(Je sais, je me fais rare. Des préoccupations, pas franchement à partager. J’aurais bien écrit sur le woke, les anti-woke et le wokisme : le Monde en fait ses choux gras, ces jours-ci, à grands renforts de Foucault, Derrida et autres Bourdieu : rien qu’à invoquer les mânes de ces trois illustrissimes sommités, on fait la génuflexion. C’est trop pour moi.
Mais il y a ceux qui ont fait Le Mont-Blanc par la face Nord, ceux qui ont fait le débarquement en Provence, ceux qui… qui auront assisté aux funérailles du papam François. Grosse organisation, et pas simple, il y a de la concurrence, planétaire ; il a fallu ramer, se cramponner. Mais on y est ; muni d’un périscope, juché sur un pliant déplié, sur les épaules d’un autre, le smartphone à bout de bras pour tenter d’immortaliser le passage de la boîte en bois – très simple, la boîte, c’était un pape modeste.
Il faut, sinon on sera venu pour rien, que le smartphone immortalise la chose : quand on va voir la Joconde au Louvre, on lui tourne le dos, pour faire un selfie. S’il n’y avait pas une cohue ahurissante, on ferait bien pareil, dos au cercueil de François. Avec un sourire « cheese » . La suite classique, c’est de faire savoir urbi et orbi, à ses followers, ses amis, sa famille, son fan-club, via Tique-toque, Unstagramme, Houate-sape… qu’on y était ! Avec des émoticônes, pour enrichir le message et pallier le manque de mots.
C’est ainsi qu’à Rome, ce matin, les flux 4G ou 5G des réseaux téléphoniques sans-fil vont peut-être péter les plombs, dans l’effort titanesque de retransmettre aux quatre coins de la Planète, en un laps de temps plutôt court, des instantanés au thème prévisible et unique, par centaines de milliers d’exemplaires.
Mon père disait : « Si la foule se bouscule à gauche, file à droite ! » : au risque de décevoir mes followers 😉 je ne serai pas à Rome pour enterrer François. D’ailleurs, seraient-ils quatre malheureux clampins à suivre le corbillard, façon funérailles de Mozart, je n’irais pas : je n’ai aucune envie de croiser Donald T. au coin d’une rue, et puis je n’aime pas le Requiem de Verdi.
Tibert, ailleurs.