( La maire de Paris, madame Hidalgo, en a marre des trottinettes en libre service (en « free floating » , écrit dans un thouïtt son adjoint Belliard , qui cause français en rosbif). C’est vrai, zut quoi, elle est obligée, sortant de sa mairie, de les enjamber, renversées comme des quilles, ça fait désordre, pas propre. On en trouve n’importe où, de ces engins, en vrac, dans les caniveaux… et puis les utilisateurs se conduisent comme des sauvages ; il y a déjà eu des morts. Du coup, remontée comme un coucou, elle va lancer un vote citoyen (une votation, disent les Suisses, qui s’en servent infiniment plus que nous, et ils ont raison) pour savoir si les Parigots sont d’accord avec elle ou pas. A ce propos, elle veut aussi instaurer un code de la rue… pour fixer qui fait quoi et comment : je ricane tristement ! Un jeu de règles de plus, et qui restera lettre morte, comme les autres. Vous savez quoi ? écrire que tel truc est interdit, tel autre obligatoire, les trottinettes à deux, les couloirs de vélo, le gilet orange, gnagnagna… c’est comme pisser dans un violon pour jouer la Chaconne en ré mineur de Bach : ça ne suffit pas. Il faut les faire appliquer, les faire respecter, ces règlements : information, éducation, pédagogie, et sanctions. Sinon ? sinon, rien, ça continue comme avant. )
Et puis je lis dans Le Monde International : « Covid-19 : la Chine suspend la délivrance de visas pour les Japonais et les Sud-Coréens » . La délivrance… the delivery, en rosbif. C’est aussi, notons-le, lors d’un accouchement, l’expulsion du placenta ; et puis Délivrance c’est le titre d’un excellent film de John Boorman, mais en anglais c’est deliverance, et non delivery : la fin d’une contrainte pénible, non le scooter pétaradant qui vous apporte une pizza molle et tiédasse… En fait, le Monde Diplomatique veut maladroitement signifier, là, en sabir anglophone, que la Chine suspend la livraison de visas, la fourniture de visas, l’octroi de visas.
Tiens, l’ octroi ! on l’a oublié, celui-là. Mot-Janus à deux visages, donner (octroyer) et prendre (l’octroi comme impôt). Honneur à l’octroi, donc, avec un p’tit bout d’un poème de René-Guy Cadou, dans son recueil Hélène ou le règne végétal :
Je n’irai pas tellement plus loin que la barrière de l’octroi,
que le petit bistrot tout plein d’une clientèle maraîchère…
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