On sait combien les Français – du moins ceux que les médias veulent bien nous montrer – disent assez unanimement « comprendre la colère (mais…) » des djeunes qui cassent, incendient, agressent et pillent ces derniers jours. Eh oui, ils sont « en colère » , voyons ! et donc il semblerait que ça justifie pleinement toute violence : c’est la colère !
De l’autre bord de la Grande Bleue, en Tunisie, se déroulent aussi des actions très dures : les habitants de Sfax manifestent, violemment donc, contre la présence mal perçue, mal supportée – insupportable – des migrants sub-sahariens, fort nombreux. Eh oui, Sfax, tel Calais pour les migrants candidats à l’Angleterre, est un un bon point de départ (un « spot » diraient les surfeurs) pour tenter de naviguer dangereusement et illégalement vers l’Eldorado, l’Italie en l’occurrence. Le Monde titre là-dessus : « Déferlement de haine à Sfax contre les Subsahariens » .
Il se trouve en effet qu’à Sfax un Tunisien a été poignardé à mort par des migrants : de graves heurts s’en sont ensuivis. Je vous invite à lire ce qu’en dit Le Monde : ça ne rigole pas, là-bas. Mais imaginons que je reprenne le chapeau de l’article, que je change quelques détails, et je vous annonce : « Déferlement de haine à Nanterre contre la Police, les commerces et les institutions de la République. Après la mort d’un jeune Français d’origine maghrébine, tué par un policier... » . Haine contre colère, n’est-ce pas ? Le Monde-de-la-Bonne-Pensée écrit « haine » , pas « colère » , et ce n’est pas anodin. La haine, c’est vilain, pas beau, et nous devons comprendre que les Tunisiens de Sfax sont coupables de racisme, de s’en prendre à de braves et malheureux migrants ; à Nanterre en revanche c’est de la (juste) « colère » , qui autorise la casse et le pillage. Un mort (de trop) partout, la balle au centre, mais pas avec les mêmes mots. C’est ça le journalisme, coco !
Quand on brûle des mairies, des écoles, des médiathèques, des bureaux de postes, quand on cherche à tuer des flics, j’incline malgré tout à penser qu’il y a comme de la haine là derrière, ou là dessous, voire carrément à ciel ouvert ; la haine de notre pays, de sa culture, de son histoire, et de son mode de fonctionnement. En tout cas, ça y ressemble bigrement.
Tibert