est d’origine nord-africaine et s’appelle Makram Akrout. Très bien… mais d’aucuns ont déterré sur son compte Fesse-Bouc des propos carrément islamistes, genre … les infidèles, ces chiens, indifférents aux moqueries envers Allah… Evidemment, dans un pays laïc, ça fait désordre, c’est comme de cracher dans le pétrin, et l’on a retiré à monsieur Makrout les livraisons à l’Elysée. Les sites du style Gaulois-de-souche s’en donnent bien sûr à coeur-joie sur le sujet… qu’en dire ?

J’ai déjà voté clairement pour qu’on distingue l’homme et son oeuvre : Polanski le metteur en scène et son dossier de moeurs, Céline la plume et l’antisémite acharné, Einstein le physicien et le très piteux père, etc. Idem, le boulanger de Pagnol était cocu, ah ah très drôle, mais ça ne l’empêchait pas d’être un maestro de la boulange. Restons cohérent : monsieur Makrout – qui clame qu’on a piraté son compte Fesse-Bouc – a peut-être, peut-être pas (l’histoire le dira) écrit ce qui est rapporté là, et qui est stupide, indigne. Il n’est certes pas question de se faire cracher à la gueule par des fanatiques et de dire merci ! mais de laisser au boulanger – après une bonne séance de mise aux points sur les « i » – le bénéfice du doute, comme on dit. Il est effondré, cet homme, de ce qui lui arrive, et je suis persuadé… a) qu’il va sérieusement réviser son rapport à Fesse-Bouc, ce truc ouvert à tous les vents mauvais ; b) qu’il va devenir nettement plus taciturne sur certains sujets ; c) qu’il reste un excellent boulanger.

Tibert

Mort un dimanche de pluie

C’était un film pas marrant sorti en 1986. De Joël Santoni, d’après un roman de Joan Aiken. Rien qu’au titre, c’était le scénario prémonitoire – 35 ans d’avance – d’une mort de ce matin. Cerise sur le Forêt-Noire, c’était le lendemain d’une Nuit Blanche (*) : ça coche toutes les cases, si l’on peut dire. On va certainement trouver à monsieur Tapie bien des qualités posthumes. C’était un… un homme, un vrai, quitte à fâcher certain.e.s 😉 féministes. Un de moins en plus, ou inversement. Il est mort ce dimanche, sinon demain lundi ç’aurait été un jour plus vieux.

Allez, autre chose d’aussi sinistre, mais sur un registre autre que d’Etat Civil : selon un article du Monde, il y aurait eu « entre 2.900 et 3.200 pédo-criminels dans l’église catholique depuis 1950 » . Soit environ une quarantaine par an, moins d’un par semaine. C’est somme toute un chiffre modéré… non, je blague, là. C’est affreux. Mais soyons clair : étant tombé tout petit dans la marmite calottine, bons pères, catéchisme et tutti quanti, je puis témoigner être passé physiquement indemne au travers. Non que toutes ces années m’aient laissé un souvenir uniformément souriant ; comme Obelix j’en suis d’ailleurs sorti dispensé à vie. Mais j’ai eu affaire à des éducateurs et des religieux irréprochables dans leur comportement, certains remarquables. C’est normal, c’est bien le moins, certes, mais c’est un petit bémol dans le concert prévisible des opprobres. J’ai le droit de le mettre au pluriel : des opprobres (n.m.) ; c’est un nom commun, pour une détestation pas commune.

J’ajoute que si les femmes étaient plus aux manivelles dans les structures de cette entreprise, on aurait des statistiques bien meilleures. S’entêter à considérer, deux millénaires après J.C., que seuls les mâles peuvent accéder aux fonctions haut de gamme, c’est débile. Vous me direz, les Talibans sont aussi stupides ! c’est ma foi vrai.

Tibert

(*) Très parisienne, la Nuit Blanche : déjà que les voisins sont pénibles, que les su-per-bes vieux parquets haussmanniens sont grinçants au possible, que les doubles vitrages laissent quand même passer les pétarades des motos et autres mouches-à-merde Déliveuroue, qu’on a du mal en temps normal à trouver le calme et le sommeil, la mairie en remet une couche ! Quelle sollicitude envers les fêtards noctambules !