Ad libitum : tant qu’on veut

Deux perles… l’une dans Télérama, un résumé du film « La course à l’échalote » (avec un seul t) : « Le fondé de pouvoir n’a d‘autre alternative que de les poursuivre et de leur reprendre son bien avant le retour de son patron » . Eh non ! il n’a pas d’alternative du tout, le fondé de pouvoir ; sinon une première possibilité aurait été énoncée. L’alternative, c’est « ou bien » … « ou bien » . Une alternative à cette formule bancale ? « le fondé de pouvoir n’a d’autre solution que de… » , par exemple.

L’autre, un commentaire d’un lecteur du Monde (on sait combien ce canard est enchanté de l’immigration) à la suite de cet article, traitant des supposés errements de monsieur Retailleau sur la question : « La migrolâtrie n’est qu’une socialisation de pulsions suicidaire. Elle relève de la psychiatrie » . Je laisse à ce lecteur la responsabilité de ses dires, mais avouez, c’est joliment tourné !

Mais, passons au plat de résistance… toujours dans Le Monde, on sonne le tocsin pour le régime de retraite des fonctionnaires hospitaliers et territoriaux… il y a le feu, la dette accumulée par la caisse de retraite pourrait devenir « létale ». Létale : mortelle ! Je ne vais pas m’appesantir sur les hospitaliers, j’entends partout parler de pénurie, de manque chronique de personnel, gnagnagna… bon. Mais voyez les causes avancées à cette situation tragique: il y a beaucoup de femmes, là-dedans… elles vivent plus longtemps ! pire, elles bénéficient souvent de départs anticipés à la retraite, histoire de peser un peu plus. On compte 1,46 cotisant par retraité, très insuffisant donc.

Je n’aurai pas la cruauté (mais si, mais si !) de vous remémorer ce bouquin décapant sur le surmenage 😉 qui sévit ici et là dans la fonction territoriale : « Ab-so-lu-ment débordée » : le constat, c’est que ce statut, qui nous coûte un bras, héberge des tas de gens qui pourraient s’occuper beaucoup plus utilement ailleurs ! Quant au régime des fonctionnaires… en a-t-on besoin, pour débroussailler les talus au bord des voies communales ? pour faire tourner une cantine scolaire ? c’est « régalien », les cantines scolaires ? Mais que voulez-vous, ça fidélise les électorats, le maire se crée des obligés, on renvoie des ascenseurs… quant aux conséquences, eh bien voilà : ils sont trop nombreux pour le boulot qu’il y a, ils partent trop tôt, ils vivent trop vieux, ils coûtent trop cher. L’article du Monde ne le dit pas aussi rudement, mais c’est, je crois, un assez bon résumé.

Tibert

Cynisme et boulettes

« Le droit de retrait n’est pas constitué puisque si le danger est réel et grave, il n’est pas imminent étant donné que la situation perdure depuis novembre 2023 » : c’est pas beau, ça ? presque aussi cynique que du Chirac, « les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » . Je vous parle de ce collège – c’est Mallarmé, Gustave, qui le patronne (*) – du XIII ème arrondissement de Marseille, les quartiers Nord, donc, où les enseignants ont exercé leur droit de retrait, suite à des impacts de plombs de chasse sur les fenêtres. Meuuh non, dormez braves gens, et au boulot les profs ! se défend la hiérarchie : ce droit de retrait n’était pas légitimement fondé, puisque le danger n’était pas imminent, mais déjà là depuis 10 mois ! C’est bien trouvé, finement argumenté ; et l’on a bien avancé, là, dans le traitement du problème.

Mais j’ai d’autres perles à faire luire…. je suis allé chez BFM, l’émission vespérale de monsieur Brunet (**)… on y traitait du meurtre affreux de cette étudiante, Philippine, par un présumé étranger de 22 ans sous OQTF après un premier viol – en 2019, et il était présumé mineur – jugé et condamné en 2022 à 7 ans de taule, libéré au bout de 5 ans en juin 2024 : « bonne conduite » , donc : ces remises de peine sont quasi automatiques. Se trouvait entre autres sur le plateau de l’émission, une Cheffe du Syndicat de la Magistrature – disons le SM, rien à voir avec le saso-mado – invitée là manifestement pour justifier l’action de la Justice dans cet affreux ratage, et notamment la décision du collègue qui avait remis en liberté le suspect, peu de temps avant qu’il récidive et trucide une quidam qui passait par là. Clairement, c’était une très mauvaise décision ; malheureuse, si vous voulez, ou erronée, malencontreuse, mortifère, funeste, rayez les mentions inutiles.

Bref, dans le débat, madame du SM argumente, explique que la prison, c’est le dernier recours ! la Loi le stipule expressément, on sait maintenant pourquoi ça coince à construire de nouvelles prisons. Surtout pas la prison, si l’on peut punir autrement, voire symboliquement, ou pas du tout ! Mais remettre le malfrat, le criminel, dans le droit chemin, ça oui, le reprendre en main, réinsérer, tout ça, mais c’est un gros problème, pas assez de moyens… structures saturées, gnagnagna… et les violeurs, ah la la, on sait ça, pas trop d’espoir qu’ils s’amendent : « le résultat aurait été le même s’il avait été libéré au bout de 7 ans » , balance-telle. Dans l’aréopage des présents, personne ne bondit…

Mais nom d’une pipe ! Sept ans, ça remettait le tueur dans la nature en 2026, donc Philippine serait aujourd’hui en pleine forme, sauf accident de trottinette ou intoxication au restau-U. C’est dingue d’entendre des choses pareilles. L’évidence, que le SM planque soigneusement, que la Loi a laissée en chemin, c’est que la prison, ou toute autre solution de vraie mise à l’écart, a pour but premier de protéger la société. Quand on est physiquement empêché, c’est très simple : on ne peut pas nuire, cogner, occire, dépouiller, violer.

Reste au juge qui a signé l’élargissement du meurtrier, à s’excuser humblement, publiquement de son erreur, ce qu’il ne fera pas, bien évidemment. Anonyme, furtive et irresponsable « boulette » administrative ; on a « appliqué la loi » . Le pire, c’est qu’on a précisé, lâchant ce violeur dans la nature, qu’il restait dangereux ! Au Japon, on se fait hara-kiri pour des trucs bien plus bénins.

Tibert

(*) Je demande à ton lit le lourd sommeil sans songes
Planant sous les rideaux inconnus du remords,
Et que tu peux goûter après tes noirs mensonges…

Plus personne ne lit ce pauvre Gustave : hermétique, pénible, relou ! on bosse les classiques du rap, maintenant.

(**) Talc-chaud plutôt bien fichu, on y débat assez au fond des sujets, ça argumente sans trop de cacophonie, à la différence d’autres plateaux (Praud, notamment) où les invités ont leur rond de serviette et le brouhaha vite pénible.

Il a volé des cerises

Une idée farfelue… on sait peut-être – à regarder le journal d’Arte de 19h 45 vous en serez abreuvé – qu’à l’Est en Allemagne, grosso modo l’ex-RDA, le parti d’ « extrême-droite » AfD caracole en tête, ou quasiment, dans les urnes et et les sondages… Arte tartine donc sur les dangers de l’AfD (racistes, xénophobes…) au point que c’en est devenu un tic verbal. Sachant que l’Est, le point cardinal, se dit Ost en allemand, où iriez-vous chercher l’étymologie d’ ostracisme ? En fait c’est une histoire de bannissement, et plus bizarrement de tesson, de coquille d’huître – j’ai appris là quelque chose : figurez-vous que c’était sur des tessons de céramique que les citoyens écrivaient le nom de ceux qu’ils voulaient bannir… Mais bon, avouez, ça tenait debout : ost-racisme

Mais, soyons sérieux. Madame Tondelier – la Cheffe des comparses verts du NFP – arborant une veste vert-gazon anglais (*) nous régale et s’indigne des turpitudes du tout nouveau ministre de l’Intérieur, monsieur Retailleau. Figurez-vous qu’en 1997, il y a 27 ans, il aurait triché au jeu du Puy-du-Fou ! Ce n’était pas Intervilles, mais du même tonneau, donc vous imaginez… inadmissible, imprescriptible, indigne d’un ministre ! Dans le même ordre de gravité – cet aveu me coûte – j’ai souvenance d’avoir parfois utilisé des antisèches, dans mes années studieuses. Mais il y a prescription ! Savoir si Marine Tondelier – tiens, elle se prénomme Marine, elle aussi ? – dans sa jeunesse, n’a pas piqué un stylo-bille à la réception d’un hôtel, hein ? nobody’s perfect !

Pour finir, le récent ministre des Finances, monsieur Armand, semble n’avoir pas saisi la ligne de conduite du gouvernement Barnier : il s’est dit, je cite Le Monde, « ouvert à collaborer avec tous les partis, « pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain », auquel n’appartient pas le RN selon lui. C’est lassant, cet arc républicain, cette escroquerie sémantique floue : si le RN est hors-la-loi, on le dissout ! sinon, qu’on l’apprécie ou le déteste, c’est un parti valide, républicain, au même titre que les autres. Donc monsieur Armand, qui n’avait pas compris : humilité, pas de sectarisme, respect… s’est fait remonter les bretelles, c’est bien normal, et finalement il ne va pas snober le RN. Monsieur Attal le disait fort bien : « l’arc républicain, c’est l’hémicycle » ! soit 180 degrés, ou π = 3,14159…. en radians, si vous y tenez.

Tibert

(*) Jamais de fringues vertes quand on est sur un plateau télé ! c’est la couleur du fond de détourage des images, qui permet par exemple au météorologue de service, bien au chaud sur son plateau, de sembler se mouvoir devant un champ de coquelicots.

Le pilulier du dimanche matin

C’est traditionnel : monsieur, en survèt’, est allé chercher des croissants au beurre (*) à la boulangerie, et l’après petit-dèj’ est consacré au pilulier… découpe, concentration, cases à garnir… on referme la boîte, soupir d’aise. De quoi se shooter, donc, au long de la semaine, sans rien oublier, ni l’anxiolytique ni le fluidifiant intestinal. Belle invention, le pilulier !

Mais, trêve de fadaises ! Le 22 septembre, aujourd’hui, on ne s’en fout pas : il y a au menu du mansplainage (… ing, en rosbif), et un nouveau gouvernement. Sur ce dernier, très et longtemps attendu, je note deux choses : selon Greenpeace et le WWF, qui dictent la Bonne-Pensée décarbonée, ce lamentable montage tient toujours du « vieux monde » : « laisse présager le pire » , « inquiète » , « l’obsession du nucléaire en guise de boussole écologique » … ils sont tristes et inquiets, ces deux phares de la pensée écologique, et ma foi ça me ragaillardit. Je ne sais plus quel illustre homme politique – Mao ? – énonçait que si ses adversaires rouspétaient, c’est qu’il avait bon. (**).

Et sur ce même gouvernement, si fragile, il se dit que madame Le Pen le tient « à sa main » , situation affreuse : eh oui, pensez, il suffit qu’elle décide de le censurer, s’alliant opportunément avec les LFI et subsidiaires, et paf ! censuré. Sans doute, mais c’est présenter les choses de façon partiale : c’est d’abord parce que les LFI, etc… ont le doigt sur la gâchette, quel que soit le sujet ! si madame Le Pen est en position de jouer l’arbitre, c’est parce qu’en face on demandera obstinément la censure, butés, hostiles : destructeurs.

Mais passons… un dernier truc : pour les mâles progressistes et qui se soignent, la feuille de route (j’ai pensé intituler ce billet « feuille de (bi)route » , mais c’est de mauvais goût). Libération publie donc cette recette salvatrice en 10 points – on peut compter sur ses doigts – propre à faire d’un sale macho un individu fréquentable. Tout ça vient, notez bien, des remous de l’affaire de Mazan, ces 51 présumés violeurs d’une femme assommée de barbituriques par son mari. La thèse, en gros, c’est que ces présumés salauds, c’est Paul Dugenou, c’est nous tous, les mâles, coupables de nos testicules. Soignons-nous donc, mes frères, et suivons la route de la feuille.

C’est moralisateur en diable, vous verrez ça… mais juste un bémol : ladite feuille nous sort du mainsplainer. J’ai été voir sur le Houèbe le sens de ce néologisme anglo-moche : mainsplainer, verbe du premier groupe, ce serait le fait, pour un homme, d’expliquer des trucs de manière condescendante à une femme, la prenant donc, grosso modo, pour une conne : forcément, c’est une femme ! Tenez, un exemple typique de suffisance mâle (mâle-splaining ?), sur ce site : « Celui qui m’explique les bourses alors que je suis assistante sociale au CROUS» . Je vous laisse méditer sur ces « bourses » : ce pourrait être en fait un simple malentendu.

Tibert

(*) L’achat des croissants le dimanche matin, c’est comme le barbecue, eh oui madame Rousseau : un privilège mâle. On se demande d’ailleurs par quelle aberration l’on peut proposer à la vente des croissants sans beurre ! imaginez un boeuf bourguignon sans vin rouge, une pissaladière sans anchois…

(**) Aphorisme symétrique : « Si mes ennemis applaudissent, je me demande quelle connerie j’ai pu faire » .

Les pires, en plus mauvais

Deux entrefilets qui interpellent, quelque part, comme on disait jadis pour faire intellectuel :

a) Dans Ouest-France, l’amertume des électeurs de gauche. Eh oui, ils semblerait qu’ils soient amers (et non qu’ils soient ta mère : ça s’entend identiquement, mais le contexte permet de lever aisément l’ambiguïté). Ils ont tort, et là, manifestement, les ténors de la gauche-gauche leur ont bourré le mou, chanté victoire quand c’était juste un gros tiers face à deux plus petits tiers. Il faut donc composer, dialoguer, se concerter au lieu de se regarder en chiens de faïence, prétendre imposer ses diktats… et le canard de pousser le bouchon : « avec une assemblée qui compte deux tiers de députés au centre et à droite, le député médian est, en réalité, plutôt à droite » . Bref : un gros tiers, c’est un assez joli résultat pour une sensibilité minoritaire ! pas de quoi être amer. Et l’électeur de gauche peut dire merci au « front républicain » , cet éphémère rempart tactique anti-RN, sans lequel ç’aurait été nettement moins flatteur.

b) Il se dit – exemple, le Parigot, mais ailleurs aussi – que « Michel Barnier envisage d’augmenter les impôts » . Diantre ! pour parler poliment. Et cet autre article, où l’on chante exactement la même antienne : effort, retour à un déficit correct, gnagnagna… eh bien je vais vous dire : c’est désespérant, ce pays est déjà le champion des impôts toutes catégories confondues. Devant la Belgique et l’Autriche. Et malgré ça, les services publics rétrécissent à vue d’oeil, les salariés pleurent leur minable pouvoir d’achat, la police crie misère, la justice travaille avec trois bouts de ficelle… où passent ces sommes astronomiques, ce « pognon de dingue » que ponctionne le très efficace ministère des finances ?

C’est simple, c’est comme les vétustes canalisations d’eau sous la chaussée : ça fuit de partout… sauf que là ce n’est pas perdu pour tout le monde : ça doit bien irriguer, « quelque part » . Mais qui, là-haut, aura enfin le courage de lever le couvercle de nos dépenses indues ? de nous dire où ça fuit ? parce que ça fuit, pas d’autre explication. Nous avons entre autres un bon millier de « Comités Théodule », ruineux et inutiles, pour la plupart. Débrancher par exemple le Haut Conseil à l’Egalité des Chances dans les Ehpad affectera-t-il le fonctionnement de notre société ? c’est à essayer…

On pourrait au moins aller voir comment font les autres, qui taxent moins sans que ça aille plus mal. Un peu d’humilité ne nuit pas. Tenez, un truc tout con… les grosses bagnoles immatriculées en Pologne, que l’on sous-loue chez nous en toute impunité avec une vague photocopie de permis, payable en liquide, et qui ravagent nos rues de banlieue… on se lamente, on lève les bras au ciel… chez les Belges, elles sont interdites, hors-la-loi ! On est plus mauvais que les Belges.

Tibert

Au faciès, bien entendu

( Les Britanniques vont nous prélever environ 12 euros, 10 livres, pour nous remercier de leur rendre visite. C’est en fait un péage, du doux nom de « ETA » , valable deux ans… c’est leur droit, n’est-ce pas, vu qu’ils ne sont pas dans l’UE ; de plus, ils ont cruellement besoin de fric. En fait c’est tout simplement du racket, et je m’étonne que ça ne fasse pas plus de vagues : qui, à la Commission de Bruxelles, une fois, a réagi à cette mesure scélérate ? on va laisser faire ça ? le bon sens suggère d’instituer une mesure symétrique envers les Grands-Bretons. Voyons-voir, donc, si de ce côté du Channel on a un minimum de fierté… )

Et puis on enfonce des portes ouvertes, au Figaro, à propos de faciès – le gros mot est lâché. On sait que la gauche radicale se gargarise et s’étrangle d’indignation à propos des « contrôles au faciès » , arguant que les flics vérifient les papiers des d’jeunes à capuche et baskets nettement plus souvent que ceux des mémères en pantoufles qui font leur marché, cabas en mains. Faciès est devenu un gros mot, alors que c’est un innocent synonyme de « visage » . Eh bien, le député Ruffin parle, dans le Figaro, de ses états d’âme : chez LFI, on a un discours « au faciès » , et pas dans le même sens que les flics ! Je vous cite un bout du papier :

« François Ruffin reconnaît avoir mené aux législatives de 2022 une campagne au «faciès», et communautariste : mettant en exergue la figure de Jean-Luc Mélenchon quand il s’adressait à un électeur «noir ou arabe», mais en la cachant «dès qu’on tombait sur un blanc». Une attitude dont il a «honte» aujourd’hui » .

Il se trouve que madame Rousseau, Sandrine – encore elle : elle excelle à occuper le terrain, même au Figaro – contredit Ruffin : « les tracts étaient les mêmes partout, il n’y a pas eu deux tracts pour deux quartiers différents». Certes ! évidemment, bien entendu ! On voit mal le militant LFI, muni de deux piles de tracts, puiser à droite ou à gauche en fonction du « faciès » du clampin qu’il tente d’évangéliser. Madame Rousseau se fiche du monde, là : dès qu’on accroche le chaland avec son bout de papier, dès qu’il est possible d’engager un dialogue – c’est en général le but de la manoeuvre – on a tout loisir de mettre l’accent sur ceci, cela, sur Dugenou le grand Leader qui défendra le peuple de gauche et les quartiers, ou l’ignoble facho Schmoldu qu’il faut battre, absolument.

Somme toute, quand on tracte, il importe d’être physionomiste : en clair, savoir différencier les gens, pour leur parler de ce qui les intéresse et les concerne. C’est du militantisme au faciès, littéralement, et c’est bien normal. Reste à discuter des visées, claires ou sournoises, citoyennes ou subversives, des tracteurs : c’est ça, le vrai sujet du papier !

Tibert

Des dangers de l’art

( Notre brillantissime ex-Président Hollande déclare : « J’aurais nommé un premier ministre qui correspondait au front républicain » . Ah bon… on passera sur l’inélégance du « …qui correspondait » ; « qui correspondît au » ou « correspondant au » sont corrects et sonnent mieux : c’est juste un énarque, pas un prof de lettres. Mais précisément, ce « front républicain » , cache-sexe d’un front anti-RN, qui a permis à une bande subversive et braillarde de revendiquer la victoire, c’était du fous-y-tout, du carpe-lapin-bicyclette mal ficelé : on a vu un Gabriel Attal adouber les LFI comme tout à fait fréquentables, quand Edouard Philippe n’en voulait pas plus que du RN… Bref : qui ? il se garde bien de nommer ses premiers ministrables, monsieur Hollande ; il n’en dit pas assez, ou plutôt, trop : il perd une superbe occasion de se taire. Les journaleux n’ont-ils rien de mieux à faire que d’aller le solliciter ? )

Et puis cette histoire navrante d’un graffeur, un « artiste » , nous dit le Monde. Ce type est allé, en compagnie de deux autres écervelés immatures, taguer des rames de métro en Azerbaïdjan. Résultat « artistique » à l’appréciation de chacun ; monsieur Lang, Djack, trouve ça beau… rappelons-le, le graffiti est illégal chez nous (tu parles ! quasiment jamais puni), moche, envahissant, angoissant : un saccage des espaces urbains et du paysage. Il se trouve que c’est également illégal en Azerbaïdjan, et qu’ils appliquent la loi, là-bas, contrairement à nous (*). Conclusion, le pauvre gars est en taule à Bakou. Il l’a cherché ? il l’a cherché.

Cerise sur le loukoum, nos relations diplomatiques avec ce beau pays sont exécrables en ce moment. On se souvient de la main azerbaïdjanaise dans les émeutes récentes en Nouvelle-Calédonie ; on a de plus un superbe contentieux à propos de l’Arménie. Bref : ça craint ! Il se trouve que les deux comparses, anglophones, de notre illustre graffeur ont eu droit à de simples amendes, eux : c’est pas juste ! clame son avocat. Peut-être, mais c’est comme ça, dura lex sed lex. Rayons donc l’Azerbaïdjan de nos projets déraisonnables de voyages ; si toutefois nous persistons bêtement à y aller, rasons-y les murs, au lieu d’entreprendre connement de les peindre, prétendument pour faire jouli.

Tibert

(*) à Singapour aussi, on applique la loi, et sans faiblesse (« il a eu une enfance malheureuse » , « bof » , « pas que ça à foutre » …) ; pire, il peut même y avoir des coups de canne en prime. Singapour n’est pratiquement pas affligé de graffiti.

Sauf interdiction expresse

( Cette histoire qui soulève la colère unanime des bonnes âmes : une enseignante de maternelle frappe une gamine de trois ans, un p’tit bout d’chou, laquelle se met évidemment à hurler : la France est en émoi ! affaire d’état, l’ex-ministre compétente va suspendre la fautive… on n’a que ça à traiter, comme gros sujet ? la coupable a sans doute pété une durite, vu le comportement de la gamine. Bon….des fois on est à cran, ça part avant d’avoir pu y réfléchir ; on se maîtrise, que diable ! après, on s’excuse, on rétropédale ce qu’il faut – d’ailleurs on regrette ! mais que ça aille sur le bureau de la ministre, tout de même, on a perdu tout bon sens, ça devient indécent. Il fut un temps (que les moins de vingt ans, etc etc…) où une baffe du maître, une oreille tirée, un coup de règle sur les doigts valaient mesure éducative ; je me souviens y avoir eu droit, ça ne m’a pas « trop matisé » . En général, on sait pourquoi ! )

Mais la colère, justement ! Très tendance, la colère. On est « en colère » , contre Macronious, contre les institutions, contre son chef, contre… C’est bien connu, c’est une mauvaise conseillère, la colère, et puis c’est mauvais pour la tension, stress, gestes irréfléchis… mais ça légitime tous les débordements, qu’on casse, qu’on saccage : forcément, quoi… on est en colère ! Le type qui, à l’aube et à Grenoble, au volant d’une grosse cylindrée sous-louée à un sous-loueur de loueur de bagnoles immatriculées en Pologne (ça évite les prunes automatiques, et c’est moins cher), emboutit la caisse du type qui stationne devant : ça le met en colère ! comprenez-le : ce n’était pas prévu, c’est énervant. De plus, voilà qu’un quidam extérieur à l’affaire s’en mêle ! on lui loge deux pruneaux dans le buffet. Non mais… c’est vrai, quoi… pfff… après, on se calme, évidemment.

Il se trouvait en fait que c’était un type peu recommandable : multi-récidiviste, violences, gnagnagna… et il avait un flingue ! pas normal, ça : on lui avait justement INTERDIT de détenir un flingue jusqu’en 2028. Je cite Sud-Ouest : « Jugé en août 2023 pour ces violences, il avait écopé d’une peine de quatre mois de prison assortie d’une interdiction de détenir une arme pendant cinq ans » . C’est un truc que j’ai du mal à comprendre, là : je pensais que, par défaut, aucun citoyen n’était autorisé à détenir une arme ! sauf {liste limitative des personnes autorisées : chasseurs, tireurs sportifs, agents de sécurité, flics…}. Alors, si on ne me l’a pas interdit… je peux aller m’acheter mon flingue ?

Tibert

Il a vendu du beurre aux Allemands

( L’immense Olivier Faure, le Chef-PS que le monde nous envie – un poil moins charismatique que Benoît Hamon, mais la barre était haute 😉 – déclarait il y a deux jours, s’agissant des efforts de casting de monsieur Barnier : « aucune personnalité du PS n’entrera dans son gouvernement » . On prend bonne note, et… à vérifier, sous peu !)

Ceci étant, hier monsieur Mélenchon, remonté comme un coucou – dame, on n’arrête pas de le contrarier ! – a clairement annoncé que ça va canarder dru, donc des motions de censure en rafales, ce qui n’étonnera personne. Mais je reviens sur une de ses piques, adressée au nouveau premier ministre… je cite Le point : … (…) puis il a évoqué le vote, en 1981, de Michel Barnier contre la dépénalisation de l’homosexualité. « On vous a imposé un homme qui a refusé la première des formes de l’égalité : celle de l’amour. Car l’orientation sexuelle n’est pas un choix tandis que l’amour est une aptitude. ». C’est beau, non ? l’amour est une aptitude ! quel tribun ! Donc, monsieur Barnier, il y a 43 ans – il avait 31 ans – avait en effet voté contre « la dépénalisation de l’homosexualité entre adolescents consentants » (le lien cité ici vous décortiquera la chose ; messieurs Chirac et Fillon avaient voté de même, et jamais personne n’a remonté cette vieille querelle à leur encontre). Bien… et donc ? et donc, supposez, vous vous souvenez, ou l’on vous fait souvenir d’avoir dit ou fait une connerie, il y a de ça 43 ans : vous êtes foutu ! bon à jeter, perdu pour l’humanité.

Si je reprends par exemple les déclarations ou positions mélenchonesques de jadis, y trouverai-je la même cohérence, la même continuité de pensée, au fil des lustres, qu’il impute à monsieur Barnier ? voyons voir… le très laïcard Mélenchon, en 2010, à propos du voile islamique : « Je considère que c’est un traitement dégradant, et je considère que c’est une provocation d’un certain nombre de milieux intégristes contre la République. Et par conséquent, la République a gagné, et elle va gagner encore une fois : ça sera interdit ». mais très récemment, critiquant l’interdiction du port de l’abaya à l’école : « Tristesse de voir la rentrée scolaire politiquement polarisée par une nouvelle absurde guerre de religion entièrement artificielle à propos d’un habit féminin ».

Ah ? il aurait évolué, lui ? eh oui, il a évolué. C’est bien normal, il avait des convictions qu’il n’a plus, ou bien il a d’autres visées, électoralistes par exemple ; ou bien il a vieilli, perdu ses repères, revu sa position sur l’islam, il va se convertir… il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis, c’est bien connu (et je n’en démordrai pas !).

Tibert

Rien faire ou mal faire

C’est assez simple, je peux vous causer de ce que je veux, rien n’y fait. UN SEUL sujet vous occupe ! trouver l’introuvable premier ministre, qui ne serait pas flingué sur le champ par une combinaison quelconque d’au moins deux groupes parlementaires… ça ne se présente pas si mal, pourtant : au jeu de massacre de la censure, aucun bloc parlementaire ne peut jouer tout seul. Tenez, ajoutez la carpe LFI et le lapin RN ? ça ne suffira pas à faire tomber Paul Dugenou, le nouveau premier ministre tout frais. Il faut 289 censeurs, 289 élus coalisés à bloquer le pays, na ! butés, fâchés, vexés… puisque Dugenou n’est pas de leur bande !

Bref on en est là : trouver un type incolore et inodore, qui n’aurait jamais insulté personne. Bon courage, les gars. Monsieur Hollande énonçait hier : « Parfois, il vaut mieux mal décider que ne pas décider » ; son expertise est d’ailleurs connue dans ces deux disciplines.

Mais la vie continue, ailleurs. Madame Hidalgo veut garder des dépouilles des J.O. pour faire jouli, pour égayer le paysage… idée sotte et grenue, laisser à demeure les anneaux olympiques multicolores sur la Tour Eiffel, à défaut d’y arborer une version méga-mahousse de la très moche phrygette. C’est malvenu : la Tour, ce treillis métallique brun, épuré, se suffit à elle-même ; inutile de surcharger. Et si madame la Maire veut absolument conserver ses anneaux olympiques pour se souvenir, qu’elle se les fasse tatouer : c’est très tendance, le tatouage. Sur le mollet, l’épaule, la hanche… où ça lui chante ! Le mauvais goût, c’est une affaire très personnelle.

Tibert