Fêtards tard

( Un peu de sinistrose… à Poitiers, ville naguère peinarde, un des « jeunes » impliqués dans une rixe de dizaines d’individus est mort… une balle dans la tête. A ce propos, la maire délicieusement écolo, madame Moncond’huy, a déploré le manque de moyens policiers, gnagnagna… exactement la même posture que l’autre édile, là, Piolle, à Grenoble, pour qui c’est juste la faute au manque de flics… il se trouve que le commissariat poitevin de la « Place de Coimbra » , détruit en 2023 lors des émeutes de triste mémoire, n’est toujours pas reconstruit ; pas même mis en chantier. Et madame la maire de déplorer les lenteurs administratives ! mais à Poitiers, au nom de la guerre à la bagnole, « ville apaisée » (vous connaissez l’antienne *) on éventre les rues, on emmerde les riverains pendant des mois, on dépense un pognon de dingue pour faire place au vélo-roi ; mais pour reconstruire un commissariat, bof… « la volonté politique, elle y est pas » , comme on dit familièrement. )

Ceci étant, le très celte Halloween rejoint peu à peu, chez nous, les occasions festives – Noël, la Saint-Sylvestre, le 14 Juillet… de brûler des bagnoles – ça en réjouit certains, et puis ça cadre bien avec la volonté « verte » de les éradiquer de notre cadre de vie – et accessoirement de collecter des bonbons. C’est le sens de la fête, vous voyez ? à ce propos, il y a tout de même des voix discordantes. Cet article du Parigot, tenez-vous bien, énonce qu’à Paris certains riverains de rues vouées à la « fête » (la fête des bistrots tard le soir) préfèreraient encore les voitures ! C’est que les terrasses sont devenues envahissantes, que les buveurs en groupe y beuglent sans modération et refont le monde jusque tard dans la nuit, et que dans les immeubles voisins on a du mal à fermer l’oeil.

On lit à cette occasion de pieux sophismes sur les « commerces » : madame la maire du X ème arrondissement, particulièrement touché par ce problème, insiste sur le fait que « nous sommes à Paris ». Vous voyez ? Paris, c’est pas pareil, on y a d’autres besoins existentiels que chez les ploucs. Et dans son arrondissement, « nous sommes plus équipés en commerces que le reste de la capitale. C’est très dense, c’est comme ça ». Les commerces ? traduire : les débits de boissons. Qui a vécu à Paris a pu constater qu’en guise de commerces on a pour l’essentiel des fringues et des chaussures, à gogo ! des galeries, des coiffeurs et des barbiers (**), des ongleries, des agences immobilières… essentiel, tout ça ! et puis les innombrables gargotes, bistrots, fastes-foudes, sandwicheries. Mais – à part les boulangeries, pas si rares – les crèmeries, drogueries, charcuteries, épiceries, fruits-et-légumes, poissonniers ? il faut chercher, marcher…

C’est ainsi que les « habitants » de Paris, ceux qui y travaillent, y font leurs courses et leur cuisine, ne passent pas leurs soirées à picoler aux terrasses des bistrots, dénoncent une politique laxiste de la municipalité, qui privilégierait le tourisme et la « fête » plutôt que la santé de ses habitants. Il y a bien des lois, qui encadrent les activités des limonadiers, les terrasses, tout ça, mais les lois… une fois publiées, on peut passer à autre chose : « Nul n’est censé enfreindre la loi » . C’est cool, non ?

Tibert

(*) Apaisée, vous dit-on : exception faite de quelques hordes de sauvageons qui terrorisent leurs quartiers et s’entretuent à l’arme lourde pour des histoires carrément hors-la-loi. Donc c’est du ressort exclusif du ministère de l’intérieur, pas de la mairie, trop occupée à bichonner ses pistes cyclables.

(**) La barbe supplante l’imberbe, c’est la mode râpeuse. Il faut donc des ribambelles de barbiers, ou mieux, de « barber shops » ; on y rase bien mieux.

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